“Cap à gauche ou cap suicide”

Il faut reconnaître à François Hollande qu’il possède un don très particulier : il ne cesse de nous surprendre en aggravant, avec une constance impressionnante, une action déjà riche de régressions de toutes sortes. De sorte que, de tous les moments où le Parti socialiste aura occupé le pouvoir, seul ou en alliance avec d’autres composantes de la gauche, cette première moitié du quinquennat restera celle dont les Français, ayant mis toutes leurs forces dans la balance pour le « changement » voici deux ans et demi, ne retiendront aucun progrès de leurs conditions d’existence.

Du Front populaire, en dépit de l’affaissement moral de la majorité de ses députés ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, il demeure jusqu’à nos jours l’héritage des 40 heures, des congés payés et du droit syndical dans les entreprises. D’une Libération marquée par le programme du Conseil national de la Résistance, quoique le Guerre froide en ait ultérieurement interrompu la dynamique propulsive, nous pouvons encore nous inspirer de la promesse des « Jours heureux » et de la mise au pas des ”« féodalités financières »”, conjuguée à l’instauration entre autres de la Sécurité sociale, ce qui reste d’une actualité brûlante. Des années Mitterrand, par-delà le climat délétère qui ponctua le second septennat du refondateur du PS au congrès d’Épinay, il restera dans les mémoires le souvenir des nationalisations, de la cinquième semaine de congés payés, de l’amorce d’une baisse de la durée du travail, de la retraite à 60 ans, de l’abolition de la peine de mort et des juridictions d’exception. Du mandat de Lionel Jospin, quoique l’expérience de la « gauche plurielle » se fût achevée par la présence de Le Pen père au second tour de la présidentielle de 2002, on retiendra au moins les 35 heures ou les emplois jeunes.

De la mandature hollandaise, hormis le « mariage pour tous » – qui laissera toutefois l’amer souvenir de gouvernants paraissant dépassés par leur propre audace d’un instant –, il ne demeurera hélas qu’une déjà fort longue série de trahisons des engagements pris devant le peuple, un impressionnant mépris affiché pour la souffrance et les espoirs de celles et ceux qui avaient fait chuter Nicolas Sarkozy, alimentant dans notre société un immense désabusement.

Sur quoi débouche, en effet, ce prétendu réalisme gestionnaire dont, à tour de rôle, un François Hollande, un Jean-Marc Ayrault ou un Manuel Valls se seront employés, du moins jusqu’à une période récente, à nous dépeindre l’avenir radieux ? Sur le terrible sentiment d’une faillite absolue. C’est si vrai que nombreux auront été ceux que la formule employée par le chef de l’État lors de son dernier show télévisé, indiquant qu’il ne travaillait pas pour lui-même… mais pour son successeur, a percuté. Comme, au train où vont les choses, il est à craindre que la prochaine présidence ne fût pas vraiment de gauche, le propos sonne comme l’aveu, l’incroyable aveu, que l’élu du 6 mai 202 est désormais si persuadé de l’échec de son pari libéral, qu’il a même renoncé à délivrer le moindre message d’espérance aux Français.

DE L’AUSTÉRITÉ À LA DÉRÉGLEMENTATION À TOUT-VA

Dès que, bafouant son engagement de renégociation, le premier personnage de l’État aura consenti à ratifier le traité budgétaire imaginé par le tandem Merkel-Sarkozy, tout était dit. Le rapport Gallois devait ensuite préparer le terrain au « pacte de responsabilité » et accoucher dune gestion tout entière inspirée par la doxa imposée à la planète par les idéologues fanatisés d’un capitalisme avide. Au prix de l’évacuation de la plus petite préoccupation de justice, voire d’un minimum de compassion pour les victimes de ces décisions. Dans le même temps, développé au départ par un Manuel Valls ayant fait du ministère de l’Intérieur la base arrière de ses ambitions personnelles, l’équipe dirigeante ne devait cesser de s’identifier par un autoritarisme aux ressorts fondamentalement identiques à ceux du précédent quinquennat, face à toute forme de contestation populaire.

