Retour sur un débat avec Arnaud Montebourg

Dans le prolongement de ma note précédente, je veux ici traiter de l’échange ouvert, à gauche, entre Front de gauche et Parti socialiste. Je l’avais écrit, la campagne se trouve maintenant entrée dans une phase intense d’accélération et il devient crucial, pour la gauche, de mobiliser ses bases traditionnelles, celles sans lesquelles aucune victoire ne sera possible et aucune dynamique de changement ne s’avérera au rendez-vous. Je veux naturellement parler de ces millions d’hommes et de femmes, cette majorité de la société française que représentent les ouvriers, les employés, les précaires, les jeunes réduits à sauter de petits boulots en CDD, les chômeurs recensés ou non dans les statistiques du ministère du Travail.

Il faut, à cet égard, savoir gré à ”l’Humanité Dimanche” d’avoir su réaliser la première concrétisation de ”« l’offre publique de débat »” formulée, dès l’été dernier, par notre candidat à l’élection présidentielle. C’était le 2 février, et j’aurai eu le plaisir d’en essuyer les plâtres en dialoguant avec Arnaud Montebourg (l’ami Patrice Bessac, pour le Parti communiste, étant le troisième larron de cette table ronde). L’initiative de la rédaction de l’hebdomadaire communiste aura, à mes yeux, été instructive d’un double point de vue : du fait de la personnalité socialiste invitée, qui s’était située résolument à la gauche de la confrontation des « primaires », et dans la mesure où elle aura permis de vérifier les problèmes soulevés par la campagne de François Hollande (dont le président du conseil général de Saône-et-Loire est l’un des animateurs, en charge notamment de la relation avec les entreprises en bagarre pour l’emploi).

L’opportunité de la rencontre était venue de la publication, par la précédente livraison de ”l’Huma Dimanche”, d’une enquête effectuée par Harris Interactive auprès de personnes appartenant, précisément, aux classes populaires. D’où il ressortait le constat accablant qu’un sondé sur deux environ ne se retrouvait nullement dans l’offre politique existante et que, si Nicolas Sarkozy faisait l’objet d’un rejet impressionnant, 11% seulement des hommes et femmes sollicitées considéraient le candidat du PS comme apte à ”« comprendre leur réalité »”. Dans le même temps, le sondage délivrait une photographie contrastée de l’influence du Front national dans cette fraction ciblée du corps électoral : une incrustation indéniable (entre 12% et 16% de réponses favorables selon les thèmes, plaçant parfois Le Pen devant Sarkozy, avec un pic de 25% sur la question de « l’insécurité »), mais en aucun cas la percée irrésistible parfois évoquée par des commentateurs trop vite enclins à considérer que les plus défavorisés ne se révèlent capables que d’un vote de désespoir haineux. Quant au Front de gauche, si son représentant à la présidentielle arrivait presque systématiquement dans les quatre premières places selon les aspects mis en avant – devant Bayrou et Joly -, et quoique une autre investigation (provenant d’un autre institut) vînt tout récemment de montrer qu’il apparaissait à l’opinion comme le meilleur défenseur du monde du travail, il ressortait de l’enquête qu’il n’avait pas encore atteint le seuil de crédibilité lui permettant d’incarner l’espoir pour la moitié de l’électorat ouvrier ou employé qui affiche toujours son divorce avec la politique.

De quoi conforter une approche que j’ai cherché maintes fois à vous faire partager au fil des chroniques de ce blog. Pour la gauche dans sa globalité, tout va se jouer sur cette question sociale que d’aucuns tendent à ignorer, trop manifestement soucieux d’afficher leur inclination à gérer les comptes publics sans effrayer les marchés. À savoir sur sa capacité à rassembler et entraîner ce salariat qui, en dépit des différenciations qui le traversent, forme désormais le cœur d’une société comme la nôtre. Donc à avancer des propositions sur lesquelles peuvent se retrouver, d’un même mouvement, aussi bien les ouvriers et employés que ces fameuses « classes moyennes », qu’on exalte à tout propos en omettant qu’elles se rattachent aux premiers par des conditions d’existence de plus en plus dégradées et des emplois toujours plus précaires. Dit autrement, à sa détermination à tourner le dos aux exhortations de la très sociale-libérale Fondation Terra Nova, laquelle estimait récemment qu’il convenait de rechercher prioritairement les faveurs d’un électorat décrété plus « progressiste » puisque réputé plus audacieux sur le plan culturel et bien mieux disposé envers le modèle économique dominant.

