Discours au congrès de Gauche unitaire
Je sors à peine des trois jours du congrès de Gauche unitaire. Un beau congrès, vraiment… Où notre tout jeune mouvement a pu mesurer ses ressources, prendre conscience de la cohérence qui l’identifie, se doter de toutes neuves fondations, renouveler ses instances de direction. Les débats, parfois passionnés, toujours d’un très haut niveau, auront permis d’aboutir à une synthèse profondément partagée… Au point que déclaration de principes, déclaration politiques et motions diverses auront été adoptées… à l’unanimité !
Et puis, il y aura eu ces deux beaux temps forts que furent, le 5 au soir, la rencontre entre plusieurs des organisations adhérentes du Parti de la gauche européenne, et, ce dimanche, le meeting final où nous avions convié Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon. L’occasion, pour moi, de résumer devant la presse (venue, une fois n’est pas coutume, en nombre) et nos invités les grandes conclusions du congrès, en donnant une première indication de la manière dont nous abordons le rendez-vous de 2012 et, plus particulièrement, la question de la présidentielle dans le cadre du Front de gauche. Je vous en livre ici l’intégralité…
« Mes Chers Camarades, je commencerai par les remerciements d’usage, qui ne seront pas, cette fois, que de pure forme.
« Merci d’abord, à vous, Marie-George et Jean-Luc, qui occupez une place particulière pour les militantes et militants de Gauche unitaire : nous n’oublions pas, en effet, que c’est avec vous que nous avons lancé le Front de gauche, il y a presque exactement deux ans, et que nous l’avons accompagné… dans les succès et dans les épreuves. Jusqu’à conquérir ensemble la place du troisième composante de la gauche et à défendre, au sein de cette gauche, une nouvelle perspective, de nature à réveiller dans le pays l’espoir du changement social.
« Merci aussi, dans la foulée, à nos invités des diverses composantes de la gauche, avec lesquels nous débattons parfois avec une certaine âpreté, mais en sachant toujours nous rassembler sur de grandes questions, par exemple au sein des collectifs unitaires lancés à partir de l’appel de la Fondation Copernic et Attac pour la défense du droit à la retraite à 60 ans et à taux plein.
« J’entrerai de plain-pied dans mon propos en m’adressant d’abord à vous, mes camarades de Gauche unitaire.
« Vous le savez, dans un passé pas très éloigné, nous avons été l’objet de bien des attaques. On nous a parfois calomnié, quand on ne cherchait pas purement et simplement à nous faire disparaître de la photo…
« Tout au long de ce congrès, je le dis sans triomphalisme mais sans fausse modestie non plus, nous avons fait la démonstration de la vitalité militante de notre mouvement, de la qualité de nos débats, de l’utilité de l’expérience et des propositions que nous pouvons apporter à la recomposition si indispensable de la gauche.
UNE PÉRIODE SINGULIÈRE
« Je parle de recomposition indispensable de la gauche, en insistant d’autant plus sur cette idée que nous sommes entrés dans une période singulière. Nous en avons amplement débattu samedi après-midi.
« C’est bien une période d’incertitudes, de chaos, de tempêtes, sur laquelle débouche la crise systémique provoquée par un capitalisme cupide, pour reprendre le terme si juste de Joseph Stiglitz.
« Cette crise voit s’enchevêtrer tourmentes financières, convulsions économiques, menaces sur les équilibres écologiques de l’humanité tout entière, dangers sur la subsistance alimentaire et donc sur la vie même de millions d’hommes et de femmes sur le globe.
« Ceux qui nous dirigent n’ont cessé de nous annoncer le « bout du tunnel ». Pourtant la crise ne cesse de s’approfondir, dès lors que l’oligarchie financière qui en est à l’origine a perdu toute maîtrise des processus infernaux qu’elle a déclenchée.
« Voilà ainsi, qu’emportée par le mouvement effréné de valorisation du capital, elle ne sait qu’en rajouter dans l’accaparement de la richesse mondiale et dans la destruction simultanée des conquêtes populaires les plus fondamentales.
