Entre Palestiniens et Israéliens, un chemin de paix reste possible
Il se pourrait que nous soyons, au Proche-Orient, à l’aube d’un tournant de situation, même si, au terme de onze jours de combats et de tensions extrêmes, un cessez-le-feu aura pu être conclu. Prenons, pour cette raison, très au sérieux la montée des enchères sur la terre de Palestine, et sachons plus précisément déconstruire le récit dont le pouvoir israélien en place est à l’origine, relayé qu’il se trouve par les puissances occidentales et des médias faisant fi de toutes les règles de leur déontologie professionnelle.
L’embrasement des derniers jours n’aura, en effet, pas eu pour point de départ les tirs de roquettes sur des villes israéliennes, dont le Hamas aurait pris l’initiative depuis Gaza. L’enchaînement des violences aura, en fait, été déclenché par la stratégie cyniquement provocatrice de Benyamin Netanyahou. Tout aura débuté lorsque ses forces de sécurité auront interdit à de jeunes Palestiniens de se réunir sur l’Esplanade des mosquées, après que des membres de l’extrême droite ultrasioniste, au premier rang desquels les héritiers du rabbin raciste Meïr Kahane — aujourd’hui disparu — aient organisé de véritables ratonnades aux cris de « Mort aux Arabes », et avant que la police ait pénétré dans la mosquée Al-Aqsa, noyant les fidèles sous les gaz lacrymogènes.
Les provocations répétées, depuis des mois, de la droite et de l’extrême droite israéliennes, marquées notamment par l’expulsion des familles palestiniennes du quartier Sheikh Jarrah, entendaient signifier à ses habitants arabes que Jérusalem-Est était, sans retour en arrière possible, annexée à sa partie occidentale pour devenir la capitale unifiée d’Israël. Elles auront ravivé un incendie qui ne faisait que couver.
Que Monsieur Netanyahou, et les États-Unis qui l’assurent de leur indéfectible appui en dépit du changement de locataire à la Maison Blanche, puissent à présent laisser s’exprimer leur surprise devant la tournure des événements, s’avère des plus révélateurs. Ils pensaient avoir définitivement enterré la question palestinienne, l’absorption accélérée de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est s’opérant sans réactions majeures des territoires occupés tandis que, conclus sous l’égide de Donald Trump, les Accords d’Avraham avec les Émirats se voyaient présentés comme l’amorce d’une redistribution géopolitique des cartes régionales, censée apporter à Tel-Aviv le soutien d’une partie des monarchies pétrolières du Golfe. Ils se montraient si persuadés que la cause palestinienne avait perdu sa « centralité » dans le monde arabo-musulman qu’ils n’avaient pas hésité à laisser l’extrême droite, arrivée en force à la Knesset à l’occasion des élections générales du 23 mars, tester un début de nettoyage ethnique de Jérusalem et de certaines villes de Cisjordanie.
UNE DOUBLE NOUVEAUTÉ…
L’histoire ne leur avait manifestement pas appris qu’une question nationale laissée sans perspective de règlement politique ne s’éteignait jamais, mais qu’elle se transformait inexorablement en bourbier sanglant. Ainsi, l’équipe installée à la tête d’Israël se découvre-t-elle maintenant confrontée à un double phénomène, rendant l’avenir parfaitement imprévisible.
Il s’agit, en premier lieu, de l’irruption d’une jeunesse qui, parce qu’elle n’aura jamais connu l’espoir d’une solution politique à la revendication d’autodétermination des Palestiniens, fait à toute vitesse l’expérience d’un mouvement pouvant rapidement muer en une troisième Intifada. Le caractère symbolique de l’éviction de familles palestiniennes, a fortiori au coeur de cette capitale historique autant que spirituelle qu’est Jérusalem, n’aura fait que précipiter les prises de conscience, ces événements réveillant la mémoire de la « Nakba » de 1948, lorsque quelque 300 000 Arabes avaient pris le chemin de l’exode pour fuir la toute jeune armée israélienne, se transformant en réfugiés dont le sort n’est toujours pas réglé des décennies plus tard (ils ont, depuis, été rejoints par les exilés de la guerre de 1967). Dans le même temps, on assiste à l‘éclatement des contradictions qui minent en profondeur la société israélienne, ce qui se traduit par les violents affrontements mettant aux prises Juifs et Arabes citoyens d’Israël, jusqu’à voir se répéter dans plusieurs villes des scènes de lynchage.
