Après la Fête, donnons une nouvelle impulsion au Front de gauche
Je reviens à ce blog pour traiter des principaux enseignements de la Fête de ”l’Humanité”. Ceux-ci se confondent, bien évidemment, avec le débat dont la presse se fait amplement l’écho : le Front de gauche saura-t-il se montrer à la hauteur de l’espoir qu’il aura suscité avec sa campagne des élections européennes ?
En début de semaine, c’était la direction du Parti de gauche qui exposait, dans un communiqué, ses souhaits de clarification de la démarche à suivre en vue du scrutin régional de l’an prochain. Hier, je lisais dans ”Politis” les articles que Denis Sieffert et Michel Soudais ont consacrés au problème sous le titre « Le Front de gauche, jusqu’où ? » Tout en reconnaissant que ”« c’est assurément de ce côté, et dans ce cadre, qu’une histoire différente peut s’écrire aujourd’hui »”, le directeur de l’hebdomadaire y manifeste néanmoins un certain scepticisme envers ce qu’il considère être ”« le choix cornélien qui s’offre aux dirigeants du PCF »”. Comme une réponse implicite, Marie-George Buffet donne ce matin une longue interview à ”l’Humanité”, sous un titre propre à rassurer ceux qui douteraient de la volonté unitaire de son parti : « Il faut que le Front de gauche soit durable. »
Une Fête d’un très bon cru…
Je vais, dans un instant, aborder les points soulevés par toutes ces contributions. Je veux cependant commencer par ce grand succès que fut l’édition 2009 de la Fête.
À l’instant où je prends la plume, le plus immense rassemblement populaire de France aura fermé ses portes depuis presque une semaine. Il n’aura pas seulement, comme à l’accoutumée, sonné la rentrée de la gauche et du mouvement social. Il aura pulvérisé ses records d’entrées (600 000 participants, m’a dit l’ami Le Hyaric, qui préside toujours aux destinées du journal fondé par Jaurès), témoigné de la profondeur de la colère sociale, attesté des attentes qui se manifestent dans les profondeurs du pays et, surtout, reflété l’amorce d’un changement de climat du côté de ces milliers d’hommes et de femmes aspirant au renouvellement radical de l’offre politique à gauche. D’évidence, nous aurons été là en présence d’une nouvelle manifestation de « l’effet Front de gauche »…
Pour mes camarades de Gauche unitaire, comme pour moi-même, cette échéance avait quelque chose de particulier. Ces dernières années, nombre d’entre nous participions aux trois jours de La Courneuve comme courant minoritaire – et unitaire ! – de la LCR, donc comme partie d’une formation dont nous ne partagions plus les orientations politiques et la stratégie. Cette fois, c’est sous la bannière du mouvement créé à l’occasion de notre entrée collective dans le Front de gauche que nous étions présents. Avec, à notre actif, six mois tout juste d’existence… Cela fut, pour toutes et tous, littéralement épuisant, tant montage et démontage du stand, veilles de nuit à l’intérieur de ce dernier, accueil du public jusqu’à des heures tardives (surtout le samedi soir, avec la prestation sympathique du groupe nancéen « Mal’s Evil Cats »), organisation de plusieurs débats quotidiens, réception des invités et amis de passage vous soumettent à un stress de tous les instants. Il n’empêche ! Dimanche soir, je n’aurai lu que du plaisir sur les visages harassés de mes amis. Ils devaient constater une satisfaction identique sur mes traits aussi tirés que les leurs…
Merci donc à elles et à eux d’avoir relevé le défi de cette première apparition nationale de notre si jeune organisation. Merci, du même coup, à la direction de la Fête ainsi qu’aux communistes de nous avoir si fraternellement accueillis. Merci également à Marie-George Buffet d’avoir tenu à nous rendre visite, dimanche matin, presque à l’heure du petit-déjeuner, et de nous avoir assuré de l’importance que revêtaient à ses yeux les nouveaux liens tissés entre nos deux courants tout au long de l’exaltante campagne des élections européennes.
