État d’urgence politique
J’avais interrompu le fil de ce blog pour me mettre en conformité avec une loi électorale m’interdisant tout commentaire jusqu’au soir des européennes. J’étais alors porté par le succès et l’enthousiasme des deux derniers meetings « nationaux » de la campagne du Front de gauche, chacun ayant réuni 3 000 personnes, les 3 et 4 juin, à Toulouse et Paris. Je le reprends avec un double sentiment : celui d’une belle bataille menée, avec à la clé l’élection de cinq députés au Parlement européen ; celui de l’immense responsabilité qui pèse sur nos épaules, à nous qui avons initié cette expérience inédite du Front de gauche, face au désastre politique qui se dessine dans toute l’Union européenne. Cinq grandes leçons me paraissent, de ce point de vue, ressortir du 7 juin.
1. Une crise démocratique sans précédent.
Le Parisien de ce lundi 8 juin parlait d’« onde de choc ». L’expression n’est, hélas, pas excessive. Et d’abord au regard de ce qu’il faut bien qualifier de « crise démocratique », qui déferle sur toute l’Union européenne. Le taux d’abstention n’atteint pas un niveau alarmant uniquement en France, il se manifeste avec la même ampleur dans la plupart des pays. Ici, bien sûr, tout avait été mis en œuvre pour le provoquer, afin de dissuader l’électorat de gauche de se rendre aux urnes, de telle sorte que le parti présidentiel puisse arriver en tête de toutes les listes. La manœuvre aura toutefois d’autant mieux réussi que le fossé ne cesse de se creuser entre les peuples et l’establishment économico-institutionnel. Par ces temps de crise du capitalisme et d’effondrement patent du dogme libéral, la construction européenne, sur les bases qu’on lui connaît, se heurte à la défiance massive des populations. Cette défiance est d’autant plus vive qu’elle se double, en France, du sentiment que les élites auront délibérément bafoué le « non » populaire de 2005 au traité constitutionnel européen, allant jusqu’à recycler la plupart des dispositions de ce dernier dans l’actuel traité de Lisbonne.
L’abstention n’en est pourtant pas l’unique traduction. En de très nombreux pays (Pays-Bas, Autriche, Grande-Bretagne, Finlande, Hongrie), elle se trouve suivie du réveil, voire de la flambée, d’extrêmes droites ou de mouvements populistes prospérant de nouveau sur les peurs ou les angoisses sociales, grâce à des thématiques chauvines et racistes. Si nous échappons, en France, à un tel phénomène, c’est uniquement dans la mesure où, après 20 ans de présence ininterrompue à des niveaux record, notre Front national n’a pas été capable de surmonter ses problèmes de leadership et de stratégie, face à une droite sarkozyenne empiétant sans vergogne sur ses plates-bandes, au moyen, par exemple, pour cette campagne, d’un discours centré sur les thèmes de l’insécurité ou de la Turquie. Cela dit, considérons aussi comme un signe inquiétant que le total des listes lepénistes et villiéristes ait largement franchi le seuil des 10%. Le spectre du néofascisme hante toujours le continent.
2. Paradoxale victoire des droites.
C’est le grand paradoxe de ce moment politique : alors que leurs politiques se soldent partout par une faillite retentissante, que le capitalisme révèle les dévastations sociales et écologiques majeures auxquelles conduisent inévitablement ses mécanismes prédateurs, que la colère sociale gronde en de nombreux pays, voilà que ce sont les droites libérales qui sortent confortées du scrutin.
Ici, l’UMP caracole en tête de toutes les listes, ce qui permet à ses leaders de prétendre qu’ils ont reçu un blanc-seing du peuple. Évidemment, l’affirmation ne résiste pas à une analyse sérieuse. Le parti présidentiel recueille à peine 28% des suffrages exprimés. Nous sommes très loin d’un raz-de-marée, surtout en regard d’une abstention qui concerne 60% du corps électoral. Il n’en demeure pas moins que 12 points séparant l’UMP du Parti socialiste, il est tentant, pour des commentateurs qui ont pris le pli de ne jamais froisser la rue du faubourg Saint-Honoré, de parler de… « défaite de l’antisarkozysme ». Gare donc aux mauvais coups qui vont suivre. Dans ses premières réactions, le petit monarque élyséen laisse clairement deviner son envie de profiter, à l’approche de la trêve estivale, des marges que lui confère ce résultat pour intensifier ses contre-réformes sociales, accroître encore son pouvoir personnel, voire s’attaquer aux règles des élections à venir (par exemple, celles des régionales de 2010), dans le but de préparer au mieux sa reconduction en 2012.
