C’est le sprint final…
En ce lundi de Pentecôte, j’ai observé une trêve… dans la ronde des meetings. J’en ai profité pour récapituler les événements d’une semaine qui aura été exténuante, mais palpitante. Mardi 26 mai, avec Marie-George Buffet et Marc Dolez, nous étions à Martigues. Beau succès : 2 300 personnes. Le 28, je faisais escale, cette fois avec l’ami Francis Wurtz et François Delapierre, à Clermond-Ferrand. Il y avait un petit millier de personnes dans la salle, et j’ai eu le plaisir de revoir bien des visages amis, à commencer par celui de mon camarade Serge Vasset, figure du syndicalisme cheminot, qui a accepté de porter la parole de la Gauche unitaire dans le département du Puy-de-Dôme. Vendredi, c’était Lyon, de nouveau avec Marie-George et François. 800 à 1 000 personnes rassemblées à la Bourse du travail, ce n’est pas rien, à la veille du grand pont de la Pentecôte et lorsque l’on se souvient que le grand meeting final de la campagne du « non » de gauche, en 2005, n’avait guère réuni plus de 1 2OO personnes. Dimanche, passage par Saint-Nazaire, pour la fête annuelle du Parti communiste, qui avait ouvert son meeting de clôture au Front de gauche. Là, sous un soleil ardent, ils étaient près de 2 000 à nous écouter, Jacques Généreux, la tête de liste dans le Grand Ouest, Marie-George Buffet et moi-même, argumenter sur le caractère décisif des derniers jours de campagne. Révélateur de l’atmosphère médiatique dans laquelle baigne cette compétition électorale, en dépit d’une assistance fournie (qui avait échappé à la tentation des plages voisines), aucun journaliste n’avait fait le déplacement, à l’exception d’un caméraman de TF1…
Je n’oublierai pas, dans le récit de mon périple printanier, les réunions de plus petite envergure auxquelles j’ai participé. Elles sont tout aussi intéressantes, par la qualité des débats qui s’y nouent. Je me serai ainsi rendu, le 27 mai, à une rencontre avec les étudiants de la faculté parisienne de Censier (à l’invitation des étudiants communistes), puis à une soirée avec le Front de gauche de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Samedi 30, entre deux voyages en région, j’ai participé à un sympathique apéritif-banquet en plein centre de Stains.
De tous ces moments de fraternité partagés, je retire le sentiment que quelque chose se passe dans les profondeurs du pays. Jour après jour, la dynamique de mobilisation des équipes militantes se confirme. Certes, elle n’est pas de même nature, ni de même ampleur, que la campagne référendaire de 2005 (à ce propos, vous avez remarqué que presque personne », dans les grands médias, n’a rappelé le quatrième anniversaire de ce gigantesque « coup de tonnerre en dehors évidemment du Front de gauche, qui en est en quelque sorte l’héritier direct). Il n’en reste pas moins qu’une sorte de joie s’empare à présent des salles, le plaisir de se retrouver ensemble a fini de dissiper totalement les hésitations – bien normales, au demeurant – des débuts de la bataille, il flotte un peu partout un peu de ce parfum si caractéristique de l’aventure du 29 Mai. En général, les participants sortent « dopés » de toutes ces belles soirées. Je ne l’imagine pas, ce sont eux qui tiennent à venir nous l’exprimer. Quel plus beau compliment peut-on d’ailleurs vous faire, à vous, l’orateur d’un soir, que de vous dire que votre propos a donné encore plus de « pêche » à celles et ceux qui l’ont reçu… Et quel plus beau signe d’espoir imaginer que celui qui donne envie aux hommes et aux femmes réunis… de parler de l’avenir, de la solidité du front, de l’ambition majoritaire dont doit se doter la gauche de transformation.
Cela dit, ce n’est pas seulement au sein des équipes militantes qu’un frémissement se devine. C’est dans le fait que, désormais, dans toutes les salles, on compte des socialistes, des adhérents ou militants du NPA, des syndicalistes et autres acteurs du mouvement social. Le premier cercle de la gauche… Ceux-là, souvent venus pour se forger une opinion sur ce Front de gauche que les médias effacent généralement de la photo, ne sont pas les moins réceptifs à la démarche que les orateurs dépeignent, avec sans doute des approches différentes qui ne font toutefois que souligner une évidente complémentarité. Au-delà, c’est dans le peuple de gauche lui-même que l’intérêt se manifeste de manière croissante. Quoique nous soyons souvent exclus des plateaux de télévision (au point que la question se pose désormais, en de nombreuses régions, d’envahir ces chaînes du service public qui censurent honteusement l’une des principales listes présentes dans la compétition), les sondages (avec l’approximation qu’on leur connaît) doivent bien reconnaître l’évidence : nous sommes les seuls candidats à progresser avec constance (en compagnie du Modem, mais les intentions de vote au profit de ce dernier s’avèrent, elles, assez fluctuantes). Au fond, comme me le faisait remarquer, ce lundi, un journaliste, nous aurons peut-être davantage bénéficié qu’on ne pourrait le croire, de l’hostilité à peine dissimulée des faiseurs d’opinion… Ce serait un formidable pied de nez à ces Importants, pour parler à la manière du philosophe Alain, qui, comme en 2005, n’ont toujours pas saisi l’esprit de rébellion antilibérale qui agite la société française.
Pas de relâchement toutefois ! Les derniers jours vont être les plus décisifs. Chaque voix compte, dans un scrutin comme celui-ci, à un seul tour et à la proportionnelle. À l’étiage où nous mettent les sondages à présent, c’est parfois entre l’UMP et le Front de gauche que peut se jouer un élu. Souvenons-nous, à ce propos, qu’en 2004, l’une des listes que soutenait le Parti communiste avait manqué l’élection d’une de ses têtes de liste… d’une voix par bureau de vote. Autant dire que l’action de terrain fera la différence. Pour faire reculer l’abstention populaire, pour transformer le mouvement de sympathie que nous sentons monter autour de nous en concrétisation dans les urnes, pour convaincre autour de soi que le vote Front de gauche sera le seul vote utile pour quiconque veut reconstruire une vraie gauche dans ce pays et en Europe.
Cette bataille est essentielle. Le Front de gauche est, en effet, le seul à vouloir traduire, simultanément, le désir de rupture avec les politiques capitalistes qui ont placé la planète au bord de l’abîme, et l’esprit d’unité qui imprègne toutes les mobilisations d’un mouvement social aujourd’hui soutenu par une majorité de la population. Sans emphase, demain s’écrit aujourd’hui. C’est un peu du sort de la gauche, ces prochaines années, qui se joue dans le résultat de l’alliance du Parti communiste, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire.