“Quelle issue à la crise politique et sociale ?”
À la demande de sa rédaction, je viens de donner à l’Humanité une tribune répondant à la question : « Retraites : quelle issue à la crise sociale et politique ? » Quelques heures après que l’intersyndicale, conviée à Matignon par la Première ministre, ait dû une nouvelle fois constater l’intransigeance du pouvoir — je devrais d’ailleurs parler plutôt d’arrogance —, et quitter de ce fait la table de ce qui n’était pas une négociation, j’ai pensé que cette réflexion sur l’issue politique à offrir à la crise de régime désormais ouverte était de nature à nourrir les échanges entre forces politiques et sociales progressistes. Je vous la livre donc…
” Nous vivons, en France, ce qu’il ne faut pas hésiter à appeler une crise de régime. Où le divorce entre gouvernés et gouvernants atteint des sommets inégalés depuis longtemps. Où, par delà le rejet de la retraite à 64 ans, se coalise l’ensemble des résistances populaires : la protection sociale, les salaires et le pouvoir d’achat, l’emploi et le sens du travail, l’exigence de services publics au service de l’intérêt général, l’aspiration à un autre avenir pour la jeunesse… Où l’exaspération, cristallisée autour d’une union syndicale conduisant le mouvement social avec calme et détermination, exprime une overdose d’inégalités. Où les structures partisanes de la classe possédante révèlent leur incapacité absolue de proposer un projet rassemblant une majorité de Françaises et de Français. Où la V° République, et ses institutions imaginées pour pérenniser une présidence monarchique, s’avèrent en total décalage avec l’aspiration démocratique du peuple.
” Pour le dire autrement, deux légitimés se font face : celle du monde du travail, qui entraîne avec lui la plupart de catégories populaires ; et celle, réduite à sa plus simple expression, d’un pouvoir élu par défaut voici moins d’un an, qui s’efforce avec obstination de répondre aux exigences des marchés financiers. Une réalité qui vient attester que l’accès de l’extrême droite aux responsabilités n’a rien d’inéluctable, alors que tant de commentateurs l’annoncent comme presque certaine. Une majorité de progrès existe bel et bien dans notre pays, et il appartient aux forces de gauche et écologistes de lui proposer une perspective d’espoir.
” D’abord, en relayant l’exigence du retrait de la contre-réforme des retraites portée par l’intersyndicale, en faisant bloc avec cette dernière, en respectant ses choix, et en usant de tous les moyens politiques possibles pour mettre la Macronie en échec. Jusqu’au recours au référendum d’initiative partagée, afin que les citoyennes et les citoyens ne soient pas privés de leur souveraineté par un président piétinant sans vergogne les principes de la République…
” Ensuite, en menant résolument la bataille des idées, afin de montrer que des propositions novatrices existent pour répondre aux aspirations populaires et en finir avec une politique au service exclusif du capital. C’est ce que, pour leur part, les communistes ont fait dans la présente bataille des retraites.
” Enfin, en dessinant les contours d’une alternative de progrès, qui rassemble la gauche dans le respect de toutes ses composantes, travaille avec les organisations syndicales, et porte une plate-forme de propositions redonnant toute sa place à la démocratie sociale.
” C’est le sens de la proposition de Fabien Roussel de s’atteler à la construction d’un nouveau pacte populaire, de redressement social et démocratique de la France, en vue d’aboutir à une nouvelle majorité et à un gouvernement de la gauche et des écologistes agissant au plus près des revendications du mouvement social.
“Bref, être à la hauteur de ce moment historique, c’est être à l’écoute de la majorité populaire qui défie présentement Emmanuel Macron, afin de lui permettre de devenir la future majorité politique du pays.”