Qui suis-je ?

Christian Picquet

Je suis né à Paris en 1952.

Après un passage à Hashomer Hatzaïr, organisation de jeunesse qui sera ma première expérience militante, je rejoins la Jeunesse communiste. Je la quitte toutefois après Mai 68, pour adhérer au courant qui deviendra par la suite la Ligue communiste, puis la Ligue communiste révolutionnaire.

Tout au long des années 1970, je serai un acteur engagé de toutes les mobilisations dites aujourd’hui « post-soixante-huitardes » : dans la jeunesse scolarisée, pour les droits des femmes, pour ceux des soldats, pour l’égalité Français-immigrés, contre le racisme et l’extrême droite, en solidarité avec les peuples d’Indochine, aux côtés des paysans du Larzac…

En 1971, je quitte la Ligue communiste avec la minorité qui, après avoir refusé l’adhésion de l’organisation à la IV° Internationale, s’oppose à l’orientation «ultra-léniniste» que défend la direction, lui préférant une ligne d’ouverture aux courants de radicalisation qui prolifèrent à cette époque. Jusqu’en 1979, je participe donc à la construction de l’Organisation communiste Révolution !, puis de l’Organisation communiste des travailleurs (au bureau politique de laquelle je serai élu en 1977).

En 1980, de retour à la LCR, j’entre à la rédaction de Rouge, que j’animerai par la suite jusqu’à son dernier numéro, en février 2009.

Élu au bureau politique de la LCR en 1984, j’y siègerai jusqu’à l’intégration de celle-ci dans le Nouveau Parti anticapitaliste, 25 ans plus tard. J’accède à cette responsabilité à la suite du premier débat d’orientation auquel je participe activement depuis mon retour dans cette organisation. À la suite de la victoire de François Mitterrand en 1981, et de la formation d’un gouvernement d’union de la gauche, la Ligue vit dans l’illusion d’une situation pré-révolutionnaire, censée déboucher sur une grande confrontation entre la politique conduite au sommet de l’État et les attentes populaires. Cette orientation ignore ainsi les reculs qu’a enregistrés le mouvement social tout au long du septennat de Valéry Giscard d’Estaing. Cela m’amène, avec Jean-Pierre Beauvais et Pierre Cours-Salies, en septembre 1983, à proposer une rectification de l’analyse de la situation, et l’abandon de l’idée que la Ligue communiste pourrait constituer le noyau d’un grand parti révolutionnaire supposé surgir de l’affrontement de classe attendu. Nous appelons à la mise en oeuvre d’une politique plus réaliste, plus ouverte, et plus en prise avec les véritables aspirations s’exprimant dans les mouvements sociaux. Nos propositions finissent par être adoptée majoritairement.

À la direction de la Ligue, je serai longtemps en charge des relations extérieures avec le reste de la gauche. C’est dans ce cadre que je participerai à diverses expériences de rassemblement, à commencer par les élections régionales et législatives de 1986, suivies de la présidentielle de 1988, où la LCR s’investit dans la campagne de Pierre Juquin. C’est également à ce titre que, bien plus tard, en plein mouvement social contre le plan Juppé, en décembre 1995, j’acterai avec Jean-Claude Gayssot, responsable à l’époque de la politique extérieure des communistes, l’établissement de relations officielles entre le PCF et la LCR. Jusqu’à cette date, les deux partis se croisaient, agissaient souvent ensemble, sans pourtant que soient noués entre eux des rapports de dialogue et de coopération, tels qu’il en existait dans le reste du camp progressiste. Cette date met, dès lors, fin à la grande fracture qui faisait de ces deux familles communistes des rivales murées dans une hostilité officielle réciproque, prix de l’impitoyable (et parfois sanglant) affrontement ayant opposé «staliniens» et « trotskistes » à la suite de la dégénérescence bureaucratique de la Révolution russe et de l’État soviétique…