Remarquons cependant que le phénomène n’est pas limité à notre Hexagone. La droite sort renforcée en Allemagne (où les amis de la chancelière Merkel devancent de 18% les sociaux-démocrates avec lesquels ils sont alliés au sein du gouvernement fédéral), en Grande-Bretagne (où tories, libéraux et souverainistes ramènent le Labour de Blair et Brown à l’un de ses niveaux les plus bas historiquement), en Espagne (où le Parti populaire obtient 42% des voix, devant le PSOE), en Italie (où la coalition berslusconienne a la satisfaction de voir le Parti démocrate reculer encore), au Portugal (où l’opposition réactionnaire bat les socialistes au pouvoir avec un tiers des suffrages)… Et l’on pourrait encore citer la Bulgarie, la Lituanie, la Lettonie, la Slovénie et Chypre, où les formations conservatrices arrivent en tête.
Tout au long de la campagne de ces européennes, j’avais pris l’habitude, soir après soir, de rappeler cette vieille leçon politique selon laquelle des dépressions systémiques comme celle que connaît présentement le monde capitaliste peuvent parfaitement trouver une issue à droite, voire malheureusement très à droite, si aucune alternative transformatrice ne s’offre aux classes populaires. Sur fond d’instabilité généralisée de l’Union européenne, annonciatrice de secousses gravissimes dans le futur, on vient hier d’en avoir la confirmation alarmante.
3. La Bérézina du social-libéralisme
Voilà qui repose, en termes passablement angoissants, la question nodale de l’offre politique à gauche. Le succès des droites européennes doit en effet moins au soutien dont elles bénéficieraient parmi les populations qu’à la déréliction de la gauche. Enfin, de cette gauche qui a définitivement abdiqué devant un nouvel âge du capitalisme considéré comme un « horizon indépassable », qui n’a plus pour orientation que de l’accompagner en le régulant quelque peu, qui se soumet à l’européisme libéral au point d’approuver un traité de Lisbonne gravant dans le marbre ce dogme fatal de la « concurrence libre et non faussé », celui-là même qui a conduit l’économie internationale à sa récession actuelle. Non seulement, les formations affiliées au Parti socialiste européen n’incarnent plus depuis longtemps la perspective d’un changement de société. Non seulement, elles ont totalement renoncé à leur réformisme originel. Non seulement, elles se révèlent impuissantes à retrouver le chemin de leurs propres électeurs. Mais elles n’apparaissent même plus comme des solutions d’alternance envisageables…
Cette Bérézina vient de se manifester avec l’éclat que l’on sait en France. En 2007, Ségolène Royal avait déjà ouvert le chemin du pouvoir à Nicolas Sarkozy, en se montrant dans l’incapacité de lui opposer le moindre projet alternatif et, surtout, en lui rendant les armes sur le terrain idéologique. Dans la foulée, quoi qu’ils aient bénéficié du vote sanction antidroite des municipales de 2008, les dirigeants du PS auront continué à montrer une totale inaptitude à s’opposer sur le fond aux attaques du pouvoir. On les aura vus tétanisés devant la faillite du modèle libéral-capitaliste auquel ils se sont ralliés. Ils n’auront rien su répondre à un mouvement social porteur de l’exigence d’une rupture franche avec le libre-échangisme mis en œuvre à l’échelle du continent. Leurs divisions, étalées au congrès de Reims, auront révélé l’impasse dans laquelle ils ne cessaient de s’enfoncer. À son tour, le nouvel état-major socialiste, recomposé autour de Martine Aubry, aura échoué à rendre crédible une posture légèrement infléchie à gauche. Comment s’en étonner ? En appeler à « l’Europe sociale » ne pouvait suffire à catalyser à son profit le moindre « vote utile », dès lors que la pratique de ses députés européens infirmait entièrement ce discours et que la plupart de ses parlementaires nationaux avaient sciemment permis au président de la République – au Congrès de Versailles, en février 2008 – de faire avaliser le traité de Lisbonne sans avoir à consulter les citoyens par référendum.
