Barrer la route des départements à la droite et à l’extrême droite
Il n’y a lieu, ce soir, ni de se réjouir, ni d’exprimer un lâche soulagement… Les résultats du premier tour des élections départementales confirment en effet que la République et la gauche sont à l’heure de tous les dangers.
Bien sûr, grâce à une participation en hausse, le Front national ne sera pas parvenu à être le premier parti de France à ces élections départementales. Encore que, si l’on décompose les résultats de chacun des partis composant les alliances formées autour de l’UMP et du Parti socialiste, le parti de Madame Le Pen, qui se présentait seul, obtient des scores comparables à ses concurrents et adversaires.
Premier enseignement de ce rendez-vous politique : en dépit du discours ultralibéral qu’elle aura affiché ces dernières semaines et de ses surenchères aux connotations xénophobes avec l’extrême droite, l’alliance de toutes les composantes de la droite arrive largement en tête. Elle avait conquis un très grand nombre de communes l’an passé, elle est désormais en passe de contrôler la plus grande partie de nos départements.
Deuxième enseignement : bien que son score ne soit pas à la mesure de ses espoirs, l’extrême droite réalise tout de même une poussée historique pour un scrutin départemental. Elle se qualifie pour le second tour dans de très nombreux cantons et confirme son statut de force de pouvoir.
Troisième enseignement : quoi que vienne d’en dire Manuel Valls, la gauche subit à l’inverse une sévère défaite. Toutes composantes confondues, elle semble devoir être éliminée des seconds tours dans des centaines de cantons et elle est menacée de perdre la plus grande partie des départements qu’elle dirigeait jusqu’alors.
C’est, de toute évidence, la politique suivie au sommet de l’État depuis 2012 qui a conduit à ce qu’il faut bien appeler un désastre.
L’austérité, les cadeaux sans fin au grand patronat ou à la finance, la soumission aux injonctions de Bruxelles et du pouvoir conservateur allemand auront épuisé le pays. Ils auront creusé les inégalités, désespéré les Français, nourri un sentiment grandissant d’humiliation nationale et de dignité bafouée, généré une rage impuissante et divisé la gauche comme jamais.
Malheureusement, si ses candidats résistent souvent bien, ni le Front de gauche, ni Europe écologie-Les Verts n’apparaissent comme une alternative politique crédible. Il faudra, au lendemain de ce scrutin, en tirer toutes les leçons afin de réorienter des choix stratégiques qui n’apparaissent pas à la hauteur de la situation et des aspirations du peuple.
C’est un changement radical de politique dont la gauche a besoin pour, tout à la fois, retrouver le peuple et rouvrir un chemin d’espoir au pays
En attendant, le 29 mars, il importe de barrer la route des départements à une droite revancharde et à une extrême droite haineuse. Se félicitant de son succès, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas tardé à annoncer que, victorieux, ses représentants remettraient en cause les dispositifs de solidarité dont les populations ont pourtant le plus grand besoin.
Partout où il sera au second tour, il faut empêcher le FN de conquérir des cantons.
Et, là où ce sera encore possible, un rassemblement sans exclusives doit s’opérer sur la candidature de gauche qui aura pu se qualifier. Sans, évidemment, absoudre le gouvernement d’une gestion responsable aujourd’hui d’un désastre politique, mais avec pour seul souci d’éviter à nos concitoyens une double peine : l’austérité au niveau national, la démolition des politiques publiques à l’échelon départemental.
En d’autres termes, dimanche prochain, aucune hésitation, aucune tergiversation ne sont imaginables.