Trop, c’est trop ! Le Front de gauche doit d’urgence se réorienter
Ce 1° Mai, j’ai choisi de manifester à Paris plutôt qu’à Toulouse comme je le fais d’ordinaire. Parce que le défilé prévu entre Bastille et Nation s’annonçait comme le plus important du pays, bien sûr, mais aussi parce que je savais que mes camarades de Gauche unitaire et moi-même serions l’objet de beaucoup de questions de la part de celles et ceux qui nous font l’amitié de suivre nos activités et de partager nos idées. De fait, notre « point fixe », situé à proximité de ceux de nos partenaires, aura été le théâtre de beaucoup de discussions, à travers lesquelles bien des militants ou sympathisants du Front de gauche nous auront témoigné leur soutien.
Je ne doute pas que l’annonce, par la presse, ce 29 avril, de notre décision de suspendre notre participation aux instances nationales du Front de gauche, conjuguée à celle de ne pas faire la campagne des européennes dans trois circonscriptions de France métropolitaine ait créé la surprise. Depuis le lancement de notre construction pluraliste, GU ne s’était-elle pas constamment voulu un ferment d’unité entre ses formations, une organisation s’efforçant à chaque étape de faire franchir à notre aventure collective les obstacles qui se présentaient à elle, un lanceur d’idées et de propositions pour aller ensemble de l’avant ? Chacune et chacun de vous, mes amis qui fréquentez régulièrement ce blog, comprendra donc aisément que ce n’est pas de gaieté de cœur que nous nous sommes sentis dans l’obligation de nous transformer en… lanceur d’alerte !
La genèse de cette initiative est l’élimination de notre organisation de la composition des listes pour les élections européennes dans les circonscriptions du Nord, du Centre et de l’Île-de-France. Dans la première, les fédérations concernées du Parti communiste ont, purement et simplement, décidé de s’affranchir de l’accord national signé quelques jours auparavant et attribuant à mon amie Céline Malaisé la deuxième place sur la liste conduite par Jacky Hénin. Dans le Centre, dont la tête de liste a été attribuée au Parti de gauche, les deux organisations dominantes du Front de gauche, PCF et PG, n’ont pas même pris la peine d’inviter nos représentants départementaux aux discussions de désignation des candidats. Quant à l’Île-de France, les représentants du Parti de gauche ont opposé leur veto à la proposition que je figure en troisième position sur la liste que mènera mon ami Patrick Le Hyaric : à les en croire, je suis une sorte de porte-flingue du Parti socialiste, puisque les militantes et militants de Gauche unitaire avaient décidé, à Paris, de participer à la campagne Hidalgo pour les élections municipales.
Je ne veux pas m’attarder plus que nécessaire, ici, sur les méandres de négociations ayant duré des dizaines d’heures en vue de la composition de listes censées, à l’origine, refléter la pluralité du Front de gauche. J’en connais la complexité et je n’ignore pas qu’elles doivent toujours se dénouer par des concessions des uns et des autres. Sauf que, dans les cas évoqués, il ne se sera pas agi de concessions mais de l’élimination pure et simple d’une des trois organisations ayant porté le Front de gauche sur les fonts baptismaux. Et si nous avons décidé de réagir de manière solennelle, par une lettre ouverte aux partis du Front de gauche, c’est que les méthodes imprimant leurs marques aux relations au sein de ce dernier sont révélatrices d’une crise qui vient de franchir un nouveau seuil.