Les 12 et 19 juin, le vote Nupes pour battre Macron

Cette campagne, atone comme aucune de celles qui l’auront précédée pour le renouvellement du Palais-Bourbon, est d’ores et déjà à considérer comme une nouvelle étape, d’importance majeure, de la crise française. La raison première d’un climat rendant parfaitement incertain l’issue du scrutin, chacune et chacun la connaît : reproduisant l’entreprise de dépolitisation du débat électoral à laquelle il s’était déjà livré à l’occasion de la présidentielle, Emmanuel Macron se sera d’un bout à l’autre employé à répandre du brouillard. L’objectif ? Dissuader l’électorat qui pourrait en avoir envie de se rendre aux urnes pour le sanctionner et, à l’inverse, mobiliser son camp qui, pour minoritaire qu’il fût dans le pays, ne manque jamais de soutenir le champion des ultrariches.

Ainsi aura-t-on vu ce président réélu par défaut, à la seule faveur du sursaut civique de millions d’hommes et de femmes soucieux de barrer le chemin du pouvoir à l’extrême droite, étendre dans le temps le processus de désignation de sa nouvelle Première ministre et de son équipe, jusqu’au moment où les contraintes légales de l’expression électorale lui auront fourni l’alibi commode pour ne pas avoir à répondre aux questions de la presse sur son programme des prochains mois. Puis émettre des messages plus alambiqués les uns que les autres à propos de la contre-réforme annoncée du système des retraites, pour finalement annoncer qu’elle entrerait en vigueur — quoi qu’il en coûte socialement… — à l’été 2023. Enfin, laisser Madame Borne multiplier les propos lénifiants à propos de la future loi qu’elle envisage de déposer sur le pouvoir d’achat qui, à bien écouter, évacuera la question-clé de l’augmentation des salaires pour se limiter à distribuer des primes ou des chèques « ciblés », atténuant a minima les effets de la hausse des prix pour les plus fragiles sans pour autant prémunir un large pan du salariat et des classes moyennes de la dégradation de leur niveau de vie.

LE « TAPIS DE BOMBES » EN PRÉPARATION

Dans le secret de l’état-major élyséen, la détermination demeure intacte, n’ayons aucun doute à ce propos. Et c’est Monsieur Le Gendre, petit personnage à la suffisance aussi impressionnante que son inconsistance politique — n’avait-il pas, en 2018, prétendu que le seul défaut des macronistes consistait à être « trop intelligents, trop subtils » ? —, qui aura vendu la mèche récemment en expliquant : « Pour gagner les élections législatives, on ne peut pas refaire une campagne nationale. (…) Après les élections, en juillet, viendra la mise en oeuvre d’une feuille de route radicale et profonde, et là ce sera le tapis de bombes. »

Nous le pressentions, l’inénarrable Le Gendre — comme, d’ailleurs, le ministre de l’Économie — le confirment : demain, si les gouvernants actuels retrouvaient une majorité absolue à l’Assemblée nationale, le peuple français verrait s’abattre sur lui l’allongement de l’âge du départ à la retraite, le rattrapage des efforts un temps consentis par l’État pour limiter les retombées de l’inflation sur le niveau de vie des classes populaires, la fin du « quoi qu’il en coûte » et le retour au paiement par le plus grand nombre d’une dette publique ayant explosé depuis la pandémie du Covid-19, la réactivation dans ce cadre d’une politique brutalement restrictive des dépenses publiques en réponse aux injonctions en ce sens de la Commission européenne, la reprise de l’austérité pour les services publics et des assauts livrés contre eux par de puissants géants du privé, la résurgence massive du dogme de la profitabilité financière avec son cortège de fermetures d’entreprises et de délocalisations, l’amplification de la précarité pour les jeunes et une large partie du monde du travail…  

Pour écraser la société française sous ledit « tapis de bombes », le Prince croit toujours, comme en 2017, en la vertu d’une posture bonapartiste. S’exprimant d’ailleurs lors d’un Conseil des ministres, il sera même allé jusqu’à avertir son clan : « On m’a souvent surnommé Jupiter, mais je vais devenir Héphaïstos, je vais forger. » L’évocation du dieu du feu et de la métallurgie dans la mythologie grecque révèle au plus haut point une vision toujours aussi verticaliste de la gestion des affaires de l’État. 