« Vous en voulez des exemples ? Je vous en livre trois… Premier exemple : début janvier, ”Les Échos” titraient en première page que « Le CAC 40 distribuera des dividendes records en 2001. » Deuxième exemple : voici quelques jours, de Wall Street, nous provenait la nouvelle que, en dépit de ”« résultats mitigés »”, comme disent les gazettes de la finance, l’enveloppe des bonus et rémunérations des grandes banques avait augmenté de 120 milliards de dollars en 2010. Dernier exemple, le plus cynique si l’on se rapporte aux souffrances infligées aux populations : en pleine crises révolutionnaires frappant la Tunis et l’Égypte, ces agences au service des marchés financiers que sont Standard & Poor’s et Moody’s ont décidé… la dégradation de la note de ces deux pays.
« En clair, cela va très bien pour les actionnaires et les banquiers. Pour les peuples, en revanche, c’est un enchaînement terrible : des famines provoquées par la spéculation sur le marché des denrées alimentaires ; de la hausse des prix des matières premières qui saigne à blanc les populations les plus démunies ; des plans d’ajustement structurels chers au Fonds monétaire international ; de la libéralisation sauvage des économies, celles du monde capitaliste développé autant que celles des pays dominés ; et ici, en Europe, d’une austérité imposée au nom de la concurrence soustraite à toute entrave et de la diminution des dettes publiques, comme le continent n’en avait plus connue depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
LA BONNE NOUVELLE : LE RETOUR DES PEUPLES
« La bonne nouvelle, c’est que l’absurdité même d’un système menant le monde à l’abîme provoque un peu partout le réveil des peuples. Ils font leur grand retour sur le théâtre planétaire. Ils redécouvrent la lutte des classes…
« On avait vu, cet automne, des millions de salariés se dresser dans toute l’Europe contre une rigueur destinée à leur faire payer une crise dont ils ne sont pourtant nullement responsables.
« En France, des semaines durant, nous aurons même assisté au plus grand mouvement social que le pays ait connu depuis Mai 68, en réaction à la contre-réforme sarkozyenne des retraites.
« On voit aujourd’hui, en Tunisie et en Égypte, comme dans d’autres pays du monde arabe, la révolution redevenir d’actualité, secouer les dominations impériales et néocoloniales pour, finalement, remettre à l’ordre du jour la fameuse maxime de Saint-Just : « Le bonheur est une idée neuve. » Ledit Saint-Just disait « une idée neuve en Europe »… Nous devrions aujourd’hui dire : une idée neuve dans l’univers glacé de la globalisation marchande et financière…
« Les équilibres anciens sont en trains de se disloquer sous nos yeux. C’est la vieille prophétie marxienne qui confirme ici sa pertinence : par son propre développement, le capitalisme tend à miner sa propre domination et à élargir le camp de celles et ceux qui ont intérêt à y trouver une alternative.
« La France concentre tous les traits de cette instabilité sans cesse plus grande et sans cesse plus angoissante. Nous avons aujourd’hui affaire à une droite minoritaire comme jamais pouvoir en place ne l’a été depuis les origines de la V° République. C’est pourtant la même droite, le même pouvoir qui sont décidés à jouer leur va-tout en poussant les feux de la contre-révolution conservatrice qu’ils ont entrepris de faire souffler sur la France depuis bientôt quatre ans. C’est non seulement toutes les conquêtes héritées du programme du Conseil national de la Résistance qu’ils ont dans le collimateur, mais encore tout ce qui symbolise les principes d’égalité et de solidarité issus de la Révolution française.
« On les avait déjà vu à l’œuvre, cet été, à propos de la déchéance de la nationalité, de l’identité nationale ou de la stigmatisation de millions d’habitants de ce pays désignés à la vindicte publique en raison de leur origine. Et voilà que Laurence Parisot vient d’en ajouter une louche, dans le domaine social cette fois. Grâce à elle, on sait désormais ce qui se trame derrière l’offensive dont les 35 heures sont l’objet.
« Pour la présidente du Medef, comme pour les bouches à feu de l’UMP, la durée du travail ne doit plus être limitée par la loi, comme c’était jusqu’alors le cas en vertu du principe républicain officiellement en vigueur d’intérêt général, mais négociée sous forme de contrats de branches ou d’entreprises. C’est donc la suprématie de la loi commune sur le contrat qui subira nécessairement les aléas du rapport des forces, que l’on entreprend sournoisement de liquider. La bourgeoisie n’était jamais allée aussi loin depuis Vichy !
LE PROBLÈME, C’EST LA GAUCHE !
« Le problème des problèmes, dans une pareille situation, c’est la perspective politique. Encore plus précisément, le problème, c’est la gauche !