Pour la LCR, j’aurai également la charge de la lutte contre le racisme et l’extrême droite : je participerai ainsi au Comité de vigilance contre l’extrême droite, qui rassemblera l’ensemble de la gauche à partir de 1997, puis, plus tard, au mouvement de soutien aux sans-papiers. Je serai encore impliqué dans les diverses batailles de ces années-là pour les droits et libertés, ou encore dans l’action contre la guerre. Je figurerai, à ce titre, parmi les initiateurs des collectifs unitaires contre la première guerre d’Irak (1991), contre celle qui ravagea l’ex-Yougoslavie et accompagna l’épuration ethnique mise en œuvre par les dirigeants de Belgrade (1999), puis contre la seconde invasion de l’Irak par les États-Unis et leurs alliés en 2003.

Partisan d’une construction large et pluraliste, regroupant toutes les composantes de la gauche de transformation, je contribuerai activement à la construction du courant « unitaire » de la LCR. C’est à ce titre que je m’opposerai à l’accord conclu entre la Ligue et Lutte ouvrière pour les élections européennes de 1999, accord dont je redoute alors qu’il n’engage la formation la plus ouverte de ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême gauche dans un cours révolutionnariste et sectaire. La rupture de la LCR avec LO, à l’occasion des municipales de 2001 puis de la présidentielle de 2002, m’amènera à soutenir la candidature d’Olivier Besancenot à ce dernier scrutin. Je m’occupe alors, tout particulièrement, de la campagne audiovisuelle du candidat. Je serai, dès le soir du désastre du premier tour de cette présidentielle (qui voit la qualification de Le Pen et l’élimination de Lionel Jospin), parmi les initiateurs des gigantesques mobilisations antifascistes de la gauche et de la jeunesse, lesquelles aboutiront aux millions de manifestants rassemblés le 1er Mai dans toute la France.

Malheureusement, mes camarades de la direction de la Ligue ne tirent aucune conséquence des responsabilités nouvelles que leur confère le succès relatif de la campagne présidentielle (Besancenot recueillant plus de 4% des suffrages exprimés) et ils retombent, aux élections régionales et européennes de 2004, dans le mythe de l’unité des révolutionnaires. Il s’ensuivra de retentissants échecs, LO et LCR perdant leurs élus au Parlement européen en juin.

Voyant pleinement confirmé ce que mes amis de la minorité et moi-même avions pronostiqué, je propose alors que la LCR engage toutes ses forces dans une bataille pouvant regrouper toutes les composantes disponibles de la gauche et du mouvement social, en faveur d’un référendum sur le Traité constitutionnel européen, qui prétend graver dans le marbre tous les dogmes de l’édification néolibérale de l’Europe. Cette bataille est, à mes yeux, l’amorce possible d’une grande campagne en faveur d’un « non » de gauche. Mandat m’est donné d’agir en ce sens par le bureau politique de la Ligue, qui se tient le lendemain même du scrutin des européennes.

Je serai donc l’initiateur, avec quelques personnalités amies (Yves Salesse, Claude Debons, Marc Dolez etc.), de l’appel dit des « 200 », qui donne le coup d’envoi de la campagne pour le rejet d’un traité qui prétend parachever la dérive européiste et ultralibérale initiée par la conclusion de l’Acte unique européen et les accords de Maastricht. Aux premiers mois de 2005, l’écho de celle-ci devient considérable, renforcé par l’apport de toute une aile du Parti socialiste, que manifeste l’entrée dans la bataille d’opinion de Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli et Laurent Fabius. C’est d’ailleurs au cours d’un meeting qui rassemble les porte-parole de la campagne unitaire (Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon, Yves Salesse, Claude Debons, moi-même etc.), en mars, au gymnase Japy à Paris, qu’est révélé le premier sondage donnant le «non» majoritaire. Partout, les meetings rassemblent des foules considérables et, le 29 mai, les électeurs rejettent le TCE à plus de 54% des voix. Fait particulièrement significatif, à gauche, les tenants du social-libéralisme, qui ont fait campagne en faveur du « oui » en compagnie de la droite, sont sévèrement battus, y compris parmi les sympathisants du PS.