Moins que jamais, le résident de la rue du faubourg Saint-Honoré n’entend chercher à combler le fossé de plus en plus profond entre les Français et les mécanismes de la représentation démocratique. Peu lui chaut de redonner du pouvoir au Parlement, de renouer le lien avec les élus locaux et les « corps intermédiaires », ou de confier au corps citoyen  de nouveaux droits lui permettant de concourir effectivement à l’élaboration de la loi. À cet égard, l’annonce de la création à venir d’un « Conseil national de la refondation », évocation furtive du CNR des années noires de l’occupation, et auquel serait confié le « rassemblement de la nation » autour des priorités présidentielles (c’est en ces termes qu’Emmanuel Macron en définissait la mission, dans son entretien avec la presse quotidienne régionale, ce 4 juin), exprime d’évidence la volonté de poursuivre l’oeuvre de dévitalisation des Assemblées et de marginalisation du Cese (le Conseil économique, social et environnemental, au sein duquel travaillent pourtant les forces vives de la société), dans le seul but de doter le Prince d’une instance totalement soumise à ses besoins de communication, et tout aussi dépourvue de moyens de soumettre ses propositions à la représentation nationale que feue la Convention citoyenne pour le climat.

Soulignons, à ce propos, à quel point le cynisme s’avère la marque de la Macronie. Le Conseil national de la Résistance avait jeté les bases de la reconstruction nationale et du relèvement de la République à partir d’un programme ambitieux de refoulement des grandes féodalités économiques et financières, de conquêtes progressistes dont le symbole reste jusqu’à nos jours la Sécurité sociale. La tentative d’annexer la mémoire des « Jours heureux », grâce auxquels la Résistance unie avait su redonner espoir à la France, pour lancer un gadget appelé à accompagner des régressions sociales odieuses, par surcroît à un moment où l’urgence consisterait plutôt à convaincre le pays de l’importance d’une Assemblée à laquelle il revient de faire la loi, est tout simplement insupportable.

DANSE AU-DESSUS D’UN VOLCAN

Tout cela relèverait d’un grand classique si nous n’étions pas entrés de plain-pied dans une période historique aussi nouvelle que d’une gravité extrême. La guerre larvée que se livrent les puissances occidentales et le Kremlin en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine achève de faire entrer la globalisation capitaliste, déjà ébranlée par deux krachs financiers, une catastrophe climatique s’aggravant de jour en jour et la pandémie planétaire des deux dernières années, dans un processus de fragmentation aiguë : « Le monde ne converge plus, il diverge », écrivait récemment David Brooks, l’éditorialiste du New York Times. Dans le même temps, soulignant que le modèle néolibéral se retrouve à l’agonie, l’économie mondiale se prépare à affronter le choc d’une inflation durable doublée d’une récession de plus en plus probable, ce qui est généralement désigné sous le nom de « stagflation ». 

Cela annonce l’approfondissement inexorable de la crise sociale qui mine l’Hexagone à l’instar de ses voisins, pouvoir d’achat en berne, emploi sacrifié et précarisation galopante du travail venant un peu plus dégrader les conditions d’existence populaires. La rupture d’une large partie de la population avec les mécanismes de la représentation politique va s’en trouver aggravée d’autant, la crise démocratique dont il est si fréquent de parler ces temps-ci recouvrant en fait un authentique effondrement des repères en fonction desquels les peuples s’orientèrent longtemps : « Au coeur du malaise contemporain, il y a l’incapacité à penser le monde selon des catégories politiques qui donnent l’espoir de le transformer », écrit très justement Jean-Marie Guéhenno, l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, avant d’ajouter : « Cette illisibilité du monde explique pour une bonne part le déclin de la politique traditionnelle, et le scepticisme à l’égard des programmes politiques des partis classiques » (in Le Premier XXI° siècle, Flammarion 2021).

Nous touchons là à la racine profonde de l’incertitude qui plombe la campagne de ces législatives françaises. La réélection d’Emmanuel Macron, le 24 avril, ne l’aura pourvu que d’une majorité de circonstances, la frange de l’électorat soutenant son programme — en gros, celle que les dégâts de la mondialisation du capital auront épargnée jusqu’à présent — ne dépassant pas le tiers des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle. Une situation inédite sous la V° République, qui renvoie au fait que notre classe dirigeante aborde une nouvelle période historique, de convulsions majeures de l’ordre planétaire, sans disposer d’un projet, d’un nouveau paradigme, qui lui permettraient d’unir autour d’elle un bloc social et politique suffisamment large pour espérer imposer à un pays éruptif des solutions dont il ne veut pas, à commencer par le passage à 65 ans de l’âge du départ à la retraite. 