DE CONVERGENCES INDÉNIABLES…

Arnaud Montebourg part, on le sait, de considérants assez semblables aux nôtres. ”« Ce qui est posé par ce sondage,” nous disait-il lors de la table ronde de ”l’Humanité Dimanche”, ”c’est la question de l’impuissance du politique et de l’absence de la politique dans un univers où est installée l’opinion dominante que la contrainte s’impose à nous et que nous sommes (les politiques) les jouets de cette contrainte. »” Et d’ajouter : ”« Je pense que la gauche a tiré certaines leçons du 21 avril 2002 et du ‘’non’’ de 2005. Il y a maintenant des éléments d’innovation politique dans l’offre des gauches. Dans chaque formation, on trouve des propositions pour maîtriser le système économique et le remettre au service de la société. Pour en finir avec la reconstitution des privilèges. On pourrait dire que les ingrédients de révolution sont en ferment dans la situation actuelle et dans le sondage. »”

À partir d’un semblable constat, la réflexion peut raisonnablement porter sur les moyens de replacer ”« le système économique au service de la société »”, et également de ”« réintégrer dans la République les citoyens qui s’en sentent économiquement exclus et politiquement oubliés »”, comme mon interlocuteur le pointait, avec ses mots mais fort judicieusement, à un autre moment de notre dialogue. Ce dont devrait découler un corps d’objectifs à même d’identifier la gauche à la promesse d’une relance du progrès social et du redéploiement de la démocratie. Aux antipodes de l’austérité dont les effets ravagent présentement notre continent…

L’ami Montebourg s’efforce bien de trouver une position qui l’écarte de la doxa qui a conduit l’ensemble de la social-démocratie à théoriser sa soumission à l’ordre libéral : ”« Aujourd’hui, les plans de sauvetage sont faits pour les banques, et les plans d’austérité pour les populations : il faut faire l’inverse. »” C’est cependant la concrétisation de cette déclaration d’intention qui peine à être formulée.

… AUX ARÊTES INCONTOURNABLES D’UN PROGRAMME DE GAUCHE

Comment, en effet, révolutionner la fiscalité française sans aller au terme d’une logique de récupération de tout ce dont la course effrénée aux profits, comme la cupidité sans borne des fonds spéculatifs, ont spolié le peuple depuis des années, pour ne pas dire des décennies ? Comment recouvrer la maîtrise du crédit, si indispensable si l’on veut relancer l’activité, créer de nouveau des emplois, réindustrialiser le pays dans le cadre d’une grande politique de planification écologique, si les banques ne se retrouvent pas sous contrôle public ? Comment briser les reins des entreprises spéculatives sur les marchés financiers sans exiger le changement des missions de la Banque centrale européenne et sans remettre simultanément en cause l’indépendance de la Banque de France, l’objectif étant d’initier la nécessaire refondation de la construction européenne ? Comment faire payer à la finance et aux actionnaires le prix de la crise dans laquelle ils ont plongé l’Europe et le monde, comment leur appliquer à eux seuls l’austérité comme y appelle notre camarade socialiste, sans indiquer que la gauche refusera le principe de la ”« règle d’or »” austéritaire si chère à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, et sans s’opposer au nouveau traité dans le carcan duquel ceux deux-là entendent emprisonner tous les pays, au prix d’une régression sans équivalent depuis la défaite du fascisme sur notre continent ? Comment enraciner un nouveau rapport de force, du terrain des entreprises jusqu’à celui des institutions nationales, sans que les travailleurs disposent de nouveaux droits de contrôle et d’intervention, ce que recouvre, entre autres, l’horizon de la VI° République ? Comment, à partir du moment où l’on se montre si conscient de l’enjeu que recouvre la reconquête des classes travailleuses, ne pas relever le défi du changement de la vie du plus grand nombre, et ce dès les premiers mois qui suivront la défaite espérée de la droite ?

Ces diverses dimensions sont, de fait, les pierres de touche de ce que devrait être une politique de gauche adaptée aux enjeux de l’heure. Elles demeurent, au mieux, les zones d’ombre du discours socialiste, y compris lorsqu’il se voit mis en musique par Arnaud Montebourg. Ce dernier pourfend justement ”« l’idéologie de la baisse des impôts” (qui) ”aboutit à la destruction des États »”, mais l’exigence de révolution fiscale, pourtant sous-jacente à son propos, ne l’amène pas au processus global et cohérent de redistribution des richesses que suggère notre Front de gauche en visant la récupération prioritaire des dix points de PIB passés en 20 ans du travail au capital (un peu moins de 200 milliards d’euros chaque année). Il plaide en faveur d’une ”« présence de l’État dans” (les) ”conseils d’administration »” des établissements bancaires, même s’il récuse comme trop coûteuse la perspective de leur nationalisation au service de la constitution d’un pôle financier public, mais il reconnaît que son candidat ne le suit pas sur cette ligne interventionniste. Ce qui rend bien mal aisée sa tentative de nous convaincre (et, peut-être, de se convaincre lui-même…) que la ”« banque publique d’investissement »” défendue par François Hollande (fort réduite quant au périmètre des banques concernées) traduit des approches de plus en plus voisines au sein de la gauche.

