Écho de campagne : “Lettre à mes compétiteurs de gauche”

J’en reviens à ma campagne. Elle occupe l’essentiel de mes journées. Je n’aurai échappé à ses obligations que pour me rendre à Lyon, ce jeudi 7 juin, afin d’apporter mon soutien à ma vieille camarade Anne Charmasson-Creus. Sur ma circonscription, la 10° de Haute-Garonne, je dois faire face à la situation, assez ubuesque, dans laquelle trois candidatures socialistes et deux candidatures écologistes ont plongé la gauche. Face au nouveau ministre des Anciens combattants, Kader Arif, se présentent les socialistes « dissidents » Gilbert Hébrard et Daniel Ruffat, tous deux vice-présidents du Conseil général, la famille écologiste se partageant elle aussi entre Didier Rod et Laurent Fontaneau. Après que mes compétiteurs de gauche aient décliné l’offre publique de débat que je leur avais adressée (à l’exception notable, rendons-lui cet hommage, du représentant d’Europe écologie-Les Verts), je viens de rendre publique une lettre ouverte qui leur est de nouveau adressée. Dans la mesure où elle résume bien, me semble-t-il l’approche du Front de gauche dans cette campagne essentielle, je la mets aujourd’hui en ligne.

“Chers Amis, je vous avait fait une offre publique de débat, que plusieurs d’entre vous ont préféré décliner par déclarations de presse interposées.

« Je le regrette sincèrement.

« L’ÉTAT CHAOTIQUE, POUR NE PAS DIRE GROTESQUE, DE LA GAUCHE DANS NOTRE CIRCONSCRIPTION, EXIGE EN EFFET DU DIALOGUE, DE LA CONFRONTATION D’IDÉES, DE LA TRANSPARENCE.

« Nos concitoyens ne comprennent à l’évidence pas que vous soyez cinq à vous affronter sans ménagement, alors que vous vous réclamez tous du même contrat de gouvernement, celui qu’ont signé Martine Aubry et Cécile Duflot.

« Je ne prétends évidemment pas porter un jugement sur les raisons qui ont abouti à ce triste spectacle.

« Cela dit, quoique nous ayons défendu des programmes différents au premier tour de la présidentielle, nous avons tous appelé à voter en faveur de François Hollande le 6 mai.

« Nous avons, par conséquent, un devoir de respect pour les électeurs et électrices qui ont permis à la France de se débarrasser de Nicolas Sarkozy.

« Nul n’a le droit de prendre nos concitoyens de gauche en otages des affrontements de personnes et querelles subalternes agitant vos partis. Nul ne doit donner une image aussi désastreuse de la politique, alors que nous avons à juste titre critiqué la manière dont le précédent président de la République avait abîmé notre République. Nul ne peut non plus se prévaloir d’une position hégémonique, prétendument naturelle, au sein de la gauche dans le but de se soustraire au plus élémentaire exercice démocratique consistant à faire juges les citoyens de nos propositions respectives.

« Qu’allons-nous faire de notre victoire ? C’est la question que nous posent, légitimement, les habitants de cette circonscription lorsque nous allons à leur rencontre.

« LE FRONT DE GAUCHE, QUE JE REPRÉSENTE DANS CETTE ÉLECTION, N’A POUR SA PART QU’UNE UNIQUE AMBITION : FAIRE RÉUSSIR LA GAUCHE. LA RASSEMBLER POUR OUVRIR LE CHEMIN AUX BELLES AVANCÉES SOCIALES ET DÉMOCRATIQUES AUXQUELLES NOTRE PEUPLE A DROIT.

« Si je suis élu, j’ai dit ce que je ferai.

« Je m’emploierai à ce que la nouvelle majorité de gauche gouverne contre les marchés financiers. Qu’elle reprenne le contrôle des principaux établissements bancaires, afin qu’un grand pôle financier public puisse réorienter le crédit vers l’emploi et les PME. Qu’elle redistribue les richesses, au moyen par exemple d’une réforme juste et audacieuse de la fiscalité qui permettrait de reprendre les dix points de richesse nationale qu’en dix ans le capital a dérobé au travail, ce qui représente 195 milliards d’euros chaque année. Qu’elle engage une politique de planification écologique, afin que l’eau ou l’énergie ne soient plus accaparées par le privé, et que la réindustrialisation du pays comme le redéploiement de notre agriculture s’opèrent dans le respect de l’environnement. Qu’elle engage l’épreuve de force avec les élites libérales européennes, dans l’objectif de renégocier les traités qui ont plongé les peuples dans l’austérité et même mené tous les pays à la récession.

« Je prétends que l’on peut ainsi augmenter salaires et pensons, en portant le Smic à 1700 euros brut le plus rapidement possible, permettre ainsi à tous les salariés de vivre dignement dans le même temps que l’on pourrait par ce moyen relancer l’activité économique .

« J’affirme que l’on peut rétablir la retraite à 60 ans, à taux plein, pour tous, en mettant à contribution les revenus financiers, comme le demandent les organisations syndicales.

« Je veux que la gauche redonne la priorité au service public, donc qu’elle abroge la Révision générale des politiques publiques, car c’est la condition de la refondation républicaine de la France que j’appelle de mes vœux

« Je m’engage à déposer, à l’Assemblée nationale, la proposition de loi de Marie-George Buffet portant interdiction des licenciements boursiers, car c’est le premier des moyens de lutter contre les plans de restructuration qui menacent aujourd’hui des dizaines de milliers d’emplois. Toute la gauche l’avait votée dans la précédente Assemblée dominée par la droite…

« Je m’engage à agir immédiatement pour l’annulation, par la Chancellerie, des poursuites engagées, sous le règne de Monsieur Sarkozy, contre des syndicalistes n’ayant fait que défendre leurs camarades de travail. A mes yeux, la gauche n’est pas la gauche si elle ne s’identifie pas aux nouveaux droits dont les salariés ont besoin pour s’opposer, dans leurs entreprises, à la cupidité des actionnaires. C’est le fondement de la VI° République pour laquelle je milite.

« J’AIMERAIS DONC QUE PLUTÔT QUE DE DONNER LE SPECTACLE DÉSOLANT DE COMBATS DOUTEUX, L’ON DISCUTE DE CELA. AUTREMENT DIT, DU FOND… QUE NOS CONCITOYENS PUISSENT CONNAÎTRE VOTRE POINT DE VUE SUR DES PROPOSITIONS RELEVANT, À MES YEUX, DE L’URGENCE ET DE L’INTÉRÊT GÉNÉRAL.

« Nous devons ce débat à celles et ceux qui aspirent à un véritable changement de leurs vies.

« Dans les derniers jours de cette campagne, nous pouvons encore le mener. Au moins par échange de courrier que nous communiquerions à la presse.

« Nous donnerions une belle leçon de démocratie à nos adversaires de droite et d’extrême droite.

« En l’attente de vos réponses,

« Je vous prie de croire, Chers amis, en mes sentiments les plus fraternels. »

Christian_Picquet

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