Point n’est besoin d’aller chercher ailleurs les raisons du flou que l’exécutif entretient sur ses véritables intentions, soucieux qu’il est d’éviter de soulever dès à présent, à son encontre, une vague de rejet qui hypothèquerait la réélection d’une majorité de ses député. Là également se situe l’origine du manque d’élan handicapant les campagnes des candidats de la coalition « Ensemble ! », réunissant les divers courants de l’arc présidentiel. 

L’hôte de l’Élysée n’en escompte pas moins retrouver le ressort de son entreprise de dévastation sociale dans la recomposition de l’ensemble de la droite autour de sa personne. La désintégration du parti Les Républicains, amplifiée par l’échec de Madame Pécresse le 10 avril, peut en effet lui laisser escompter, de ce côté, des ralliements attirés par une politique au seul service du capital. Cela ne saurait toutefois suffire à assurer une légitimité à des contre-réformes que le pays rejettent massivement. D’où l’attitude agressive du monarque, ces derniers jours, dénonçant le programme de la gauche unie en des termes visant à susciter un réflexe de peur dans une partie du corps électoral. S’ouvre devant nous une phase d’instabilité et de secousses sans précédent depuis l’agonie de la IV° République, voici 64 ans.

LES DÉFIS DE L’UNION À GAUCHE

Face à une conjoncture à ce point chaotique, le besoin ne s’est jamais fait aussi pressant d’ouvrir une perspective d’espoir au monde du travail, aux classes populaires, à la jeunesse. La bonne nouvelle de cette campagne aura, de ce point de vue, été la constitution de la « Nouvelle union populaire écologique et sociale », réunissant toutes les formations de gauche et les écologistes. Preuve vient ainsi d’être administrée, relevons-le au passage, que la défense par chacun des partis concernés de son projet à l’occasion du scrutin présidentiel n’interdisait d’aucune manière de se retrouver autour d’un accord pour les législatives. C’était d’ailleurs le sens de la proposition de « pacte d’engagements législatifs communs », formulée par le Parti communiste français dès le printemps 2021. 

Bien sûr, la Nupes se sera formée sur la base d’un rapport de force quelque peu déformé par le « vote utile » du premier tour de la présidentielle, j’analysais ce phénomène dans mon introduction aux travaux du conseil national du PCF, le 14 avril. Il aura, pour cette raison, fallu aux communistes consentir d’importants sacrifices pour permettre l’unité, en ne présentant par exemple qu’une cinquantaine de candidates et candidats en France métropolitaine.

Le plus important était néanmoins que le désir d’union, exprimé par l’électorat de gauche, s’avère satisfait face aux périls qui menacent la France. Que nos concitoyennes et concitoyens puissent voir leurs vies changer dès cet été, si une nouvelle majorité est en situation d’accéder aux commandes et porte résolument la hausse du Smic et des salaires, le relèvement des pensions, un revenu pour les étudiants, la reconquête des services publics, des dispositions remettant concrètement en question la toute-puissance du capital et l’injustice fiscale, de nouveaux pouvoirs pour citoyens et salariés dans la perspective d’une VI° République. Que la progression de la gauche à la présidentielle, grâce au score obtenu par Jean-Luc Mélenchon et également aux 800 000 voix recueillies par Fabien Roussel, permette de replacer l’opposition entre droite et gauche au centre de la vie publique, effaçant des années d’un climat idéologique émollient. 

Ces objectifs étant maintenant acquis, le verdict des urnes devrait ce dimanche permettre aux représentants et représentantes de la Nupes de se qualifier pour le second tour dans des centaines de circonscriptions. Une victoire de la gauche, le 19 juin, sera naturellement difficile à atteindre, tant l’équilibre des forces entre droite, extrême droite et gauche demeure favorable aux deux premières. Elle n’en est pas moins parfaitement envisageable dans la configuration d’une crise française inédite. Ce n’est pas pour rien qu’un vent d’inquiétude a commencé de souffler sur l’Élysée et ses partisans, à mesure que se rapprochait l’échéance du premier tour, et que les macronistes percevaient l’exécration qu’ils provoquent sur le terrain.