Au final, la direction socialiste aura définitivement « dévissé » lorsque certaines de ses figures se seront lancées dans une course ubuesque au centre droit, aboutissant à ériger celui-ci en arbitre de la future présidentielle. La surprise aura seulement été de voir, dans la dernière ligne droite, Daniel Cohn-Bendit supplanter François Bayrou dans le rôle de pivot centriste de cette « grande coalition de l’après Sarkozy » que le directeur de Libération, Laurent Joffrin, appelait de ses vœux dans un éditorial retentissant, le 4 mai. Le jeu politique national aura alors connu un basculement spectaculaire, avec la mutation du courant écologiste en force propulsive de ce « capitalisme vert » qui semble avoir dorénavant les faveurs d’une fraction des élites possédantes à la recherche d’une issue à la désagrégation de leur système.
Sans doute, ne soyons pas manichéens, nombre d’électrices et d’électeurs sincèrement à gauche auront-ils trouvé, dans les listes d’Europe écologie, un vote-refuge. La valeur ajoutée qu’apportait la candidature de José Bové au tandem Cohn-Bendit/Joly aura certainement joué en ce sens. Tout comme la conscience croissante que la crise en cours menaçait l’humanité d’une catastrophe écologique irrémédiable. Il n’empêche ! Jamais la démarche de Daniel Cohn-Bendit ne sera-t-elle à ce point apparu comme un renoncement à la contestation du productivisme marchand que les Verts portaient à leur naissance. Tant dans son ouvrage de campagne, sobrement intitulé Que faire ?, que dans ses déclarations du soir du 7 juin, Dany l’ex-Rouge se sera employé à tracer un sillon : à ses yeux, l’Europe est le creuset d’une réorganisation générale des confrontations politiques ; le clivage droite-gauche s’avère, dans ce cadre, définitivement dépassé ; il est temps de rompre le cordon ombilical qui reliait l’écologie politique à l’héritage émancipateur du mouvement ouvrier ; c’est au profit d’un axe « vert-bleu-rose » que doivent être pensées les constructions politiques de l’avenir. Ce créneau, qui n’est pas sans rappeler les coalitions de « troisième force » de jadis, s’avère au fond identique à celui que tente d’occuper le Modem. Ce n’est pas sans expliquer la violence de l’affrontement qui se sera, dans les derniers jours de la compétition, cristallisé entre les leaders du centre et de la coalition écologiste…
C’est donc bien à la dérive ininterrompue de son appareil vers la droite, autant qu’à son obsession de substituer des alliances avec le centre aux Unions de la gauche d’antan, que militants et électeurs socialistes doivent la retentissante défaite de ce 7 juin et la pression qu’ils vont désormais subir, de la part d’Europe écologie, dans le but d’accentuer le tropisme de leur parti vers sa droite. Une nouvelle situation vient de s’ouvrir, qui fait se lever une tempête aux retombées imprévisibles rue de Solferino. Elle pourrait bien venir bouleverser l’équation de l’ensemble des consultations électorales à venir.
4. Le révolutionnarisme solitaire en échec.
L’impasse dans laquelle s’enfonce la gauche n’est pas le produit du seul renoncement social-libéral. Elle résulte encore, quoiqu’à un moindre niveau, de l’attitude d’un nouveau Parti anticapitaliste faisant de l’exaltation de son identité révolutionnaire son unique perspective. Crédité au départ d’intentions de vote impressionnantes, le NPA aura fini la course sous la barre des 5% (4,8%, pour être exact). Hautement symbolique, la liste que conduisait, en Île-de-France, Olivier Besancenot en compagnie d’Omar Slaouti, réalise la plus mauvaise performance du parti : 3,48%.