« La gauche qui, dans ses composantes majoritaires, n’a plus rien à dire au peuple, si ce n’est d’attendre que les primaires, au Parti socialiste ou à Europe écologie, aient laissé sortir la fumée blanche de la désignation des prétendants à la magistrature suprême.
« La gauche qui, toujours dans ses composantes majoritaires, a laissé sans débouché la mobilisation sur les retraites, alors que celle-ci aurait parfaitement pu gagner si, sur le champ politique, on avait osé mettre en cause la légitimité du gouvernement et de la majorité de l’Assemblée nationale, ainsi que nous l’avons fait nous-mêmes en en revendiquant la dissolution.
« Aujourd’hui, ici comme à l’échelle de la planète – on le voit face à la secousse historique qui secoue le monde arabe -, la gauche est devant un choix vital. Un choix qui va purement et simplement déterminer son avenir. Si elle persiste dans la voie de l’accompagnement d’un ordre en faillite… Si elle continue à s’enliser dans un renoncement social-libéral qui a partout mené à des échecs cinglants au point d’assurer la longévité de pouvoirs de droite dans nombre de pays… Alors, elle se trouvera menacée de déboires similaires à ceux qu’a connus l’Italie, au prix de la disparition pure et simple de toute perspective progressiste dans ce pays. Elle approfondira un peu plus la fracture entre les classes populaires et la politique. Elle se coupera elle-même d’une large part des victimes de la crise, du chômage, de la précarité, de l’exclusion. Elle générera le désespoir. Le risque sera alors qu’elle fasse – à son insu, sans doute, mais le résultat n’en sera pas moins dramatique – le jeu d’une extrême droite dont on sait à quel point elle a toujours excellé, dans de tels contextes, à dévoyer la colère populaire.
« Si, en revanche, elle consent enfin à porter une politique de civilisation, au nom du bien commun et de l’intérêt général… Si elle se tourne vers sa base naturelle, les classes populaires… Si elle cesse enfin de se dérober à l’affrontement avec les intérêts dominants… Alors, elle peut recréer autour d’elle l’espoir qui rouvrira le chemin de tous les possibles. Tel est l’enjeu. Rien de moins !
« Face au grand désordre mondial sur lequel débouche le nouvel âge du capitalisme, il n’y a plus de dérobades possibles. Il n’y a plus de demi-mesures envisageables. Il n’y a plus de logiques des petits pas imaginables. Comme nous le disons dans notre déclaration politique, être à gauche aujourd’hui, c’est impérativement opter pour des remèdes radicaux. Marie-George et Jean-Luc en ont déjà donné un aperçu. Je voudrais simplement prolonger leur réflexion en vous disant qu’à la faveur des poussées populaires qui se produisent un peu partout, les grands points d’une autre mondialisation, qui fasse converger les combats du Nord et du Sud, ceux du monde capitaliste développé et ceux des nations dominées, commencent à s’esquisser.
« Je les énumère à très gros traits : la taxation des mouvements de capitaux ; la mise au pas des banques et de la sphère financière ; le redéploiement des services publics et la réappropriation sociale des secteurs de l’économie qui doivent à tout prix échapper à la loi d’airain du marché s’ils veulent répondre aux besoins populaires ; la recherche d’un mode de développement permettant de préserver les grands équilibres écologiques autant qu’il assure, contre les spéculateurs et les pétroliers, la subsistance alimentaire de l’humanité et la maîtrise par cette dernière de l’approvisionnement énergétique ; la remise au centre de l’offre politique d’une gauche digne de ce nom de la démocratie, c’est-à-dire de la souveraineté populaire, seule à même de permettre au plus grand nombre de recouvrer la maîtrise de son destin ; la renégociation des traités qui visaient jusqu’alors à rendre immuable l’ordre néolibéral, à commencer, en Europe, par le traité de Lisbonne ; la redéfinition de la nature et des missions des institutions internationales…
« La liste des mesures n’est pas exhaustive. Ce programme d’urgence doit, naturellement se décliner au sein de chaque nation ou ensemble régionaux. Ses points forts n’en dessinent pas moins le cadre d’une réponse globale et cohérente à la crise de civilisation dont l’humanité se trouve menacée.
« La séquence politique qui s’ouvre et nous conduit à 2012, en passant par les cantonales de mars prochain et, naturellement, toutes les batailles de résistance qu’il va nous falloir organiser face à une droite décidée à conserver le pouvoir au prix de toutes les provocations, cette séquence politique va être l’occasion de faire clairement apparaître les choix en présence.