Une fois installée la politique de « l’offre » et de la compression drastique de la dépense publique, ces gouvernants oublieux du sort de celles et ceux qui les ont faits rois entendent s’atteler à la déréglementation de notre économie. La désignation de Monsieur Macron, petit marquis ayant fait ses classes dans les salles de marchés d’une banque d’affaire, à la place qu’occupait précédemment un Arnaud Montebourg se voulant le symbole d’un lien un tant soit peu préservé avec le peuple de gauche, révèle ce qu’est la cible de la seconde moitié du mandat présidentiel : les ”« rigidités »” dont souffrirait, paraît-il, la France.

En fidèle disciple du gourou Attali, qu’il aida à rédiger le fameux rapport remis en son temps à Nicolas Sarkozy, sa future loi de modernisation s’emploiera à briser des protections collectives et conquêtes sociales que le capital enrage depuis longtemps de ne pouvoir faire sauter. De la professionnalisation de la justice prud’homale – qui se conjuguera à la fin de sa désignation au terme d’un vote des salariés – à ”« l’assouplissement »” des 35 heures – qui, en pratique, sera le cheval de Troie d’une baisse des salaires, le patronat n’ayant plus à en passer par les contraintes de la rémunération d’heures supplémentaires –, sans oublier l’extension du travail nocturne et dominical ou la suppression des « seuils sociaux », c’est une société livrée à l’appétit sans limites des actionnaires dont on nous brosse, par petites touches, le tableau.

Et voilà que l’on apprend – application de la déploration du locataire de Bercy selon laquelle les Français n’auraient jusqu’alors subi que de ”« pseudo-réformes »” ? – la désignation de deux « experts » en charge d’un rapport, placé sous la double égide de Messieurs Emmanuel Macron et de son homologue allemand Sigmar Gabriel, censé définir ”« une feuille de route pour une réforme de la France »”. C’est le grand quotidien d’outre-Rhin ”Der Spiegel” qui en résume, par ces termes, la visée, ajoutant comme pour bien mettre les points sur les « i », que si ”« Monsieur Macron mettait ce programme en pratique, ce serait une révolution en France »”. Qu’importe après cela, au fond, que la docte réflexion de deux porte-parole de la pensée unique libérale (de seconde zone, tout de même) ne comprenne finalement pas le gel des salaires sur trois années. Cela a été démenti, dont acte, nous verrons bien. Plus important me paraît que ce fût avec la bénédiction d’un ministre allemand (social-démocrate, il est vrai, mais appliquant servilement les préceptes chers à Madame Merkel), et avec le concours d’un économiste de même nationalité, que l’une de nos principales éminences tînt à nous présenter sa vision. Voudrait-on assimiler l’action gouvernementale à une humiliation nationale constamment renouvelée que l’on ne s’y prendrait pas autrement ! Comme pour confirmer le diagnostic de Régis Debray dans son dernier pamphlet lumineux (”L’Erreur de calcul”, aux éditions du Cerf) : ”« Les progressistes proposaient naguère de rendre le monde meilleur. Ils nous enjoignent à présent de l’aimer comme il est. »” Comme pour aider, aussi, s’il le fallait encore, Madame Le Pen à faire son miel de l’écoeurement qui s’empare d’une large partie de nos concitoyens.

Tout cela ne produira, relevons-le au passage, en guise de confirmation de la petite phrase présidentielle que j’évoquais au début de cette note, aucune retombée positive sur l’activité du pays. Celui-ci affronte un contexte de stagnation de l’économie mondiale, de menaces persistantes de récession et de déflation en Europe, de destructions amplifiées d’emplois en France et de recul de l’investissement (dont les chefs d’entreprise, aux dires des ”Échos”, reconnaissent eux-mêmes qu’il reculera de 3% l’an prochain). L ‘économie de marché fonctionne ainsi, ce sont les débouchés prévisibles et les carnets de commande qui déterminent l’investissement et la création d’emplois, non les bonnes intentions affichées par des responsables gouvernementaux envers le ”« business »”. Sous ce rapport, comme le produit intérieur brut de la France stagne et qu’aucune reprise n’est prévisible pour 2015, comme les capacités de production s’avèrent déjà en forte sous-utilisation d’après toutes les indications, et comme les marchés internationaux tendent à se fermer du fait des dispositifs structurels adoptés du côté des pays émergents à commencer par la Chine (”« Le commerce mondial croît désormais moins vite que l’économie globale»”, reconnaissait” Le Monde” du 21 novembre), les décideurs économiques restent résolument insensibles aux bonnes manières de l’Élysée ou de Bercy. Sauf, bien sûr, pour revendiquer qu’on leur fît toujours plus de cadeaux, afin de préserver leurs marges et de pouvoir distribuer des dividendes en augmentation constante à leurs actionnaires…

