Mes trois voeux pour 2012

L’exercice est en général convenu, parfois aux limites du supportable tant l’hypocrisie a tôt fait de suinter des discours traditionnels du mois de janvier, mais il fait partie de ces obligations auxquelles on ne saurait se dérober. Dans ces conditions, permettez-moi de satisfaire à l’obligation avec, soyez-en sûrs, sincérité et fraternité. À chacun et chacune d’entre vous, amis lecteurs et amies lectrices, à celles et ceux qui vous tiennent à cœur, que 2012 apporte santé, bonheur et réussite. Et que, sur un plan plus directement politique, elle nous délivre à tous l’espoir dont nous avons le plus grand besoin.

MON PREMIER VŒU sera pour espérer ”« un peu de printemps en mai »”, ainsi que me l’écrit, ce jour, fort joliment, un ami journaliste. Hier soir, Nicolas Sarkozy s’est posé en candidat à sa propre succession… Non sans nous annoncer, ayant fait miroiter comme tant de fois déjà la taxation des transactions financières, le énième mauvais coup de son quinquennat. Une loi de finances rectificative qui devrait, en février, nous valoir l’acquittement de cette TVA sociale qu’il cherchait sans succès à nous imposer depuis 2007, ce qui grèvera un peu plus lourdement le pouvoir d’achat des salariés. Le président de la République a toutefois prononcé deux phrases auxquelles nous ne pouvons que souscrire : lorsqu’il a indiqué que, cette année, ”« le destin de la France peut une fois encore basculer »” ; puis quand il nous a rappelé qu’”« il y a des raisons d’espérer »”. L’une et l’autre de ces maximes n’aboutissent-elles pas à une identique conclusion : débarrasser le pays de ce petit monarque dont l’unique ambition aura été de détruire nos plus anciennes conquêtes sociales autant que notre héritage républicain, au bénéfice de ses puissants amis qu’il avait fait symboliquement le choix de réunir au Fouquet’s le soir de son élection ?

MON DEUXIÈME VŒU consistera à nous souhaiter que la vague démocratique et sociale ayant balayé le monde arabe jusqu’aux dernières heures de l’année écoulée, s’invitant même au passage en Israël, trouve la force de bousculer ici des pouvoirs qui échappent de plus en plus aux citoyens, voyant des ayatollahs de l’ultralibéralisme conjuguer leurs efforts à ceux des émissaires de la finance pour vider de toute substance le principe de souveraineté des peuples. Bien plus que des processus électoraux, si importants fussent-ils, il faudra la mise en mouvement de la multitude, de la grande armée méprisée du travail et de la jeunesse, pour faire bifurquer le cours des événements et renverser la dictature, sournoise autant qu’impitoyable, que les marchés entendent instaurer sur l’ensemble de l’Europe. Ce tsunami populaire se cherche, de mouvements sociaux massifs et de grèves générales en irruption des « Indignés », à l’image de cet arrêt de travail qui, au premier jour de la nouvelle année, aura laissé à quai les trains portugais. S’il finissait par submerger les digues que la nouvelle aristocratie de l’argent tend à édifier pour le contenir – remarquez bien que ladite aristocratie se montre très consciente de cette force bouillonnante qui la menace, sa fuite en avant actuelle n’étant qu’une manière de garder l’initiative pour emporter ”in fine” la confrontation qu’elle sait déjà engagée -, nul doute que ”« le destin basculerait »”, pour paraphraser Monsieur Sarkozy.

MON TROISIÈME VŒU complètera les deux précédents. L’absence de perspective politique étant probablement l’hypothèque majeure que doivent lever les mobilisations, en France comme chez nos voisins, rien n’apparaît plus impératif que de hisser la gauche à la hauteur de ses responsabilités. Afin qu’à une gauche de l’hésitation et de l’indécision, par excès de crainte d’un affrontement avec les puissances possédantes, se substitue une gauche de l’audace, pour en finir avec l’avidité de profiteurs amenant le monde au bord du gouffre, et de la détermination, à retrouver des exigences d’égalité qui n’ont jamais été d’une si brûlante actualité. Telle est la mission que s’est assigné le Front de gauche : changer la gauche dans son ensemble pour changer la France et redonner du même coup des « raisons d’espérer » au plus grand nombre. Ce qui, survenant dans l’un des pays fondateurs de la construction européenne, ne manquerait pas de se traduire en un puissant effet de souffle au-delà nos frontières. Si notre entreprise s’enracine sur le terrain grâce à des assemblées citoyennes qui doivent à présent se multiplier et prendre leur essor, si elle s’élargit à des acteurs sociaux en plus grand nombre et à de nouvelles forces militantes venues d’autres traditions que celles que nous fédérons déjà, si elle parvient à faire bouger les lignes au sein de notre camp, si elle réussit de ce fait à bouleverser le paysage politique hexagonal, par les scores obtenus par notre candidat à l’élection présidentielle et par nos représentants aux législatives, l’horizon peut de nouveau se dégager.

Notre campagne des 111 jours à venir est dès lors décisive… Sans emphase d’aucune sorte… Loin des routines et du confort des incantations… Ce sera mon dernier vœu que de nous souhaiter de la conduire avec succès.

Christian_Picquet

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