Un “Grand Oral” vu par “La Dépêche”
Pour que la note précédente soit complète, il me fallait vous parler du “Grand Oral” passé, en compagnie des représentants des listes PS, UMP et Europe écologie, le 21 février. Exercice difficile puisque, en 45 minutes, il fallait à chacun d’entre nous résumer sa démarche, ses espérances pour le premier tour, ses propositions pour la Région et son attitude au second tour. Le mieux était encore de reproduire ici la page que “la Dépêche” a consacré à cet “événement” de la campagne…
”Régionales : un débat sous tensions”
C.Picquet (Front de Gauche), G. Onesta (Europe Écologie), B. Barèges (UMP) et M.Malvy (PS, PRG-MRC) invités de « La Dépêche du Midi » et « France 3 Sud ».
A un mois, jour pour jour, du deuxième tour des élections régionales qui désignera une majorité politique pour Midi-Pyrénées, « La Dépêche du Midi » et « France 3 » ont organisé, ce dimanche, le deuxième et dernier « Grand Oral » des candidats au scrutin.
Le rendez-vous des « poids lourds », puisque Christian Picquet (Front de Gauche), Gérard Onesta (Europe Ecologie), Brigitte Barèges (UMP) et Martin Malvy (PS, PRG-MRC) se considèrent tous non seulement en capacité de réaliser un score à deux chiffres au soir du premier tour, mais encore d’obtenir, à l’issue du dépouillement du 14 mars, leur qualification pour la seconde manche du scrutin. Dans ce contexte à fort enjeu, les trois hommes de gauche et leur rivale de droite ont livré, devant les caméras, un match politique engagé et sans concession.__
Qui sont-ils, quelle politique entendent-ils développer en faveur de Midi-Pyrénées, et surtout, quels objectifs prioritaires se sont-ils fixés en cas de victoire électorale ? Interrogés pendant quarante-cinq minutes, par Yann Bouffin, rédacteur en chef de « La Dépêche du Midi », et Laurent Mazurier, rédacteur en chef de « France 3 Midi-Pyrénées », ceux qui, avec Myriam Martin (NPA), Arnaud Lafon (MoDem), Sandra Torremocha (LO) et Frédéric Cabrolier (FN), brigueront au mois de mars les suffrages des électeurs de la région, se sont expliqués sur leur programme et leurs ambitions pour Midi-Pyrénées.
De l’emploi à l’agriculture, du développement des infrastructures de transports au soutien à l’économie, voici comment ils conçoivent la politique régionale de demain.
Huit listes
«Pour vous, une région forte» conduite par Martin Malvy (PS), président sortant du conseil régional Midi-Pyrénées. «Osons Midi-Pyrénées» soutenue par Brigitte Barèges (UMP). «Europe Ecologie Midi-Pyrénées» présentée par Europe Ecologie, les Verts, le Partit Occitan, le Mouvement Ecologiste Indépendant soutenue par José Bové, Eva Joly, Dany Cohn-Bendit, Cécile Duflot, représentée en Midi-Pyrénées par Gérard Onesta. NPA «Tout changer, rien lâcher» soutenue par Olivier Besancenot et conduite par Myriam Martin. «Ensemble pour une région à gauche, solidaire, écologique et citoyenne» Conduite par Christian Picquet. «Midi-Pyrénées en Action». Arnaud Lafon, tête de liste MoDem. Lutte Ouvrière soutenue par Arlette Laguiller. Tête de liste régionale: Sandra Torremocha. Front National pour Midi-Pyrénées» présentée par Jean-Marie Le Pen, conduite par Frédéric Cabrolier.
Leur programme, leurs projets, leurs idées
Christian Picquet. 57 ans, journaliste, tête de la liste régionale du Front de gauche (PC-Parti de Gauche-Gauche Unitaire).
Son projet :
« Face à la crise du capitalisme et aux spéculations, face à une droite destructrice qui remet en cause des acquis sociaux historiques, la gauche classique n’est plus à la hauteur. La gauche doit redevenir une gauche de combat », suggère Christian Picquet en regrettant, au soir du mandat qui s’achève, « que l’on ait pas vu suffisamment que la gauche était au pouvoir dans 20 régions ». Le développement et la protection de l’emploi, des salaires et des entreprises, ou une écologie ancrée dans le réel figurent au nombre de ses priorités. « Nous ferons exactement le contraire de ce que fait Brigitte Barèges à Montauban », ironise celui qui milite enfin pour une gauche rassemblée au deuxième tour.
Petite phrase : « Infligeons à l’UMP une raclée qui restera dans les mémoires ».
Gérard Onesta. 49 ans, architecte, ancien vice-président du Parlement Européen, tête de la liste régionale Europe Ecologie.
Son projet :
« Priorité numéro 1 : l’emploi, numéro 2 : l’emploi et numéro 3 : l’emploi », indique Gérard Onesta. « Mais pas n’importe comment », ajoute le candidat écologiste, qui veut aider l’installation des agriculteurs, promouvoir la filière bio, développer l’économie sociale et solidaire et la diversification industrielle dans une région trop dépendante de l’aéronautique ». La liste Europe Ecologie qui juge le TGV utile veut surtout « mettre le paquet sur le rail en Midi-Pyrénées ». S’agissant des tractations d’entre deux tours, Gérard Onesta affirme que « la région doit rester à gauche. Mais le PS doit nous respecter. Avec le Front de gauche, nous avons de vraies discussions »…
Petite phrase : « Pour l’UMP, la nature est à vendre ».