L’ENTRE-SOI D’UNE TECHNOCRATIE AU SERVICE DES MARCHÉS

On me dira, j’en suis sûr, que les provocations du chef de file de la nouvelle aristocratie de l’argent – je veux parler de ce Monsieur Gattaz, qui veut supprimer l’impôt sur la fortune ou en finir avec le contrat à durée indéterminée, lorsqu’il ne préconise pas tranquillement de sortir la France des conventions de l’Organisation internationale du travail afin de permettre à un employeur de ne plus avoir à justifier un licenciement –, auront tout de même conduit le nouveau ministre de l’Économie à quelques recadrages destinés à redresser son image dans l’opinion. Ce théâtre d’ombres ne trompera plus grand monde. Nous sommes bel et bien en présence d’un pouvoir qui croit trouver son salut en allant chaque jour davantage au-devant des désidératas du Medef et de la finance. Autant que de ceux, naturellement, d’une Commission européenne et d’une droite conservatrice allemande qui organisent méthodiquement leur pression pour obtenir… les fameuses ”« réformes structurelles »” à l’aide desquelles Emmanuel Macron se targue précisément de vouloir bousculer les ”« archaïsmes »” français.

Remarquez bien, à cet égard, qu’emporté par son élan, le petit cénacle qui nous dirige ne recule plus devant rien. Après nous avoir vanté les mérites de la réforme territoriale qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale, au motif qu’un nombre prétendument excessif de communes ou l’existence des départements coûteraient trop cher aux finances publiques, il sera allé jusqu’à préconiser de réduire la dépense induite par… le suffrage universel. Si les députés n’avaient pas retoqué cette suggestion scélérate, incluse dans l’article 46 de la loi de finances, l’électeur n’aurait plus reçu les plates-formes des candidats par l’entremise de La Poste, à charge pour lui de les télécharger sur Internet… s’il possédait un ordinateur ou en avait simplement l’envie. Pouvait-on imaginer plus sordide dérive, surtout de la part d’un Premier ministre invoquant la République à chacune de ses sorties en ville, que cette suggestion qui aurait pratiquement abouti à l’étranglement sournois de la démocratie, basée depuis 1789 dans ce pays sur la volonté de rendre les citoyens souverains en toute chose, donc de leur permettre de participer pleinement à un débat contradictoire avant de se rendre aux urnes. À l’aune de ce misérable encouragement à l’abstentionnisme, on s’explique mieux le dédain par lequel d’aucuns contestent jusqu’au principe du référendum populaire, coupable selon eux d’offrir les moyens au peuple de désavouer leurs élites, comme cela avait été le cas le 29 mai 2005.

Ne cherchez pas plus loin les raisons pour lesquelles l’exécutif se débat, à l’instar de ses prédécesseurs de droite, dans cette lamentable série d’« affaires », qui nous fait assister à une opération foireuse, une démission ou un limogeage de ministre par semaine. Les choix faits par le président de la République dès son entrée en fonction ne peuvent se voir mis en œuvre que par des personnages à ce point convaincus que l’argent-roi est un horizon indépassable qu’ils en appliquent la philosophie à leur fonctionnement quotidien. La consanguinité liant entre elles les plus haute figures de la technocratie d’État, quelles que fussent par ailleurs leurs affinités partisanes, trouve ici son origine. Et dans ce petit monde clos, hermétiquement fermé aux préoccupations de ceux d’en bas, entre-soi où l’on se croise en se reconnaissant au moyen des mêmes codes, il apparaît normal qu’un Monsieur Jouyet, serviteur de Nicolas Sarkozy avant de revenir vers son ami le plus intime, en l’occurrence l’actuel Prince élyséen, pût rencontrer Monsieur Fillon et le plus proche collaborateur de celui-ci, ce dernier étant au demeurant l’ancien adjoint dudit Jouyet. Décidément, la V° République est bien cette machine à trahir que nous avons été nombreux à dénoncer depuis des lustres, et la notion de gauche perd toute signification lorsque ceux qui s’en revendiquent en viennent à oublier qu’elle est née de ”« la conscience de l’égalité humaine »”, pour paraphraser… Léon Blum.