De tous les – petits – événements ayant marqué la vie de notre stand trois journées durant, j’en retiendrai tout particulièrement un. Nous avions tenu à ce que se tienne une confrontation entre jeunes des trois composantes du Front de gauche. Le secrétaire national de la Jeunesse communiste et un représentant du secteur jeunes du Parti de gauche avaient donc fait le déplacement, pour dialoguer avec mon camarade Julien Vicaine. Des militants de la Jeunesse ouvrière chrétienne, ou encore de l’Unef et du NPA, s’exprimèrent dans la discussion, du moins à ce j’ai pu en voir avant de m’éclipser pour d’autres obligations. Avec, pour principal effet, une rencontre, qui devait se dérouler en cette fin de semaine, entre jeunes des trois organisations du Front, en vue d’initiatives conjointes. Voilà, vraiment, une nouvelle excellente à l’heure où il serait si nécessaire que la jeunesse entre massivement en lice contre une droite qui porte quotidiennement atteinte à ses conditions d’existence, jusqu’à s’en prendre au droit fondamental à l’éducation, mais redoute plus que tout la dynamique que pourrait revêtir une mobilisation des facs, des lycées et des jeunes travailleurs.
Stratégie, alliances, perspectives électorales
Mais venons-en au sujet qui alimente tant de supputations dans la presse et au sein de la gauche. Ne le dissimulons pas, un débat traverse le Front de gauche, une certaine cacophonie se manifeste entre les trois composantes de la campagne des européennes et cela s’exprime dans la presse, des malentendus se font même parfois jour. J’ai encore eu l’occasion de le vérifier personnellement lors du débat du samedi 12, en fin d’après-midi, organisé au stand du Parti de gauche sur le thème : « L’alliance durable de l’autre gauche, une solution pour battre la droite. » J’en étais, sortant à peine de l’échange entre l’ensemble des composantes de la gauche, qui s’était déroulé à l’Agora de ”l’Huma”. A la tribune, il y avait Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, ainsi que des responsables des Alternatifs et du NPA. Et j’aurai eu le désagrément d’entendre l’ami Jean-Luc me prêter des positions qui n’étaient nullement celles que je venais d’exposer, ce dont il n’est guère coutumier et qui traduit les crispations du moment, c’est pourquoi je ne m’en offusque pas.
Rien, ici, qui soit de nature à provoquer une réelle inquiétude. Comme je l’ai fait ce week-end à plusieurs reprises, et en ne craignant pas de me répéter dans ces colonnes, je suis convaincu que la construction que nous avons initiée à trois, Parti communiste, Parti de gauche et Gauche unitaire, est aussi inédite qu’originale. Elle rassemble, en effet, des courants qui s’affrontèrent durement par le passé, et se veut pour ce motif respectueuse de l’identité de chacun. Si l’avenir n’est pas écrit – je milite pour ma part, depuis longtemps, pour que l’on s’acheminât vers une sorte de Die Linke à la française, ce qui n’est pas actuellement le choix majoritaire de nos camarades communistes -, la démarche que nous avons, d’un commun accord, retenue consiste à progresser à la chaleur de l’expérience. Il n’est donc ni étonnant, ni détonant, que chaque échéance rencontrée fasse l’objet de discussions pas toujours simples et d’ajustements, chacun ayant à décider souverainement en fonction de la stratégie pour laquelle ses adhérents ont optée.
Il n’est que de se souvenir des débuts et de l’aboutissement de la campagne des élections européennes. Si, lors du mémorable meeting du Zénith, le 8 mars, d’aucuns préféraient une convergence ponctuelle tandis que les autres imaginaient déjà un regroupement durable, la dynamique de la bataille politique, la vérification pratique de la solidité de l’accord souscris à trois, la fraternité engendrée par l’engagement conjoint des équipes militantes de terrain permirent, au soir des résultats, que tous se prononcent pour la pérennisation, l’élargissement, l’enracinement du Front de gauche.