« L’objectif, il faut le dire encore et toujours, sans crainte de nous répéter, c’est de dire aux Sarkozy, Fillon, Copé, Parisot et à leurs semblables : « Dégagez ! » « Dégagez, et le plus vite sera le mieux ! » Comme on le fait dans les rues de Tunis, du Caire, de Sana’a ou d’Amman.
« Cela dit, soyons lucides ! Aucun sondage, aussi prometteur soit-il, ne nous garantit que l’on y parviendra… Surtout si, à la manière de Manuel Valls, on devance les désidératas du Medef en matière de durée légale du travail. Ou si, pour porter les couleurs de la gauche, on va chercher le directeur général du FMI, dont le principal bilan aura été d’avoir délivré à l’Égypte, à la Tunisie comme aux pays de l’Union européenne, ces ordonnances libérales qui ont rendu les peuples exsanguës et ivres d’une colère légitime.
« Il ne faut pas confondre, à gauche, le besoin de se rassembler pour battre l’adversaire commun, comme les salariés se sont hier retrouvés derrière leurs organisations syndicales unies, avec la tentation du « moindre mal »… qui peut vite mener au désastre.
FEUILLE DE ROUTE POUR LE FRONT DE GAUCHE
« La mission du Front de gauche, à nos yeux, elle est là ! Dans la capacité à formuler des propositions programmatiques et des solutions qui correspondent à l’intérêt bien compris de toute la gauche, si celle-ci veut effectivement remobiliser le peuple et retrouver le chemin de la transformation sociale. Dans la volonté d’agir comme l’aile marchante de la gauche, en se situant aux avant-postes de la bataille pour battre la droite et en visant, à cette fin, à rassembler les forces vives de la gauche sur la politique qui, seule, peut permettre de mettre le camp adverse en déroute. Dans l’aptitude à rester inébranlable sur la démarche, tout en n’hésitant pas à interpeller la gauche dans sa globalité, ses diverses composantes, ses militants et ses électeurs, pour en faire bouger les lignes, pour que ce soit une orientation de rupture qui y devienne majoritaire, pour que puissent être enfin réunies les conditions d’un gouvernement et d’une majorité au service des attentes populaires. Un Front populaire aux couleurs du XXI° siècle, pour le dire autrement…
« Pour être tout à fait clairs, notre cœur de cible, ce ne sont pas les marges de la gauche, les secteurs déjà convaincus qu’il convient de prendre le mal capitaliste à la racine. Notre cœur de cible, ce sont les cadres, les militants, les électeurs socialistes, qui sont aujourd’hui la majorité de la gauche et qui redoutent de plus en plus visiblement que leur tradition politique manque un nouveau rendez-vous qui permettrait de se débarrasser d’une droite minoritaire et honnie. Ce sont les cadres, les militants, les électeurs écologistes, qui n’ont pas renoncé à la contestation frontale d’un capitalisme et d’un productivisme qui vont de pair. Ce sont ces dizaines de milliers de syndicalistes et de militants associatifs, qui savent à quel point il manque un débouché à leurs engagements de terrain, mais qui attendent qu’on leur propose une perspective à l’ambition clairement majoritaire dont ils puissent s’emparer et devenir les acteurs.
« Le moyen d’atteindre ce cœur de cible, ce sont d’abord les propositions que nous avons commencé à travailler ensemble à travers le processus du « programme partagé ». Et c’est une méthode qui permette au Front de gauche de dépasser son statut actuel de cartel national fonctionnant essentiellement pour les élections.
« S’il faut dépasser ce statut de cartel, c’est afin de s’élargir résolument à toutes celles et tous ceux qui partagent ses objectifs programmatiques et sa visée stratégique. C’est afin de s’enraciner sur le terrain, grâce à des collectifs locaux, dont puissent devenir membres à la fois ceux qui appartiennent aux composantes du Front de gauche, les forces qui voudraient le rejoindre car en accord avec sa démarche, et ceux qui, sans être organisés, souhaitent lui apporter leur expertise. C’est afin d’initier une véritable dynamique populaire et militante qui nous permette de faire avancer la construction de l’alternative, dans les luttes autant que dans les urnes.