C’EST L’AVENIR DE LA GAUCHE QUI EST EN JEU

Nul ne peut douter que tout cela mène le pays à la catastrophe. C’est-à-dire dans les bras d’une droite n’affichant pas d’autre vision que celle des actuels gouvernants, tout en voulant profiter de l’aubaine que leur offre le si formidable reniement de ces derniers, pour faire rendre gorge à un peuple dont elle a toujours abhorré l’attachement aux principes républicains de justice et de solidarité. Et, plus encore, dans ceux d’un Front national qui réussit à merveille à faire oublier le caractère hautement discriminatoire de son projet de société, en se faisant un plaisir de reprendre à son compte un large pan des exigences de gauche présentement piétinées par le pouvoir.

Car l’immense danger de la période dans laquelle nous sommes entrés réside dans l’absence d’alternative à gauche. Non que les éléments d’une autre politique ne fussent pas d’ores et déjà dans le débat public depuis des mois, portés par le Front de gauche autant que par les écologistes ou un très large secteur du Parti socialiste. Non que notre peuple adhérât au brouet idéologique que l’on tente de lui faire ingurgiter, à travers ce catéchisme libéral que les servants de la grand-messe cathodique célèbrent du matin au soir. Mais, en une conjoncture où le monde du travail se voit acculé, ne parvenant pas à trouver le chemin d’une convergence de ses combats, le crédit de l’alternative (ou, plus exactement la conviction qu’elle pourrait s’imposer) s’avère des plus faibles dans les consciences. Ce n’est pas pour un autre motif que la journée de manifestations initiée par le Collectif pour une alternative à l’austérité, le 15 novembre dernier, bien qu’elle fût soutenue par un large arc de forces (partis, structures syndicales, associations, personnalités…) aura réuni nettement moins de participants que sa semblable du mois d’avril. C’est par le même concours de circonstances que les composantes qui se refusent à renoncer aux principes fondateurs de la gauche ne parviennent pas à conclure entre elles le pacte dont pourraient sortir une nouvelle majorité et un nouveau gouvernement.

Je comprends que nombreux soient aujourd’hui celles et ceux qui affligent les « frondeurs » socialistes de leur impuissance à faire reculer les gouvernants sur quelque point que ce soit. J’ai, en particulier, noté que cette critique d’une attitude se résumant à la répétition d’abstentions à l’Assemblée sur les principaux projets de loi de l’exécutif se faisait plus vive dans les rangs du Parti communiste, qui aura réuni sa conférence nationale les 8 et 9 novembre. Cette exaspération s’entend de la part d’hommes et de femmes à qui, au quotidien, il revient de lutter contre une démoralisation qui va grandissant dans la société française. À ceci près qu’il ne nous faut pas oublier que les voix dissidentes, du côté de la rue de Solferino, s’avèrent déjà fort nombreuses (les députés qui se sont au moins une fois abstenus sont près de 60, et les critiques franches des décisions gouvernementales se font entendre bien au-delà de l’aile gauche estampillée du PS). Ni que ces voix se trouvent prises en étau entre une polarisation inexistante à gauche et un pouvoir les menaçant en permanence d’une dissolution de l’Assemblée, laquelle ramènerait la droite au gouvernail, placerait l’extrême droite à un niveau inégalé dans ce pays depuis la guerre, créerait simultanément les conditions d’une alliance entre le centre et la fraction libéralisée de la social-démocratie.