Elias Sanbar peut donc, à juste titre, parler d’une « nouveauté historique », dès lors, comme il le dit, que « le mouvement a traversé la ligne verte ». Et l’ambassadeur de la Palestine à l’Unesco de préciser : « Une jonction vient de se faire entre toutes les composantes du corps national palestinien : les exilés, les habitants des territoires occupés, ceux de Jérusalem et les Palestiniens en Israël. L’apprenti sorcier Netanyahou vient de contribuer à la constitution d’un corps national palestinien » (Libération, 17 mai 2021).
De son côté, une figure du « camp de la paix» israélien, Ilan Greilsammer, complète l’analyse en constatant, presque surpris, que la citoyenneté officiellement octroyée aux descendants des Palestiniens demeurés dans les frontières d’Israël après 1948 recouvrait des discriminations qui en ont fait une population de seconde zone : « La soi-disant ‘’israélisation’’ des jeunes Arabes israéliens, sans cesse représentée comme un succès, était une vision fausse, superficielle et surtout autosatisfaite de ce qui se passait en réalité. La réalité, c’est d’abord et surtout le sous-développement économique et social et la pauvreté d’une grande partie de cette population, le manque criant d’infrastructures de base dans les villages et les quartiers arabes, la discrimination évidente engendrant l’amertume et la jalousie, et aussi, comme dans bien d’autres sociétés arabes, l’impact croissant du militantisme religieux et l’influence de l’islamisme constamment diffusé dans les mosquées » (Le Monde, 18 mai 2021).
… ET LES IMPASSES POLITIQUES DE PART ET D’AUTRE
Ce qui eût pu marquer une bifurcation porteuse d’espoir se heurte toutefois aux impasses politiques dans lesquelles se retrouvent les territoires sous occupation autant que l’État d’Israël. Plus de 70 ans de négation de la réalité nationale palestinienne, et 44 ans de colonisation des zones conquises par Tsahal à l’issue de la guerre des Six-Jours, suivis de la destruction systématisée des quelques ouvertures que les Accords d’Oslo avaient laissé entrevoir sur le chemin d’un État de plein droit pour les Palestiniens, auront laissé exsangue une Autorité à l’autonomie réduite comme peau de chagrin. Une Autorité que son extrême bureaucratisation aura, au demeurant, si profondément coupée d’une majorité de Palestiniens que Mahmoud Abbas aura préféré, dernièrement, annuler les élections au Conseil national palestinien plutôt que de risquer une défaite cinglante.
En face, la vie politique israélienne n’aura cessé de se balkaniser ces dernières années. Si elle s’est droitisée au point que les diverses composantes de la gauche ne représentent plus que 16% des sièges à la Knesset renouvelée en mars dernier, le discrédit d’un Benyamin Netanyahou, poursuivi par la justice pour des affaires gravissimes de corruption, aura fini par interdire au Likoud et à ses alliés extrémistes ou ultra-orthodoxes de disposer d’une majorité parlementaire. Pour autant, il n’existe aucune autre solution politique en mesure d’assurer la relève.