À la suite de cette victoire, contre la majorité de direction de la LCR, qui ne pense qu’à présenter une nouvelle fois Olivier Besancenot à la présidentielle de 2007, je m’engage dans le collectif d’initiative unitaire national (CIUN), aux côtés des courants et organisations favorables à des candidatures de rassemblement pour la présidentielle et les législatives de 2007. Jusqu’à l’échec de cette tentative, en décembre 2006, je serai l’un des porte-parole de cette recherche unitaire.

En 2007, avec mes camarades qui refusent de s’incliner devant la division de la gauche de transformation, je suis l’un des fondateurs de l’association Unir (du même nom que le courant minoritaire de la LCR). En mars 2008, la majorité de direction de la Ligue m’évince du poste de permanent que j’occupais à la direction de l’organisation, au mépris du principe de pluralisme qui permettait jusqu’alors le partage des responsabilités de direction entre toutes les sensibilités et faisait de la LCR l’une des organisations les plus profondément démocratiques de la gauche française.

De 2007 à 2009, je participe à toutes les initiatives s’efforçant de maintenir la perspective du rassemblement de la gauche récusant la soumission au libéral-capitalisme : « Maintenant à gauche », Appel de Politis («L’Alternative à gauche, organisons-la»), « Appel pour une autre Europe »… On m’en fera d’ailleurs le procès régulier à la Ligue, le premier jet de ces divers textes est souvent de ma plume.

Militant de toujours du droit du peuple palestinien à son autodétermination, partisan de deux États souverains permettant aux deux nations, israélienne et palestinienne, de coexister sur la même terre, je fonde, en 2000, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Ce dernier regroupera vite près de 70 partis, syndicats et associations. J’en serai le coordinateur jusqu’en 2007. J’aurai également l’occasion de m’impliquer dans deux initiatives en faveur d’une solution de justice en Palestine : l’appel « Une autre voix juive » (2003) et l’appel « Des Juifs contre l’offensive meurtrière d’Israël » (2006).

En 2003, je publie La République dans la tourmente (éditions Syllepse). Contre la vulgate qui domine dans ma famille politique, j’y mets l’accent sur la place essentielle de l’idée républicaine dans le combat du mouvement ouvrier français. C’est, pour moi l’occasion de retrouver l’apport de Jean Jaurès, trop ignoré dans la gauche française jusqu’à nos jours. Cette année me voit également entamer un dialogue public avec Jean-Luc Mélenchon, alors figure de proue de la gauche socialiste et qui vient lui-même de publier un ouvrage sur le besoin d’une refondation de la gauche par la République.

À la même époque, je participe également à deux ouvrages collectifs : Fascismes, un siècle mis en abîme (Syllepse-Mauvais Temps, 2000), qui me permet de rendre un peu de visibilité à la figure de Nicos Poulantzas, philosophe marxiste d’origine grecque dont les réflexions sur le fascisme historique, l’État et la stratégie de transformation révolutionnaire des nations développées n’ont, selon moi, rien perdu de leur pertinence ; et Quelle VI° République ? (Le Temps des cerises, 2007). Cette dernière publication voit un dialogue s’esquisser entre des responsables politiques aux trajectoires aussi différentes que François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Anicet Le Pors, Georges Séguy, Nicole Borvo, Arlette Laguiller ou moi-même.

En février 2009, mes positions en faveur d’un front de gauche aux élections européennes, me valent une nouvelle éviction : cette fois, de la direction du Nouveau Parti anticapitaliste, situation que je partage avec les principaux animateurs de la « sensibilité unitaire » de ce parti.

La décision de la majorité de direction du NPA de rejeter toute perspective de rassemblement pour les européennes me conduisent à prendre mes responsabilités. Le 8 mars 2009, avec mes camarades Alain Faradji, Céline Malaisé, Francis Sitel et le collectif des militants du NPA refusant de s’incliner devant un acte aussi lourd de conséquences désastreuses, nous décidons de nous engager dans le « Front de gauche pour changer d’Europe ». Et nous lançons un appel à la constitution du mouvement « Gauche unitaire ». Gauche unitaire est officiellement fondée le 14 mars 2009.