Qui pourrait à présent imaginer revenir en arrière, ruiner le début d’espoir que nous avons fait naître ? Cette rentrée ne fait que souligner une nouvelle donne aux retombées possiblement dévastatrices. La crise historique du capitalisme, loin d’être achevée, s’avère menaçante pour le devenir même de l’humanité, appelant des solutions radicales en tout point opposées aux logiques passées d’accompagnement du modèle néolibéral. Partout, et en France singulièrement, les droites demeurent à l’initiative, en dépit de la faillite patente du projet de société dont elles vantaient jusqu’alors les vertus, dans la seule mesure où elles n’ont face à elles, du côté des forces progressistes, pas d’adversaire en mesure d’affronter les défis de la nouvelle époque. La colère sociale, qui se manifesta ces derniers mois en un mouvement populaire sans précédent depuis longtemps, voient ses exigences soutenues par une large majorité de l’opinion, mais elle éprouve les pires difficultés à trouver un second souffle faute de débouché politique porteur d’espérance. La gauche, enfin, s’avère menacée des mêmes déboires catastrophiques que son homologue italienne, du fait de la mutation dorénavant irréversible de sa force dominante, le Parti socialiste, en un centre gauche qui rompt avec l’héritage des combats émancipateurs du passé pour ne plus chercher son salut que dans des alliances à droite.
Voilà bien ce qui fait la place essentielle et la force propulsive du Front de gauche. Vouloir sauver la gauche ! S’atteler à la reconstruction d’une perspective d’ensemble ! Faire vivre une gauche de gauche, récusant simultanément l’abandon des ouvertures contre-nature au Modem autant que l’ambition rabougrie d’un regroupement qui se limiterait aux seuls révolutionnaires ! Ancrer cette gauche de combat au cœur de la gauche, la tourner vers l’ensemble du peuple de gauche dans sa diversité et vers les acteurs du mouvement social, la doter des moyens de conquérir l’hégémonie idéologique au sein de la gauche ! Jeter, ce faisant, les jalons d’une future majorité politique tournant le dos aux alternances calamiteuses d’un passé encore proche pour rouvrir le chemin à une transformation profonde de la société !
Que disent, au regard de ce grand dessein qui nous fait converger, le Parti communiste et le Parti de gauche ? Ce vendredi 18 septembre, dans ”l’Humanité”, Marie-George Buffet précise ses positions. Pour être franc, j’y trouve un formidable motif d’optimisme. Que l’on me permette donc de citer, un peu longuement, cet important entretien. À propos de l’avenir, elle dit : ”« Nous voulons un Front qui vive et grandisse avec les formations qui le composent. Nous n’avons jamais souhaité que nos formations se fondent. Nous voulons faire vivre nos partis. Mais le Front de gauche doit se développer, se tourner vers d’autres. Si nous le figeons, nous le figerons à 7%. Mon but n’est pas de témoigner, mais d’agir. »” Concernant les « ateliers » dont le PCF propose l’organisation, elle indique : ”« Le Front de gauche a vocation à devenir majoritaire. Mon idée est très claire. Nous proposons aux organisations fondatrices du Front de gauche de se réunir rapidement, dès la semaine prochaine, pour préparer ces ateliers. Travaillons déjà entre membres fondateurs, éventuellement même à une plate-forme partagée pour aller à ces ateliers avec des propositions communes sur les grands sujets. Mais invitons bien toutes les autres organisations à en débattre, et surtout toutes les femmes et les hommes de gauche. Et attachons-nous bien à ancrer cette confrontation d’idées à partir des grandes revendications et des exigences portées par le mouvement social. »” S’agissant des relations à nouer avec le PS, elle revient sur ses objectifs : ”« Parlons des socialistes. Des dirigeants du PS, des présidents de région se tournent vers un parti de droite appelé Modem.” […] ”Mais il y a aussi des millions d’hommes et de femmes, des militants, des élus et des électeurs socialistes qui ont envie d’être de cette gauche que nous portons avec le Front de gauche. Doit-on, parce que certains tendent la main aux libéraux, élever des barrières entre nous et ces socialistes ? Je ne suis pas d’accord avec cela. »” Quant à la stratégie électorale, elle décrit l’état de la réflexion des communistes : ”« Nous ferons une offre politique sur le rassemblement que nous souhaitons pour le premier tour lors du conseil national du 24 octobre. Je précise d’ores et déjà que, pour le deuxième tour, la gauche sera rassemblée pour barrer la route à la droite et construire des majorités pour gérer les régions à gauche. »”
De son côté, la direction du PG avait auparavant rendu publique une longue déclaration : ”« Pour notre part, nous avons proposé que le Front de gauche pour les élections européennes devienne un Front de gauche durable, présent dans les luttes et dans les urnes, lors des prochaines élections régionales, présidentielle et législatives. Cette grande ambition n’est pas compatible avec une alliance de premier tour avec le Parti socialiste. Car l’objectif du Front de gauche est justement de passer en tête de la gauche pour lui permettre de sortir de l’impasse des primaires et des logiques d’accompagnement du capitalisme portes par le PS. […] C’est pourquoi nous avons dit que le Front de gauche ne tiendrait pas d’ateliers avec le PS qui auraient pour objet de discuter d’une ou de plusieurs plates-formes partagées avec ce parti. »”
On le voit, la discussion se noue actuellement autour de deux problèmes étroitement liés : le rapport au Parti socialiste et la configuration du premier tour des régionales. Sur ces deux points, il est urgent de faire la clarté.