De l’ambiguïté, on passe à la franche contradiction dès lors que sont abordées des questions aussi essentielles que les retraites ou le pouvoir d’achat. Sur le premier point, un silence pesant reste de mise, en dépit de la forte interpellation des forces de gauche à laquelle se livre présentement la CGT, tandis que notre objectif de porter le Smic à 1700 euros, suivant là encore l’une des revendications phares de Bernard Thibault, se heurte à une fin de non recevoir. ”« Je ne crois pas aux propositions comme le Smic à 1700 euros,” me rétorquait ainsi Arnaud. ”Le Smic ne concerne que 13% des actifs d’aujourd’hui. Il ne règle donc pas le problème du pouvoir d’achat. Par ailleurs, des gens gagnent moins que le Smic, ou plus. Ils ne sont pas concernés, mais ils ont aussi besoin de pouvoir d’achat. Il faut donc trouver autre chose. »” Ce qui ne faisait qu’omettre un détail : dans un pays comme le nôtre, du fait des mécanismes légaux arrachés par la lutte syndicale, le salaire minimum institué est un levier incontournable pour reposer le problème de l’augmentation des salaires en général. À condition, bien sûr, de l’intégrer à un corps de propositions allant du salaire maximum à la réduction de l’éventail des salaires sur une échelle de 1 à 20, en passant par l’instauration d’un mécanisme d’indexation automatique.

UN PAS EN AVANT, DEUX PAS EN ARRIÈRE…

J’en arrive, par ce biais, à la campagne… de François Hollande. Il devient singulièrement ardu de savoir où il entend en fixer le centre de gravité. Du discours du Bourget, l’opinion avait généralement retenu la déclaration de guerre à la finance. De même, du passage récent du candidat socialiste sur TF1, va-t-elle probablement retenir l’annonce de la taxation à 75% des revenus se situant au-delà d’un million d’euros annuel. Quoique ces mesures fussent encore bien éloignées de la radicalité réaliste caractérisant le programme de notre Front de gauche, je n’hésiterai jamais à me féliciter d’évolutions traduisant indirectement l’écho grandissant de notre campagne. Cela dit, que dire simultanément de la calamiteuse prestation de l’intéressé devant la rédaction du ”Guardian”, à l’occasion de laquelle, décidé à rassurer les milieux d’affaire britanniques, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste avait tenu à justifier les errements passés des gouvernements qu’il soutint : ”« La gauche a été au pouvoir pendant quinze ans. Quinze années pendant lesquelles nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. (…) Je vais dire à la City, il faut réguler la finance, mais il ne faut pas la réguler de façon démesurée… »”

Cet entre-deux, un pas en avant pour deux pas en arrière, on le retrouve peu ou prou au fil des 61 dispositions suggérées par le candidat socialiste. Leur démarche d’ensemble demeure surdéterminée par l’objectif de réduction des déficits publics. Ce qui se manifeste par des reculs non négligeables, de la baisse de moitié du nombre d’« emplois d’avenir » promis par le projet du PS, à l’annonce que le retour sur la suppression de 60 000 postes dans l’Éducation nationale s’opérera ”« dans le cadre de la stabilité des effectifs de la fonction publique »” (ce qui indique, en creux, que la Révision générale des politiques publiques ne sera qu’à la marge remise en cause), en passant par l’abandon des 500 places de crèche un temps mentionnées.

Et je ne parle pas de l’esquive au terme de laquelle les parlementaires socialistes se seront, du moins dans leur majorité, abstenus sur le Mécanisme européen de stabilité (mais il faut saluer le courage d’un certain nombre des grandes figures de l’aile gauche du parti, qui y ont opposé le même « non » que les élus du Front de gauche). Comment justifier une telle dérobade sur un texte qui prévoit que les aides aux pays de l’Union européenne seront strictement conditionnées à l’adoption du traité communément désigné sous l’appellation de « Merkozy », c’est-à-dire au renoncement de ceux-ci à toute souveraineté sur leurs orientations budgétaires au profit de l’application de la plus brutale des austérités ? Comment imaginer que cette première marque de faiblesse sera, demain, sans conséquences lorsqu’il faudra faire plier les ayatollahs bruxellois de l’ultralibéralisme et les forcer à renégocier l’accord scélérat conclu sous l’égide de l’hôte actuel de l’Élysée et de la chancelière allemande ?