Un semblable contexte, chacun le comprendra, est de nature à favoriser toutes les surenchères. Bien que lui-même fût dans une impasse, et qu’il se vît désormais concurrencé par des factions islamistes encore plus radicales, le Hamas aura saisi l’opportunité de revenir au premier plan du jeu régional, en déclenchant depuis Gaza le tir de milliers de roquettes infiniment plus sophistiquées que lors des précédentes confrontations, ce qui aura placé les villes israéliennes frappées dans une situation d’insécurité qu’elles n’avaient pas connue depuis longtemps. Pour sa part, en déchaînant toute la puissance meurtrière de son armée sur Gaza, enclave transformée depuis des années en prison à ciel ouvert, au prix de centaines de victimes, au premier rang desquels des civils et des enfants, le pouvoir de Netanyahou tente d’assurer sa survie institutionnelle. On devine qu’il espère que la configuration guerrière lui permît de convoquer un nouveau scrutin (ce serait le cinquième en quelques années) et, cette fois, d’en sortir vainqueur.
Peut-être ce scénario funeste se confirmera-t-il et permettra-t-il à l’équipe la plus réactionnaire qu’Israël ait connu depuis sa création — quelques jours avant les dernières législatives, le grand quotidien Haaretz écrivait que, victorieux, un nouveau gouvernement Netanyahou serait « le plus extrémiste, ultranationaliste, raciste et farouchement religieux » — de se maintenir en fonction. Ce serait alors au prix de la liquidation de ce qu’il demeure d’État de droit dans ce pays, l’actuel Premier ministre ne cachant pas son intention d’éradiquer les contre-pouvoirs judiciaires et de renforcer considérablement ses pouvoirs de coercition intérieure, d’assujettissement des territoires palestiniens et de guerre avec son environnement, le régime des mollahs iraniens restant sa bête noire.
ISRAËL AU DÉFI DE SON DEVENIR
Surtout, il en résulterait un ébranlement inédit des fondements que le projet sioniste des origines, tel que théorisé par un Theodor Herzl ou un David Ben Gourion, avait donné à Israël. Ou l’anéantissement de toute perspective de voir un jour se constituer un État palestinien aux côtés d’Israël amènera l’officialisation d’un apartheid privant définitivement de leurs droits fondamentaux des millions d’hommes et de femmes — la loi « État-nation » adoptée en 2018 le préfigure, en décrétant que « seul le peuple juif a droit à l’autodétermination en Israël ». Ou il faudra à l’État israélien se poser la question d’intégrer sa composante palestinienne, à égalité de droits avec ses citoyens juifs, rendant ces derniers rapidement minoritaires compte tenu des réalités démographiques. Une alternative dont on imagine sans peine qu’elle peut placer devant de terribles convulsions les deux peuples qui se partagent la même terre.
L’achèvement de la mutation —hélas engagée — d’Israël en un État institutionnalisant l’exclusion de millions de ses résidents lui ferait perdre ce qu’il lui reste de légitimité internationale : sa création avait été, en dehors du monde arabe et des populations palestiniennes évincées de leurs terres et de leurs villages, largement soutenue par les opinions démocratiques en ce que ce nouveau pays apparaissait comme un refuge pour une partie des Juifs rescapés de la Shoah et ne se sentant plus à même de pouvoir vivre en sûreté ailleurs dans le monde, singulièrement en Europe.
À l’inverse, on peut douter de la viabilité d’un État israélien se transformant en réalité pluri-ethnique voire binationale : après tant de décennies d’épreuves où le sang aura été si abondamment versé, on conçoit que la coexistence dans un cadre institutionnel commun n’irait pas de soi, les Palestiniens aspirant nécessairement — et légitimement — à devenir indépendants dans un État qui fût le leur, les Israéliens n’étant pas pour leur part prêts à renoncer à leur construction nationale.
Qu’on le veuille ou non, la seule solution réaliste demeure, par conséquent, celle des deux États, se partageant Jérusalem comme capitales, dans les frontières de 1967. En d’autres termes, il s’agit de restaurer les Palestiniens dans la souveraineté dont ils ont été spoliés sur une terre qu’il leur faut partager avec leur voisin, dans des conditions qui leur offrent continuité territoriale et accès à l’eau comme aux ressources naturelles (c’est-à-dire ce que le processus en cours d’annexion s’emploie à rendre impossible). Ce qui devrait donc passer par l’arrêt des implantations de colonies israéliennes, et au surplus s’accompagner de la libération de prisonniers politiques palestiniens et d’une solution négociée au problème des réfugiés de 1948 et 1967.