Président et porte-parole de Gauche unitaire, je deviens l’un des animateurs du Front de gauche, aux côtés de Marie-George Buffet d’abord puis de Pierre Laurent, pour le PCF, et de Jean-Luc Mélenchon, pour le Parti de gauche. C’est à ce titre que je suis candidat aux élections européennes de juin 2009 derrière Patrick Le Hyaric en Île-de-France. L’année suivante, je conduis la liste du Front de gauche pour les régionales en Midi-Pyrénées. Je suis alors élu au conseil régional de cette belle terre de lutte, et je participe plus particulièrement à la vie politique de Haute-Garonne. Pour le scrutin présidentiel de 2012, je m’engage avec le Front de gauche dans la campagne en faveur du vote Mélenchon, et je participe à plusieurs des immenses meetings qui se tiennent sur des places publiques, dont celle du Capitole à Toulouse. À l’issue de la campagne, qui voit son élargissement à plusieurs mouvements d’extrême gauche, je me vois chargé de la coordination qui réunit les différentes organisations du Front de gauche.

L’année 2014 voit toutefois l’éclatement d’un désaccord de lignes stratégiques au sein de ce regroupement. Alors que celui-ci avait été fondé sur un projet de réorganisation de la gauche tout entière sur une ligne de rupture avec le social-libéralisme, Jean-Luc Mélenchon et le Parti de gauche pèsent de tout leur poids pour l’orienter vers une posture protestataire, incantatoire et gauchiste, qui préfigure ce qui deviendra plus tard le  «populisme de gauche». Cela s’accompagne de l’affirmation d’une prétention hégémonique qui amène le courant  « mélenchoniste » à attaquer régulièrement, avec une grande violence, ses partenaires du Parti communiste et de la Gauche unitaire.

Lorsque le Parti communiste français et la Gauche unitaire, aux municipales de mars 2014, font le choix du rassemblement de la gauche à Paris, pour empêcher la droite de reprendre la capitale, Jean-Luc Mélenchon attaque avec virulence Pierre Laurent et, me concernant, il écrit sur son blog :  « Christian Picquet trompe tout le monde. » L’attaque met un terme, entre lui et moi, à plusieurs années de débats aussi exigeants sur le fond que fraternels et loyaux.

Les élections européennes du printemps révèlent ensuite que l’expérience du Front de gauche est devenue stérile. La construction prometteuse de 2009 se montre, en particulier, incapable de proposer une offre politique crédible, à la hauteur des attentes d’un peuple de gauche qui ne cesse de marquer sa défiance envers le quinquennat de François Hollande. Cette impuissance est d’autant plus grave que les affrontements se multiplient, à ce moment-là, au sein du Parti socialiste et de sa majorité parlementaire. Avec une moyenne de 6% des suffrages exprimés, les listes du Front de gauche subissent un sérieux échec, même si elles parviennent à envoyer trois députés au Parlement européen.

En une ultime tentative d’éviter l’échec, Gauche unitaire s’efforce d’alerter ses partenaires sur la nécessité de réorienter totalement la politique du Front de gauche. Dans l’espoir de provoquer un débat à même de sortir celui-ci de l’impasse, elle suspend même sa participation à ses instances d’animation et ne participe pas à la campagne des européennes. Mais ce qui était, à l’origine, une construction inédite, faisant converger les énergies des formations partie prenante tout en respectant leur absolue souveraineté, a perdu son élan originel. Son délitement progressif emporte les espoirs que des millions d’hommes et de femmes avaient placés en lui.

Durant cette période, je publie plusieurs contributions au débat à gauche. D’abord, en 2010, Le Trotsko et la coco (chez Arcane 17), qui rassemble de longs échanges, sur l’histoire, la visée communiste ou la stratégie de transformation sociale, avec Marie-Pierre Vieu, alors en charge des relations extérieures au Parti communiste. Puis, en 2012, toujours chez Arcane 17, je publie François, Jean-Marc, Martine, qu’allons-nous faire de notre victoire ?, ouvrage s’efforçant de tirer les grandes leçons de la défaite que vient de subir Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Enfin, en 2015, je participe à un ouvrage collectif, cette fois pour Le Temps des cerises, dont le titre résume l’intention : Pour le peuple, contre le Front national.