LE CURIEUX OUVRAGE DE FRANCOIS HOLLANDE

Je ne peux pas, à ce stade de la rédaction de ma note, ne pas m’arrêter sur l’ouvrage que François Hollande vient de publier, ”Changer de destin”, (aux éditions Robert Laffont). Il y reprend sa vision des choses en l’opposant notamment à celle du porteur de nos propres couleurs à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon : ”« Pour se distinguer, il avance des idées généreuses sur les salaires et une prodigalité dans la dépense publique. Mais, à l’écouter, nous porterions le prélèvement sur les entreprises à un niveau qui handicaperait la production et tournerait contre nous la grande majorité des électeurs. Nous dirions aussi adieu à toute perspective de remboursement de la dette, ce qui nous placerait alors sous la férule renforcée des marchés financiers… »” Et d’ajouter, significativement : ”« À revenir vers une gauche plus à gauche, on peut risquer de laisser la droite au pouvoir. »” On est loin, très loin, de cette promesse d’une austérité frappant prioritairement les riches développée, face à moi, par Arnaud Montebourg.

Ce n’est cependant pas ce qui me frappe le plus dans ce petit opuscule à la lecture relativement agréable. Il y a d’abord cette contradiction abyssale entre l’ode au réalisme prétendu imprégnant les lignes citées précédemment et l’illusion phénoménale que laisse percer l’auteur lorsqu’il s’emploie à restituer son parcours intellectuel. À ses yeux, on le devine dès ses premières pages, mettre fin à ”« cette longue et injuste absence de la gauche »” du pouvoir depuis dix ans s’avère moins affaire de choix politiques que d’aptitude individuelle du postulant à la magistrature suprême. ”« J’ai considéré,” écrit-il, ”que j’étais celui qui correspondait à la gravité du moment, à l’aspiration des Français au renouvellement, à la simplicité et à la maîtrise dans l’exercice du pouvoir. »” Ce qui l’amène, en une révérence à peine croyable à l’hyperprésidentialisme que n’a cessé d’exacerber la pratique des institutions en place, à défendre l’idée qu’il lui suffira d’incarner personnellement une exigence de justice piétinée par Nicolas Sarkozy, pour convaincre un peuple exprimant, on le sait, à une tout autre attente. ”« Si l’on est juste,” estime-t-il ainsi bon de souligner, ”on peut être ferme, on peut exiger l’effort, refuser la facilité, demander des sacrifices s’ils sont nécessaires. »” C’est bien une certaine conception de la gauche qui se voit ici résumée…

Le problème est que, à tant courir de lièvres à la fois, à mener une campagne de second tour consistant à s’adresser moins à la gauche (considérée acquise) qu’au centre droit (censé faire la différence dans les urnes), tandis que son adversaire regroupe prioritairement son camp en faisant à l’inverse une campagne de premier tour, on voit se rapprocher dangereusement les intentions de vote entre droite et gauche pour le 22 avril. À refuser obstinément de ”« ramener la gauche à gauche »” et à repousser les ”« idées généreuses »” qui pourraient dessiner un autre avenir pour les classes travailleuses, on ne suscite aucun véritable désir de gauche, on se contente de profiter de la phénoménale détestation dont Nicolas Sarkozy fait l’objet, au risque de fragiliser au final le vote en faveur de la gauche. Ne devraient-ils pas, en ce sens, interpeller, ces sondages créditant aujourd’hui le candidat socialiste d’un succès en mai prochain, moins parce que les électeurs choisiraient de porter ce dernier à l’Élysée que parce qu’ils ne peuvent plus voir en peinture son locataire actuel ?

L’utilité du Front de gauche réside là… Faire souffler sur la gauche dans son ensemble le vent de l’espoir retrouvé… Créer, ce faisant, les conditions d’une défaite de la droite, laquelle sera d’autant plus assurée que les premiers intéressés au changement, ces salariés auprès desquels François Hollande veut éviter de prendre trop d’engagements, se mobiliseront avec enthousiasme… Permettre que la victoire de la gauche ouvre le chemin à d’autres possibles, qu’elle soit le levier pour une contre-offensive dans les luttes, à l’exemple de ce qu’il se passa en Juin 36… Faire en sorte que la gauche change en ses profondeurs, que les tenants d’une ligne de combat contre le capitalisme libéral y fussent bien plus forts, qu’elle reprenne ainsi ses belles couleurs de résistance et d’espérance en des lendemains meilleurs… Plus le résultat du Front de gauche sera haut, plus cela pèsera sur les suites du scrutin, plus nous serons en mesure d’aider à la construction des batailles de masse et des rapports de force majoritaires qui seront indispensables… Qu’on se le dise, dans les sept semaines qui nous séparent du premier tour de la présidentielle !

Christian_Picquet

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