Le plus grand défi à relever sera bien sûr l’abstention populaire, estimée par Ipsos-Sopra-Steria entre 52 et 56% du corps électoral. Voilà qui, encore et toujours, nous ramène à un identique constat : échaudés par tant de trahisons subies, découragés par des alternances  ayant reproduit des politiques identiques, parfois enclins à traduire leur colère en soutien à leurs pires adversaires, de larges segments du peuple de France ne parviennent plus à s’identifier à quelque vote que ce soit. Ce que Jérôme Jaffré, le directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, traduit en ces termes alarmants : « Après le vote sous contrainte du 24 avril, beaucoup de Français n’ont l’envie d’aucune majorité. Pas de majorité pour Macron qui lui donnerait un blanc-seing pour cinq ans. Encore moins le souhait d’une majorité pour Mélenchon, avec une gauche très minoritaire dans le pays » (Le Figaro, 8 juin 2022).

Que nous parvenions à mettre Emmanuel Macron et la droite en minorité, ce qui restaurerait la confiance au sein d’un mouvement populaire connaissant de sérieuses difficultés depuis des années, ou que la gauche doive se contenter de gagner de nombreux sièges dans le futur Hémicycle, il nous reviendra d’entrer dans une bataille de longue haleine. La coalition des forces de gauche et écologistes à laquelle nous sommes parvenus, comme la présentation de candidatures uniques dans chaque circonscription — ce qui ne s’était jamais produit jusqu’alors — ne représentent que les prolégomènes de la reconstruction de notre camp.

CHANTIERS POUR UNE RECONSTRUCTION

Qu’il fût ou non fondé, le pronostic de Jérôme Jaffré désigne le chemin qu’il va nous falloir emprunter pour bâtir, à terme, le bloc des classes et forces sociales ayant un commun intérêt à dépasser un modèle libéral-capitaliste qui conduit le globe au précipice. Reconquérir les hommes et les femmes qui ne disposent que de leur travail pour vivre, qui se trouvent relégués dans la ruralité ou les périphéries urbaines, qui se voient atomisés à travers une kyrielle de petites et moyennes entreprises, qui doutent de ce fait de leurs capacités à devenir les acteurs d’une rupture avec l’ordre dominant : tel est le premier maillon de la stratégie pouvant nous mener à une majorité politique durable. 

Avant qu’il ne change d’avis, François Mitterrand avait pu dire, en 1981, que son élection résultait de la rencontre entre la majorité sociologique de la nation et sa majorité politique. Quels que soient nos résultats, ce dimanche et le suivant, l’objectif restera de bâtir cette vaste convergence sociale et politique, qui pourra seule nous permettre de disputer à la finance le pouvoir sur l’économie et sur l’État. Y parvenir supposera de porter notre ambition très au-delà des secteurs de l’électorat que nous avons su mobiliser à la faveur de la campagne pour la présidentielle, et de ne pas nous contenter des soutiens — même s’ils se révèlent un acquis d’ores et déjà précieux — dont bénéficient présentement la Nupes, aux plans syndical et associatif, comme dans le monde des arts et des idées. Tant d’énergies sont encore à gagner au combat transformateur… Dans l’histoire, celui-ci se sera toujours hissé à la hauteur des enjeux en s’adossant à un mouvement social puissant, sachant préserver son indépendance d’action et de décision, sans pour autant se dérober à la construction commune du meilleur rapport de force possible pour défaire les puissances d’argent.

Les débats qui traversent la gauche trouvent ici leur sens. C’est pour cette raison qu’il convient de les poursuivre, dans la fraternité des comportements et dans l’objectif d’affermir le rassemblement en ses fondements. Autour de la candidature de Fabien Roussel, les communistes auront défendu des objectifs à leurs yeux essentiels. Ils auront, par exemple, particulièrement insisté sur la nécessité de se doter de moyens financiers et de pouvoirs à la mesure des propositions sociales et écologiques qu’ils mettent en avant. 