Clarifions et avançons ensemble
Il existe présentement, ainsi que nous le répétons depuis des années, deux orientations irréductiblement opposées à gauche. Les dernières semaines n’auront fait que confirmer la pertinence de ce point de vue. D’un côté, s’affirme l’exigence de rupture avec un système dont la faillite n’est plus à démontrer ; de l’autre, se poursuit l’irrésistible dérive d’une logique d’accompagnement qui amène ses partisans à ne rigoureusement plus rien proposer aux classes populaires et même, maintenant, à vouloir dissoudre la distinction entre la droite et la gauche. Sauf à tenter de marier l’eau et le feu, elles ne peuvent se concilier dans un même programme, se fondre dans des majorités identiques. Il convient de savoir quelle ligne s’impose et il n’est d’autre méthode pour le déterminer que de confier au peuple, au moyen du suffrage universel, le soin de trancher. Toute autre problématique, au plan national comme à l’échelon des collectivités territoriales, serait de nature à renouveler en pire les impasses et échecs où se sont fracassées les attentes du monde du travail. La gauche de transformation ne saurait, pour cette raison, ni se contenter d’être la butte témoin d’une vraie politique de changement, ni se considérer comme le simple aiguillon de sociaux-libéraux qui se montrent de moins en moins sociaux et de plus en plus libéraux. Elle doit viser à conquérir la majorité à gauche pour devenir majoritaire dans le pays sur une claire visée d’alternative.
Pour autant, pour que fussent pleinement mis en évidence les choix en présence, il n’est d’autre moyen que la confrontation publique. La refondation d’une gauche digne de ce nom, se détournant de la facilité des postures de témoignage, suppose de s’adresser d’un même mouvement aux citoyens et acteurs sociaux ainsi qu’aux militants et sympathisants des autres formations de gauche, jusqu’aux socialistes et aux écologistes. Non, encore une fois, pour aboutir à une synthèse a minima, à une plate-forme partagée nous liant aux directions d’organisations avec lesquelles les désaccords se font chaque jour plus profonds, mais afin de gagner le plus grand nombre possible de secteurs militants à un projet de rupture antilibérale et anticapitaliste. Refuser par principe toute discussion, propositions contre propositions, avec le Parti socialiste ou Europe écologie, comme j’entendais un dirigeant du NPA le souhaiter à la Fête de ”l’Humanité”, serait non seulement infantile mais mortifère.
Cela m’amène à quelques suggestions. À entendre ou lire ce que disent ou écrivent communistes ou “pégistes”, à considérer ce que défend de son côté notre Gauche unitaire, il me paraît possible d’avancer sans plus tarder sur les points suivants :
1. Puisque les uns et les autres, nous en appelons à un front durable, dans les mobilisations et pour les élections, constituons donc dès à présent un comité de liaison permanent du Front de gauche. Élargissons ce dernier à toutes les forces qui sont prêtes, d’ores et déjà, à le rejoindre. Et si l’idée, formulée par le PG, d’un ”« paquet »” pour les trois échéances électorales à venir ne réalise pas à ce stade le consensus, vérifions pas à pas qu’il est possible d’appréhender ensemble chaque rendez-vous qui se présente, de la votation citoyenne du 3 octobre en faveur du service public postal au scrutin des régionales. C’est aussi de cette manière qu’il nous sera possible d’agir dans la durée…
2. Engageons-nous, dans la foulée, dans des campagnes tournées vers l’opinion et les salariés, afin de répondre aux urgences sociales et écologiques du moment. Les occasions ne manqueront pas de défendre ensemble, par exemple, le contenu des trois propositions de loi déposées par les parlementaires du PCF et du PG en mai dernier. Ou encore d’affirmer une écologie de transformation sociale à l’occasion du sommet de Copenhague sur le changement climatique. C’est d’ailleurs ce dont nous avions convenu, dans la déclaration conjointe du 11 juillet.