L’ENJEU D’UNE INTERVENTION INTERNATIONALE
J’entends, je lis, un scepticisme grandissant lorsque l’on évoque un tel horizon. Ce 20 mai encore, Les Échos titraient par exemple leur page « Idées et débats » : « Israël-Palestine ou l’impossible deuxième État. » Tout l’enjeu réside, en fait, dans la volonté de la communauté internationale, et plus particulièrement des principale puissances qui verrouillent l’Assemblée générale des Nations unies, d’imposer aux dirigeants israéliens — quels qu’ils fussent, d’ailleurs, les prédécesseurs de Benyamin Netanyahou ayant, après l’assassinat de Yitzhak Rabin, contribué à la catastrophe actuelle — de renoncer à leur politique du fait accompli.
Au point où les deux peuples se trouvent présentement rendus, c’est par la négociation qu’il sera possible de redéfinir un équilibre permettant à deux questions nationales en belligérance de coexister un jour en paix. Je partage, ici encore, le point de vue d’Elias Sanbar quand il s’efforce de tracer un possible chemin dans cette direction : « Une voie de sortie existe. Elle imposerait aux grandes puissances qui disent oeuvrer pour la paix de faire preuve de lucidité. L’urgence est d’instaurer l’égalité à la table des négociations. Tout découlerait de deux règles : réciprocité et simultanéité. Je fais un pas, tu fais un pas et simultanément » (Libération, 17 mai 2021). C’est, de ce point de vue, que l’exigence de protection internationale des Palestiniens acquiert toute sa pertinence.
La France a un rôle éminent à jouer pour tenter de sortir de la tragédie. Elle est une puissance méditerranéenne, elle possède une histoire commune (quoique tourmentée) avec le monde arabe, sa Grande Révolution y a donné à la République des principes d’égalité et d’universalité des droits humains qui portent toujours très au-delà de ses frontières. Son Assemblée nationale a voté la reconnaissance de l’État de Palestine en décembre 2014, rendre cette décision effective vaudrait à présent sanction de la politique des gouvernants israéliens et refus de l’inertie de la communauté des nations.
L’attitude du président de la République, qui apporte implicitement son appui aux dirigeants israéliens et qui feint de refuser une prétendue « importation » du conflit dans notre Hexagone pour mieux interdire l’expression des partisans de la paix dans le rues de Paris, n’en est que plus insupportable. Car elle rompt, plus brutalement que ne l’avaient fait les deux précédents résidents de l’Élysée, et sans doute à des fins bassement électoralistes, avec ce qui avait été la ligne officielle de notre pays, depuis Charles de Gaulle jusqu’à Jacques Chirac.
ICI, NOS RESPONSABILITÉS SONT IMMENSES
Il est, pour cette raison de la responsabilité du mouvement de solidarité, et des organisations qui y participent, d’intensifier la pression sur ces gouvernants hypocrites et lâches. Ce ne sera possible que s’il est capable, comme il l’aura fait dans le passé, d’entraîner avec lui une large majorité de l’opinion française, afin que le rapport des forces devînt contraignant pour Emmanuel Macron. Ce qui lui impose de ne jamais s’écarter de son objectif premier, une paix juste et durable entre les Palestiniens et les Israéliens, et de combattre les dérives prétendument radicales (et authentiquement antisémites) dans lesquelles d’aucuns pourraient être tentés de l’entraîner.