Ils auront tenu à placer le travail et l’emploi au coeur des politiques publiques à déployer, en sécurisant notamment l’emploi et la formation tout au long de la vie. Ils se seront engagés pour la retraite à 60 ans, non en se contentant de plaider en faveur des 40 annuités permettant de bénéficier d’une pension à taux plein, mais en intégrant les périodes d’études et de non travail dans le calcul des années de cotisation nécessaires. Face aux enjeux de souveraineté énergétique auxquels nous confronte la crise du monde capitaliste, ils auront avancé l’exigence d’un nouveau modèle de développement, solidaire et écologique, disposant en son coeur d’un mix énergétique nucléaire-renouvelable. Ils auront été les porte-parole d’une refondation de la République, afin de la rendre effectivement sociale, laïque, universaliste et démocratique. Ils en auront, en ce sens, imaginé les grands leviers : la reconstruction du service public partout et pour tous et toutes ; l’appropriation publique et sociale d’une série de secteurs clés de l’économie ; la formation d’un pôle financier public, reposant sur la nationalisation de banques privées et d’une compagnie d’assurance, dans le but de réorienter le crédit et de pouvoir conduire une politique réellement transformatrice ; la réindustrialisation des territoires sur des critères aussi sociaux qu’écologiques ; une démocratie politique autant que sociale, offrant aux citoyens comme aux travailleurs de réels moyens d’intervention sur les grands choix d’avenir ;  une action résolue en faveur de la tranquillité publique et d’un lien retissé entre la police républicaine, la justice, et les populations ; la volonté de rendre à la France une voix forte et indépendante, afin de faire entendre par-delà ses frontières une logique de paix et de coopération entre les peuples…

Tous ces points sont toujours d’une brûlante actualité. Certains ont trouvé place dans le « programme partagé » de la coalition. D’autres font partie des désaccords recensés parmi les 650 mesures proposées aux Français. Rien là que de très naturel ! De même que la création de la Nupes ne pouvait, à elle seule, régler les questions essentielles de  stratégie se posant à la gauche, elle n’a pas mis fin à la confrontation des idées et des propositions, dont devra sortir demain une union élargie et de nature à arracher d’autres avancées. Raison pour laquelle le pluralisme et le respect mutuel doivent rester de mise entre les partis impliqués, loin de toute tentation hégémonique et de toute pratique du fait accompli.

Plus elle gagne en influence, plus l’alliance des forces progressistes alimente les conjectures. Aux yeux de certains commentateurs, la Nupes devrait imploser sitôt le rendez-vous électoral passé, tandis que pour les autres c’est la dissolution des identités à gauche qui devrait s’imposer au bénéfice du parti de Jean-Luc Mélenchon. Le devenir de la coalition ne saurait s’appréhender à travers ce genre d’alternative  binaire.

De par les termes mêmes de l’accord qui l’a fondée, la Nupes n’a pas vocation à fondre en son sein des organisations qui se sont regroupées pour proposer une nouvelle voie au pays, à l’occasion de ces législatives. Pour parler sans détours, je continue à penser que sa diversité est la richesse de la gauche et qu’elle est, au surplus, la garantie de sa progression au-delà de l’échéance de ce printemps. C’est dire si l’indépendance de chacune des composantes, et des communistes pour ce qui les concerne, ne saurait être comprise comme une posture conservatrice, mais au contraire comme le moyen de faire jouer, en toute transparence, les synergies entre des projets ayant leurs propres spécificités, au service de l’intérêt général de notre camp et du monde du travail. D’ailleurs, insoumis, socialistes, écologistes et communistes auront dès le départ convenu de disposer, dans la prochaine Assemblée, de leurs propres groupes, la concertation entre ceux-ci s’exerçant dans le cadre d’un intergroupe.

Bref, une page nouvelle de l’histoire de ce pays et de la gauche est en train de s’écrire. Beaucoup auront retrouvé le sourire grâce au processus unissant les forces de gauche. La tâche de l’heure est de transformer un espoir en vote, pour envoyer de très nombreux députés à l’Assemblée, voire pour empêcher Monsieur Macron de nuire en lui opposant la détermination d’un gouvernement mandaté pour faire l’inverse de ce que lui et les siens préparaient. À deux jours du scrutin, chaque heure compte : il nous revient d’aller au devant des hésitants, de les convaincre de voter pour les hommes et les femmes portant les couleurs arc-en-ciel de la Nupes.

Christian_Picquet

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