La conviction que le Front de gauche a perdu sa raison d’être, toutes nos tentatives pour en redresser le cours et lui éviter une fuite en avant minorisante s’étant heurtées à l’incompréhension (pour ne pas dire à la franche hostilité) de la plupart de nos partenaires, me conduit en 2015 à tourner une nouvelle page. Avec la Gauche unitaire, nous décidons, en septembre, de regrouper nos forces avec celles du Parti communiste français, au sein de celui-ci.

À nos yeux, en effet, grâce à son capital militant exceptionnel, à son implantation de terrain, à l’apport de ses milliers d’élus, à son enracinement dans tous les combats de classe, le PCF est un outil incontournable pour travailler à la réouverture d’une perspective d’espoir au peuple de France. Au demeurant, le constat est vite dressé, par les militantes et militants de GU : bien que nos histoires soient à la fois proches et distinctes, nous partageons des vues convergentes, sur l’essentiel, avec les communistes. La perspective communiste constitue de surcroît, le socle de notre unification. Lors de son ultime congrès, Gauche unitaire décide, par conséquent, de se dissoudre.

À partir de cette date, je participe à l’exécutif national du PCF, et j’y suis reconduit à l’issue du congrès de 2016, cette fois après mon élection en bonne et due forme au conseil national du parti. Je suis, dans le même temps, élu à la direction départementale de Haute-Garonne. Je m’engage peu après dans le débat qui s’ouvre au sein de ce dernier à propos de l’élection présidentielle de 2017. J’y refuse toute subordination à l’opération que monte Jean-Luc Mélenchon avec le lancement de La France insoumise. Avec d’autres, je défends à l’inverse l’idée que le PCF doit mettre dans le paysage sa propre candidature, afin de donner l’écho maximal à ses propositions, quitte à renoncer à cette candidature si un rassemblement sur une ligne de rupture avec le libéral-capitalisme parvenait à se faire jour.

Dans la mesure où, sans union, rien de grand n’a jamais vu le jour dans un pays comme le nôtre, et parce que chacun devine déjà les dangers que la présidentielle peut fait courir à notre camp social et politique, je défends dans plusieurs textes la conviction que je retire de l’expérience des dernières décennies : la construction d’un rapport de force est la condition pour que, de l’unité à gauche, naisse une véritable dynamique transformatrice. En l’occurrence, à mes yeux, l’existence d’une candidature communiste y participe. J’appelle donc à un débat aussi public qu’exigeant, afin que les Français soient en mesure d’adhérer à une véritable alternative à la politique que viennent de conduire, cinq ans durant, François Hollande et ses gouvernements.

Le refus de se rallier purement et simplement à la candidature Mélenchon est majoritaire lors de la conférence nationale réunie à l’automne 2016, contre l’avis du secrétaire national, Pierre Laurent. Lors du vote des adhérentes et adhérents, qui suit cette conférence, la décision inverse est néanmoins prise, à une courte majorité, et le Parti communiste appelle au vote Mélenchon, tout en menant une campagne propre et en préparant d’emblée les législatives de juin 2017. Cette décision intervient toutefois sans que le moindre accord soit conclu avec La France insoumise, à la fois sur le contenu de la campagne présidentielle et sur les élections législatives. Le résultat en est le très grave échec subi par le parti en juin 2017 (j’en suis l’une des victimes, ayant été pour la deuxième fois choisi comme le candidat des communistes dans la 10° circonscription de Haute-Garonne), même si le groupe de la Gauche démocratique et républicaine parvient, in fine, à se reconstituer à l’Assemblée nationale.