« Nous avons, ce matin, adopté une adresse en ce sens. Et nous avons eu le plaisir de voir, récemment publié par l’Humanité, un appel allant dans le même sens, signé par de nombreuses personnalités et acteurs du mouvement social, ainsi que par des militants de nos formations respectives. Un chemin est ouvert, nous devons l’emprunter tous ensemble…
PREMIÈRE INDICATION SUR LA PRÉSIDENTIELLE
« Je vous rassure, je ne terminerai pas mon propos sans dire quelques mots du rendez-vous de 2012.
« Nous avons déjà eu l’occasion de nous exprimer à ce propos, au moins sur un point : pour nous, 2012, ce ne peut être uniquement l’élection présidentielle. Ce ne peut être, en tout cas pour des forces comme les nôtres, qui en appellent à une VI° République démocratique et sociale mettant fin au présidentialisme et à la personnalisation délétère de la vie publique, de privilégier le casting plutôt que la démarche qui nous rassemble collectivement.
« De ce point de vue, 2012, c’est en premier lieu un programme, qu’il conviendra de mettre dans le débat politique et de porter en direction du reste de la gauche et du peuple. C’est, ensuite, la mise en visibilité de la nature pluraliste qui est la raison même d’exister de notre Front de gauche. C’est, enfin, le caractère indissociablement lié de la présidentielle et des législatives, afin que notre présence ne se résume pas à une unique figure s’insérant dans la course à l’Élysée, mais que nous sachions plutôt faire preuve d’originalité grâce à une campagne portée par des centaines de candidates et candidats, qui aborderont ensemble les deux échéances inévitablement imbriquées.
« L’ami Pierre Laurent, présent hier parmi nous avant de s’envoler pour Dakar, nous disait qu’il fallait savoir renouveler les manières de porter le combat politique. Nous partageons entièrement cette conviction.
« C’est d’ailleurs pour cette raison que la candidature que nous devrons présenter en commun devra être choisie en fonction de deux critères et de deux critères seulement : qu’elle soit la mieux à même de porter avec force notre voix à tous et nos propositions sur le théâtre électoral ; qu’elle soit celle qui incarnera avec le plus de volonté le caractère collectif de notre rassemblement.
« Nous le savons, le choix ne sera pas si aisé : il n’y a qu’un nom sur le bulletin de vote. Pour autant, nous trouvons que la manière dont le Front de gauche a commencé à aborder la question… nous paraît représenter un signe de maturité et de responsabilité.
« Pour notre part, nous avons fait le choix, consciemment assumé, de ne pas proposer de candidature à la candidature, afin de ne pas délivrer de message de concurrence contre-productif. Nos camarades communistes ont mis leur choix en débat parmi leurs adhérents. Nos camarades « pégistes » ont mis la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la disposition du Front de gauche. Chacun a son calendrier, ses rythmes de décision, ses débats propres. Tout cela est parfaitement normal. Mais tous, nous abordons l’échéance avec la commune volonté que notre Front de gauche franchisse ce nouvel obstacle. C’est vraiment fondamental…
« Nous formulerons notre choix définitif sur l’ensemble du dispositif électoral, à l’occasion d’une conférence nationale au début du printemps. Mais il est, d’ores et déjà, possible d’enregistrer la tendance qui se dégage et d’indiquer une préférence.
« Jean-Luc, dont la candidature a été mise à disposition, peut être notre candidat. Il peut être le candidat du Front de gauche. Dans une campagne où chacun prendra toute sa place et pourra apporter sa contribution visible à l’entreprise commune. Notamment à travers un collectif de porte-parole qui donnera à voir la pluralité et l’originalité de ce que nous avons entrepris pour que la gauche se hisse à la hauteur d’un défi littéralement historique. Pour qu’elle redevienne la gauche !
« Amis et Camarades, notre congrès s’achève. Il a dégagé une conviction partagée que le temps était moins que jamais aux postures, aux calculs étriqués, aux frilosités, aux atermoiements. Le temps est, à l’inverse au courage, à l’audace, à la détermination qui, seuls, peuvent faire bifurquer le cours des choses, même lorsqu’elles paraissent immuables. Ce n’est pas pour rien que nous avons confirmé, à ce congrès, notre souhait d’aboutir, lorsque les conditions en seront réunies, à la chaleur de l’expérience réalisée en commun, à une même force politique rassemblant l’ensemble de ceux qui aspirent à la rupture avec un système en faillite.
« Voici deux ans, lorsque nous avons fondé notre Gauche unitaire, nous avions adopté pour maxime : « Là où il y a la volonté, il y a un chemin. » Elle n’a rien perdu de son actualité… »