Ce n’est pas faute de l’avoir tant et tant écrit ici, il n’empêche, je n’en persiste pas moins. Il n’y a pas de fatalité à laisser le duo installé au sommet de l’État emmener la France et la gauche au désastre absolu. Rien n’oblige à subir le chantage d’un retour aux urnes, dès lors que la Loi fondamentale n’oblige nullement à une telle issue lorsqu’un Premier ministre est mis en minorité au Palais-Bourbon. Seule, pourtant, l’émergence d’un espoir politique peut faire basculer positivement la conjoncture française, redonner de l’énergie au mouvement social, favoriser une authentique redistribution des cartes sur le champ partidaire. La gauche anti-austérité ne peut, de ce point de vue, éviter de se poser la question de ses propres responsabilités dans le retard que prend l’ouverture d’une issue à l’impasse actuelle.

Isolément, dans un rapport de force aussi défavorable, le Front de gauche ne dispose pas des moyens de ce déverrouillage de la donne française. Même son élargissement à quelques secteurs militants portant un point de vue proche sur l’action gouvernementale, voire la seule alliance à la fraction des écologistes qui s’opposent franchement à l’austérité, n’y suffiront pas. L’enjeu réside, par conséquent, dans la construction d’une confluence suffisamment large pour dessiner une perspective de pouvoir qui paraisse accessible au plus grand nombre et puisse, de ce fait, faire sauter l’hypothèque d’une politique comme d’un gouvernement qui divisent le camp progressiste, le découragent et plombent son avenir.

L’ALTERNATIVE, C’EST AGIR ICI ET MAINTENANT

Parlons sans détour : il n’y a pas de plus grande urgence que de créer les conditions du renvoi de l’équipe Valls et de son remplacement par une entente qui, soutenue par la majorité de la gauche, prenne les mesures de salut public requises par un péril imminent. De la Bérézina à laquelle nous conduisent ceux qui se trouvent aux commandes du pays, nul ne réchappera. Quelle qu’ait été sa lucidité sur le cours de l’action publique depuis deux ans et demi. En revanche, si à partir d’un contrat de redressement social, écologique et démocratique, l’unité devenait possible entre toutes les formations aspirant à retrouver le sens du bien commun et de l’humain, le point qui définit au final la gauche, l’hôte de l’Élysée ne pourrait se dérober à la désignation d’un Premier ministre enfin en phase avec le vote de 2012. Après tout, de quelles armes, de quel pouvoir de conviction dispose-t-il encore, enfermé comme il l’est dans sa posture suranné de monarque tout en faisant l’objet d’un si profond rejet dans les classes travailleuses et populaires, excepté celui de dynamiter son camp en usant de son droit régalien de dissolution ?

Pour le formuler autrement, ce n’est pas en portant le regard sur 2017 que l’on pourra sauver la gauche de ses fossoyeurs, même avec une figure de proue qui en galvaniserait les énergies. Ni en attendant que son prochain congrès exprime l’opinion véritable des adhérents du Parti socialiste, quoique l’échéance intéresse toute la gauche au-delà de ce dernier. C’est en agissant ici et maintenant. Ouvrons donc grandes les portes et fenêtres, dégageons cet espace de débat sans préalable hors duquel la division nous paralysera tous, nous opposant les uns aux autres tout en nous promettant au même sort funeste. Jetons les bases d’assises de la gauche ayant pour dessein la définition d’un nouveau cap pour la France et au service de son peuple.

J’ai commencé à écrire ce ”post” le samedi 22 novembre, au retour d’un débat à Tulle, à l’initiative de l’association Cap à gauche, laquelle s’emploie à relayer la proposition d’un ”« pacte majoritaire »” avancée par le regroupement Gauche avenir auquel, vous le savez, je participe nationalement. Grâce à ce rendez-vous corrézien, j’aurai pu vérifier, par-delà l’échange avec l’ami Gérard Filoche et un représentant régional d’Europe écologie-Les Verts, combien l’attente était grande, d’un bout à l’autre de l’Hexagone. Dans la salle, sans le moindre souci de touiller sans fin des querelles subalternes, se mêlaient avec sérieux et fraternité des hommes et des femmes issus de toutes les traditions de la gauche. L’un des inspirateurs de cette réunion, Georges Martel, l’avait introduite en résumant fort justement l’enjeu du moment que nous vivons : ”« Cap à gauche ou cap suicide. »” Je reprends totalement la formule à mon compte..

Christian_Picquet

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