Le climat, on le sait, se fait ici de plus en plus lourd. L’ignominie et les crimes sont sont victimes les Palestiniens exacerbent les sentiments d’humiliation dans une partie de notre société. Tout devient prétexte, chez certains, aux amalgames dévastateurs et, chez d’autres, à la stigmatisation de nos compatriotes originaires de l’immigration ou à la dénonciation des complaisances supposées de la gauche avec l’islamisme. Dans la dernière livraison du Point, son directeur, Étienne Gernelle, y va d’ailleurs de son commentaire inspiré, fustigeant la « puissance (d’un) antisémitisme à peine voilé ». « Arrêtons d’ergoter, écrit-il, l’obsession, pour beaucoup, ne résulte pas des — réelles — souffrance des habitants de Gaza, mais de la haine des Juifs. Parfois de manière ouverte, souvent en utilisant le mot de rechange, celui de sionistes » (Le Point, 20 mai 2021).
Osant sans vergogne tous les amalgames, des partisans des orientations de l’ultradroite israélienne n’hésitent plus, dans un appel récent, à en revenir à l’époque où l’on niait jusqu’à l’existence d’un peuple palestinien. L’un des signataires de ce libelle aux relents racistes, l’ancien Premier ministre de François Hollande, j’ai cité Manuel Valls, n’hésite ainsi pas à asséner : « Bernard-Henri Lévy a raison quand il dit que s’il y avait un État palestinien, ce serait un État terroriste » (Le Monde, 22 mai 2021). Comme si ce n’était pas l’injustice sans cesse répétée qui nourrissait le terrorisme ! Et comme si ce n’était pas la volonté obstinée d’empêcher une solution négociée qui avait permis au Hamas et à ses semblables fondamentalistes de conquérir une aussi forte position chez les Palestiniens, après que le processus d’Oslo ait été consciencieusement dynamité !
Sachons apprécier correctement le défi qu’il nous faut relever. Ignorer la réalité de l’antisémitisme qui remonte en puissance, et laisser instruire des procès comme ceux où s’aventurent Messieurs Gernelle ou Valls, représenteraient une faute politique majeure. La meilleure des réponses réside dans notre détermination à faire prévaloir un dénouement conforme au droit international. Même si la guerre dévaste la Palestine depuis des lustres, même si la haine (celle des partisans de Nétanyahou, qui rêvent si ostensiblement de déclencher une vaste chasse aux Arabes, ou celle d’islamistes pressés de rayer Israël de la carte) s’est au fil du temps enkystée, les deux peuples aspirent à une existence apaisée. Les Israéliens sont en train de mesurer de quel mensonge on voulait les rendre prisonniers en leur faisant croire que le problème palestinien était réglé, tandis que les Palestiniens font l’expérience qu’ils sont toujours une force dont dépend in fine le sort de toute la région, pour peu qu’ils sachent regagner le soutien des peuples de la planète.
Le chef actuel du Likoud s’avère le lointain successeur de Menahem Begin, dont le groupe clandestin, en 1948, s’était rendu coupable du massacre de Deir Yassin, village arabe dont 240 hommes, femmes et enfants avaient été exécutés. En décembre de cette année-là, Hannah Arendt, Albert Einstein et d’autres intellectuels avaient, dans le New York Times, publié une lettre ouverte dans laquelle ils accusaient ces terroristes rattachés à la branche dite « révisionniste » du sionisme d’avoir « prêché à l’intérieur de la communauté juive une idéologie qui était un mélange d’ultranationalisme, de mysticisme religieux et de propagande d’inspiration raciste ». Intervenant alors aux États-Unis, ils y exhortaient les Juifs à prendre conscience des « dangers qui résultent pour Israël d’un soutien » à ce qu’ils désignaient comme une « nouvelle expression du fascisme » (in Hannah Arendt, Auschwitz et Jérusalem, Presses Pocket 1993). Eux voyaient loin, hélas. Bien plus loin que ceux dont l’aveuglement précipite maintenant les Israéliens dans la même trappe sanglante que leurs voisins palestiniens.