Naturellement, on ne saurait juger d’une orientation à l’aune d’un résultat électoral. Bien sûr, le pourcentage obtenu par le NPA n’est en rien dérisoire. Il n’en demeure pas moins que le verdict des urnes ne confirme d’aucune manière le choix stratégique effectué par la majorité du congrès fondateur, en février dernier. Tout au long des semaines écoulées, les dirigeants du nouveau parti auront justifié leur refus de l’unité des forces anticapitalistes par le fait qu’ils seraient les seuls à pouvoir engager la reconstruction d’une représentation politique pour les travailleurs, dégagée de toute subordination au Parti socialiste. Dit autrement, c’est à eux que reviendrait la responsabilité d’ouvrir la voie à une alternative de rupture. Le verdict des urnes aura vite eu raison de cette illusion un tantinet mégalomaniaque. De toute évidence, une fraction significative de l’électorat qui s’était porté sur Olivier Besancenot en 2007 aura, cette fois, préféré le rassemblement défendu par le Front de gauche. Quant à la radicalité désincarnée, telle que l’exprimait l’ultime slogan de campagne du NPA, « Ripostez utile », elle aura plutôt conforté le réflexe abstentionniste des électeurs visés. Résultat, mes camarades sortent de leur première apparition nationale sans le moindre élu…Et, surtout, en ayant interdit qu’un front uni de la gauche de gauche devienne l’événement de la compétition (le total des voix à gauche du PS dépasse largement les 10% et la dynamique électorale de l’unité aurait naturellement permis de viser plus haut)…
Au soir du 7 juin, les principaux porte-parole du parti se seront répandus en propos lénifiants. Les uns, pour expliquer qu’ils auraient été victimes du ressac des mobilisations sociales. Vieille facilité que celle qui consiste à se débarrasser de ses propres responsabilités dans un échec en les reportant sur l’insuffisante combativité des travailleurs ! Les autres, pour asséner que « leurs » électeurs avaient plus que d’autres été touchés par la grève du vote. Étrange argument, là encore, pour une formation qui n’avait encore jamais subi l’épreuve du suffrage universel et à propos de laquelle on ne peut donc parler d’électorat un tant soit peu structuré ! Tous, pour ressasser à perdre haleine que ses 4,8% octroieraient au NPA une dimension de « force politique nationale. » En admettant qu’il en soit ainsi, un parti peut-il se satisfaire d’occuper, sans espoir de le dépasser, l’espace que l’extrême gauche est parvenue à découper au fil des quinze dernières années ?
Cette question ne fait que souligner à quel point le NPA aura loupé sa première campagne électorale. En se repliant sur une logique de division délibérée de la gauche de gauche, et en croyant habile de se distinguer par un discours anti-électoraliste aux relents gauchistes prononcés, il n’aura fait qu’esquiver les trois problèmes centraux de ce rendez-vous politique : le besoin impérieux d’opposer à la droite le vote de gauche le plus clair et le plus audible possible ; la nécessité de prolonger le « non » de gauche au traité constitutionnel européen grâce à un nouveau refus franc de la construction libérale de l’Europe ; l’urgence qui impose aujourd’hui d’affirmer un début d’alternative à gauche… Avec un lourd échec pour unique aboutissement…
Chacun comprendra que je n’y reste pas indifférent et que je forme le vœu que cela conduise mes camarades à renoncer à leurs crispations sectaires. L’enjeu est tout de même que l’aspiration à renouveler profondément l’offre politique à gauche, celle qui a amené de nouveaux militants à s’engager dans le NPA, ne connaissent pas l’une de ces cruelles désillusions qui ont tant marqué les générations précédentes…
5. Le mandat donné au Front de gauche.
Disons-le sans crainte de tomber dans l’emphase, la seule bonne nouvelle de cette séquence électorale sera venue du Front de gauche. Non qu’il fût d’ores et déjà en situation de relever la gauche. Simplement, la dynamique militante qu’il aura su créer, l’intérêt qu’il aura suscité au-delà de celles et ceux qui lui auront accordé leur confiance dans les urnes, le soutien dont il aura bénéficié de la part d’un nombre conséquent d’animateurs du mouvement syndical ou associatif, confirment le pari initial.