Brigitte Barèges. 56 ans, avocate, députée-maire de Montauban, tête de la liste régionale UMP.
Son projet :
Interrogée sur le score qu’elle envisage de réaliser au soir du premier tour, Brigitte Barèges répond « vouloir surtout gagner la bataille de l’emploi. Le conseil régional est à la tête d’un budget annuel de 1,3 milliard d’euros. Je veux l’utiliser différemment. La majorité régionale sortante n’a consacré que 3 % de ses ressources à l’économie et 2 % à l’agriculture », déclare la candidate de l’UMP qui promet « un plan de sauvetage pour l’emploi ». Risque-t-elle de subir un vote sanction de la politique nationale conduite par l’UMP ? « La crise actuelle, ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui l’a provoquée », répond Brigitte Barèges qui croit en ses chances. « Chaque fois que je me suis présentée à une élection, je l’ai remportée ».
Petite phrase : « Moi, je veux arrêter la politique du saupoudrage ».
Martin Malvy. 73 ans, journaliste, président sortant du conseil régional, tête de la liste régionale PS-PRG-MRC.
Son projet :
Questionné sur son âge, Martin Malvy interroge à son tour : « Qu’est-ce qui est vraiment important ? L’âge du capitaine ou le projet d’une équipe considérablement renouvelée, sa volonté à conduire une politique régionale qui s’articule autour de 200 mesures innovantes ? ». Adossé à son bilan, le président sortant veut aller plus loin dans les domaines de l’emploi, de l’économie (modernisation de PME, soutien aux grands secteurs industriels, aide à la diversification), des transports (en finançant le développement routier et ferroviaire), ou encore de l’éducation. « Neuf lycées ont été construits sous ma présidence », souligne le candidat, qui promet notamment l’ordinateur portable pour les lycéens.
Petite phrase : « Je veux opposer un bouclier social et régional au bouclier fiscal ».
__Dans les coulisses de l’émission
On se regarde de loin, on s’évite, on se jauge__
Ils sont arrivés à 14h30 sonnantes au siège de « France 3 Sud », accueillis par Alain Chollon, directeur d’antenne, et José Biosca, directeur général de la SAS « La Dépêche du Midi ». Christian Picquet d’abord, costume sombre et chemise bleue. C’est l’outsider médiatique du plateau réuni ce dimanche par « La Dépêche du Midi » et la chaîne de télévision à qui le service d’accueil demande le nom avant de s’excuser un peu platement. Viennent ensuite Brigitte Barèges, tailleur-jupe gris fonçé et bustier blanc, état-major UMP dans son sillage, puis Martin Malvy, en gris lui aussi, cravate noire et mine sombre. Il vient d’apprendre que le mot de la fin ne serait pas attribué par tirage au sort et qu’il revenait – galanterie oblige – à sa rivale. Et voilà Gérard Onesta, costume clair, qui file à son tour se faire poudrer le nez avant de rejoindre le plateau où les techniciens de « France 3 » achèvent les réglages. Difficile de s’éviter dans le huis clos du « Grand Oral » où trônent les pupitres sur lesquels les candidats vont bientôt s’accouder. On se regarde de loin, on s’évite, on se jauge. En déficit de notoriété, Christian Picquet, plutôt détendu sait que pour lui, ce débat c’est « tout bénéf’». Il est le candidat de « la gauche de combat », mais en réalité, c’est Brigitte Barèges qui fourbit secrètement les armes. Personne ne sera épargné. Les projecteurs s’allument. Laurent Mazurier n’en est pas à son premier débat politique et ne compte plus les heures qu’il a passées devant les caméras de « France 3 ». C’est pourtant la troisième prise de lancement de l’émission qui sera la bonne. A l’étage, devant son écran de télévision, Alain Chollon, le patron de « France 3 Midi-Pyrénées » a senti la tension qui s’est installée sur le plateau. Quarante-cinq minutes plus tard, une fois les caméras éteintes, les candidats commentent leurs prestations avec leur entourage. Dans son coin, Brigitte Barèges peste contre la presse: « La Dépêche du Midi » ne serait pas objective. « France 3 » truquerait le décompte du temps de parole. Faux! Le chronomètre de la chaîne régionale, aussitôt consulté, le prouve.
__Billet
Non, Madame !__
On n’a pas attendu bien longtemps. Dès sa première intervention, et alors même qu’on l’interrogeait sur le sens de sa candidature à ces élections régionales, la candidate de l’UMP, pour toute réponse, s’en est prise aussitôt à « La Dépêche », considérant que notre journal était « le journal de campagne de M. Malvy ». À la fin du débat, hors caméra, elle a renouvelé ses attaques contre notre titre. Cette attitude, hallucinante de la part d’une responsable politique, illustre les pulsions hégémoniques de la candidate de l’UMP.
« La Dépêche » est profondément attachée à ce qu’elle est : un journal indépendant. Ce n’est pas l’UMP, ni sa candidate d’un jour, ni même d’ailleurs un quelconque groupe de pression qui va définir notre ligne éditoriale. Ce principe, que ne partage apparemment pas la candidate de l’UMP, s’appelle tout simplement la liberté de la presse. Est-ce un mot trop compliqué pour la candidate de l’UMP ?