3. Mettons-nous au travail, comme Front de gauche, en vue d’élaborer une plate-forme vraiment « partagée » dès lors qu’elle refléterait l’accord qui nous a réunis pour les élections européennes sur une orientation de rupture avec les logiques capitalistes. Une telle plate-forme devrait impérativement dessiner les grands axes de l’alternative indispensable pour battre la droite et répondre aux attentes qui montent de la société.
4. Portons conjointement les mesures résultant de cette réflexion dans un vaste débat, co-organisé par les différentes composantes du Front de gauche (ce qui serait déjà, en soi, source de dynamique clarificatrice), et ouvert à l’ensemble de la gauche. Considérée sous ce rapport, la méthode des « ateliers », avancée par le Parti communiste, peut aider à sortir le débat à gauche des gesticulations discréditantes qui le caractérisent actuellement, pour le recentrer sur les contenus et orientations en présence à gauche.
Resterait, naturellement, la question du premier tour des régionales. De ce que j’ai pu écrire ci-dessus ou dans mes notes précédentes, chacun comprend qu’avec mes camarades de Gauche unitaire, nous militons activement en faveur de listes autonomes du Front de gauche, formées de concert avec toutes les forces partageant les mêmes objectifs. À charge pour ces listes, au second tour, de rechercher des fusions destinées conserver à gauche les régions, sur la base de l’indépendance respective de chacune des listes ayant été en compétition au premier, en fonction du rapport des forces établi par les électeurs, et à l’exclusion de tout accord avec le Modem.
Cette question, je veux tout de suite le préciser, ne saurait se confondre avec un autre débat, celui qui porte sur la participation aux exécutifs de régions au sein desquelles les sociaux-libéraux demeureraient dominants. La majorité dirigeante du NPA paraît encline à en faire la condition d’un accord portant sur la constitution de listes de la gauche de gauche au premier tour. Si elle persistait dans cette intention, il s’agirait de toute évidence d’un faux prétexte pour se dérober à l’unité, selon une procédure qui l’a déjà amené au cavalier seul des européennes. Oui, un faux prétexte, car c’est sur la présentation autonome que se focalise un choix d’avenir essentiel : ou la gauche de gauche entreprend de battre pratiquement, à gauche, les dérives libérales et la tentation des alliances au centre, et il lui faut s’afficher sous sa propre bannière ; ou elle réduit ”in extremis” son ambition à un calcul électoral de court terme, et cela lui interdira de mettre en œuvre réellement la démarche conquérante que défend à juste titre Marie-George Buffet dans l’interview citée précédemment. La discussion sur les exécutifs est, au regard de cet enjeu, seconde et il sera toujours temps de la mener ultérieurement.
Sur cette dimension décisive du premier tour, les communistes ne formuleront, on le sait, une ”« offre nationale »” que dans un mois, après consultation de leurs adhérents. Ce décalage entre les rythmes de décision des uns et des autres ne saurait être objet de paralysie. Prenons donc le temps qui se révèle nécessaire pour aboutir, d’autant qu’il est visible que la volonté de listes autonomes de premier tour gagne en audience, du moins à ce qu’il me semble, auprès des militantes et militants, dirigeantes et dirigeants du PCF. Travaillons, dans l’intervalle, selon la « feuille de route » dont nous nous étions dotés au mois de juillet, en formant immédiatement un groupe du Front de gauche chargé de dégager les contours de politiques alternatives pour les régions.
En résumé, j’ai essayé de vous en faire partager la conviction, il y a maintenant de bonnes raisons de penser que le mouvement que nous avons initié avec la campagne des européennes saura triompher de tous les obstacles. Si nous menons le débat dans la clarté, tout en acceptant de progresser pas à pas et en faisant de la fraternité d’ores et déjà construite entre nous une force de conviction commune, nous transformerons l’essai du 7 juin !