En vue du 38° Congrès du PCF, qui se tient en novembre 2018, je fais partie de celles et ceux qui militent pour une réorientation de grande ampleur. Événement sans précédent dans l’histoire du parti, le vote militant sur les projets de  « base commune  » place le texte  « Pour un manifeste du Parti communiste du XXI° siècle » devant celui qu’avait adopté le conseil national. Dans les semaines qui suivent ce vote, je participe à la commission en charge de proposer au congrès un document rédigé à partir de ce que viennent d’affirmer les communistes. Je contribue à ce débat en publiant une longue contribution, que j’intitule  « Dix réflexions pour donner un nouvel élan au Parti communiste français  » (comme tous mes textes depuis 2009, elle est accessible sur ce blog). Finalement, la nouvelle orientation est adoptée par 87,23% des congressistes.

Je m’inscris, dès ce moment, dans la direction formée autour du nouveau secrétaire national, Fabien Roussel. Dans le comité exécutif national, je suis plus particulièrement chargé du  « mouvement des idées et de la relation aux intellectuels  ». Au plus fort du mouvement des  « Gilets jaunes  », je suis à ce titre chargé de coordonner les travaux du groupe qui rédige  « Dix propositions pour la France  ». Et, à l’occasion de la bataille des retraites, en 2019-2020, déclenchée par le projet d’Emmanuel Macron de casser le système issu des conquêtes de la Libération, et après que le PCF ait publié son projet pour une autre réforme, juste et solidaire, je suis l’un de ceux qui travaillent au rassemblement de la gauche et des écologistes sur des propositions en rupture avec les logiques libérales qui ravagent depuis tant d’années notre protection sociale.

Sur un autre plan, le 4 septembre 2019, j’aurai eu le plaisir d’initier, à Toulouse, avec mon ami Pierre Lacaze, le secrétaire départemental du PCF 31 et lui aussi membre de l’exécutif national, un colloque consacré aux enseignements toujours actuels de l’oeuvre de Jean Jaurès, à l’occasion du 160° anniversaire de sa naissance. Un petit événement que ce rendez-vous, qui aura vu des spécialistes aussi reconnus que Gilles Candar, Rémy Pech, Charles Silvestre ou Martine Bernard-Roigt dialoguer sur l’apport de Jaurès à la conception d’une République sociale et d’une nation citoyenne, ainsi que sur les conceptions qui inspirèrent ses engagements aux côtés du mouvement social de son époque, Fabien Roussel concluant les travaux sur le rappel de tout ce que les combats du Parti communiste doivent à cet héritage sur le siècle passé.

Après le choc planétaire provoqué par la pandémie du Covid-19, il m’est demandé de coordonner le groupe de travail en charge de rédiger un programme qui soit, en même temps, un programme de lutte contre les régressions sociales et le développement des inégalités qui menacent dans cette nouvelle période, et un programme pour la France. En juin 2020, ce document est soumis au débat public et à l’enrichissement de celles et ceux qui souhaitent y contribuer, sous le titre : “Construisons la France en commun, formons une union populaire agissante.”

Sur le plan éditorial, je préfacerai, en 2017, la réédition d’ un ouvrage de Léo Figuères, figure communiste de premier plan au sortir de la Résistance, et qui fut très longtemps le maire de Malakoff. Ma contribution à ce livre, Octobre 17, la révolution en débat (au Temps des cerises), est un petit événement : bien que Léo Figuères soit aujourd’hui disparu, ni nos expériences respectives, ni nos parcours politiques ne laissaient imaginer que nous figurerions un jour, lui et moi, dans un même opus, sur une question qui aura déchiré si longtemps nos deux traditions communistes. La nouvelle publication de l’ouvrage, assorti de ma préface, donne lieu à un débat passionnant, à Malakoff, sur les enseignements de la Révolution russe et plus généralement l’actualité de la révolution, à l’invitation des Amis de Léo Figuères (la vidéo en est accessible ici).

À l’été 2019, je participe à un nouvel ouvrage collectif, Gilets jaunes, jacquerie ou révolution, toujours au Temps de cerises.

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