Avec 6,05% et quatre élus en « métropole » (auxquels il convient d’ajouter le représentant de l’Alliance des outre-mers, Élie Hoarau, du Parti communiste réunionnais), il fait mieux que de la figuration honorable. Il prouve que le choix de commencer à rassembler une gauche de gauche a payé. Certains commentateurs ont cru bon de ramener nos résultats à une consolidation des scores obtenus par les listes du Parti communiste, voilà cinq ans. Ou ils ont insuffisamment travaillé, ou ils veulent tromper leurs lecteurs. En prenant pour point de comparaison la consultation de 2004, la liste de Patrick Le Hyaric gagne plus de 10 000 voix en Île-de-France. Celle de Jean-Luc Mélenchon progresse, elle, de 52 000 voix dans le Sud-Ouest. Celle de Jacques Généreux engrange 10 000 suffrages supplémentaires dans l’Ouest. Celle de Marie-France Beaufils, qui réalise une percée dans le Centre avec 8,07%, obtient 20 000 voix de plus que le PCF en 2004. Même celle d’Hélène Franco, qui réalise le score le plus bas de toutes les listes du Front de gauche, gagne 20 000 voix. À quoi attribuer d’aussi nettes avancées, qui tranchent avec le marasme ambiant, sinon à l’union réalisée entre ces trois traditions historiques que sont le socialisme républicain, le communisme politique, la gauche radicale héritière du « trotskysme » et de Mai 68 ? Celles qu’incarnent, respectivement, le Parti de gauche, le Parti communiste et la Gauche unitaire ?
De ce premier succès, le Front de gauche a reçu le mandat de poursuivre la démarche engagée. Non dans un état d’esprit boutiquier et avec le souci de rester enfermé dans la configuration de départ. Mais en cherchant à s’élargir, afin de concrétiser la grande ambition qui donna tant de souffle à sa campagne : sauver la gauche d’une désintégration à l’italienne, faire en sorte qu’elle redevienne digne de son nom, porter haut les valeurs émancipatrices que d’aucuns assimilent à des archaïsmes, défendre une politique de rupture claire avec les logiques capitalistes et libérales qui promettent l’humanité à un désastre social et écologique.
Le moment est trop grave pour que cette expérience inédite que représente le Front de gauche déçoive celles et ceux qui lui ont fait confiance, ouqui ont repris intérêt à la politique en voyant chacun de nos courants apporter sa pierre à un édifice commun sans rien renier de ce qu’il était. Il lui appartient, fort de ce pluralisme qu’il a su faire vivre et renforcer des mois durant, de s’adresser maintenant à toutes celles et à tous ceux qui partagent le sentiment que l’urgence n’a jamais été aussi grande à gauche : ces militants et sympathisants socialistes, qui ne peuvent se résoudre à la disparition des idéaux au nom desquels ils ont combattu ; ces écologistes, qui ne se laissent pas abuser par le succès électoral de l’opération Cohn-Bendit, parce qu’ils voient bien que cette dernière tourne le dos au projet d’un développement soutenable, inatteignable sans remise en cause du capitalisme et du productivisme ; ces militants et sympathisants du NPA, qui pour beaucoup ont déposé un bulletin Front de gauche dans l’urne, afin d’exprimer leur souhait que la gauche ne soit plus jamais divisée, dans les luttes comme dans les élections ; ces acteurs et actrices du mouvement social, qui ont conscience que sans un répondant politique à la hauteur, le monde du travail va devoir se battre dans des conditions de plus en plus difficiles ; ces hommes et femmes qui n’acceptent plus que droite et patronat ne soient forts que des abandons de la gauche installée…
Nous avons vécu une belle aventure… En l’espace de quelques mois, elle a déjà démontré que, grâce à l’union des forces de rupture, il n’était nullement impossible de changer les rapports de force, de modifier le centre de gravité de la gauche. Nous ne sommes cependant qu’au début du chemin. Notre principal atout sera la conscience de l’importance des responsabilités qui nous incombent dans un contexte lourd de dangers…
PS. Je mets ici en ligne le commentaire fait à chaud, au soir du 7 juin, aux côtés de Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon, des résultats électoraux.