Après les régionales (1) : la droite, la gauche, l’alternative
Chaque jour en apporte la confirmation, dans la foulée des régionales, un débat s’est amorcé au sein de toute la gauche. Précisément, c’est pour enregistrer les nouvelles coordonnées de la situation française et y adapter notre démarche de refondation d’une gauche digne de ce nom, que notre Gauche unitaire réunissait son conseil national, les 10 et 11 avril. En conclusion de ses travaux, celui-ci a adopté une importante déclaration, que l’on peut trouver sur le site : .
Je parle d’un texte d’importance, car tout confirme, depuis quelques semaines, que le contexte hexagonal a basculé. L’incertitude plane, aucune des dimensions de la nouvelle situation ne s’est encore stabilisée, la gauche tout entière se retrouve confrontée à des défis imprévus, et en son sein le Front de gauche doit se hisser à la hauteur des responsabilités que lui confère son enracinement électoral. En complément de la déclaration du conseil national de GU, je couche ici, noir sur blanc, l’introduction que mes camarades m’avaient demandé de faire à notre discussion collective. Pour en rendre plus aisée la lecture, je la coupe en deux…
Mes chers camarades, pour introduire le débat sur notre projet de déclaration, je ferai cinq remarques : sur la crise française qui vient de s’ouvrir ; sur le changement de paysage à gauche ; sur la question de la perspective politique ; sur la situation de la gauche de gauche ; sur nos propositions pour le développement de l’expérience du Front de gauche.
Sur la crise française. Pour des raisons d’histoire, la France est souvent la plaque sensible des contradictions qui se nouent à l’échelle de tout le continent. De ce point de vue, le rebondissement de la crise économique, avec l’offensive spéculative des banques et des fonds d’investissement contre la zone euro, fait resurgir – en même temps qu’elle les amplifie – les grandes tendances apparues durant l’été 2008 :
• la légitimité du modèle néolibéral en sort un peu plus atteinte ;
• avec les convulsions qui agitent la monnaie européenne, c’est désormais l’union des Vingt-Sept elle-même, telle qu’elle s’est opérée sous l’égide des traités libéraux et singulièrement du dernier d’entre eux, le traité de Lisbonne, qui se trouve menacée.
• l’impuissance des gouvernements du monde capitaliste à en revenir à des mécanismes régulateurs un tant soit peu efficients crée les conditions de soubresauts majeurs dans les pays directement concernés par l’endettement public consécutif au renflouement des banques ;
• précisément, une fois encore, la question est posée de savoir qui acquittera la note de cette crise. La volonté du capital de faire payer la crise aux peuples est clairement mise en lumière, ce qui se traduit par la mise en œuvre de politiques draconiennes d’austérité dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal. L’« agenda » s’avère partout identique : restructurations des entreprises et licenciements, privatisations, refonte du droit du travail, démantèlement des systèmes de protection sociale et de retraite… De son fauteuil de directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn va jusqu’à appeler à des plans de rigueur accentués et coordonnés, sous les auspices de ”« l’innovation »” et de ”« la compétitivité ».”
D’un côté, cela confronte les mouvements sociaux à la nécessité de faire face à cette montée des enjeux sans disposer des moyens politiques et des instruments de leur contre-offensive, on le voit en Grèce ou en Espagne. De l’autre, l’exaspération populaire atteint maintenant un peu partout son paroxysme, au point de mettre à l’ordre du jour des crises politiques et sociales majeures, l’Islande en fournit une première indication.
Au miroir des dernières régionales, la France concentre l’ensemble de ces traits. Elle se retrouve sur la liste des pays mis en demeure de réduire leur endettement, au risque d’être à son tour, demain, la victime d’offensives spéculatives semblables à celles dont certains de ses voisins ont été l’objet. L’autorité politique de ses gouvernants n’a cessé de décliner au fil de l’an et demi écoulé. Le ressentiment social, engendré par les licenciements boursiers, les délocalisations, les phénomènes de désindustrialisation, la précarisation générale des conditions d’existence, n’a fait que s’amplifier, même si le mouvement social de 2009 a connu le ressac que l’on sait, du fait de l’absence de perspectives politiques et syndicales à la hauteur.
Pratiquement, au lendemain du scrutin des 14 et 21 mars, il convient d’enregistrer quatre données aux effets imbriqués. Un, la sanction, sans précédent depuis les origines de la V° République, qui vient d’affecter la droite aux affaires. Deux, une poussée simultanée de la gauche, qui bouleverse les coordonnées de la phase préparatoire à la présidentielle, laquelle s’ouvre dès à présent. Trois, une abstention record, y compris pour ce type de scrutin, qui conjugue une souffrance sociale profonde avec une crise détonante de la représentation politique et institutionnelle, et qui recouvre des dimensions entremêlées de rejet des partis traditionnels et de désorientation politique. Quatre, un retour de l’extrême droite au premier plan de la vie politique hexagonale.
Le contexte post-électoral s’ouvre ainsi sous des auspices nouveaux. Au lendemain de la présidentielle de 2007, nous avions évoqué la ”« double rupture »” que représentaient simultanément l’avènement du sarkozysme, c’est-à-dire d’une droite se restructurant autour d’un projet de révolution néoconservatrice tournant le dos à l’héritage du gaullisme, et la mutation de la social-démocratie française en une force démocrate – ou en un centre gauche, si l’on préfère -, inspirée des exemples italien ou britannique. Cette ”« double rupture »” continue à marquer la réalité française. Le sarkozysme a fait bouger en profondeur les lignes de clivage politiques et idéologiques dans la société, on le voit par exemple à propos des retraites, de ”« l’identité nationale »”, de la fiscalité et des déficits publics. L’évolution droitière de la direction du PS n’a, simultanément, cessé de se confirmer, comme en attestent (entre autres) l’acceptation par une bonne partie de ses figures de la remise en cause de la retraite à 60 ans, la soumission irréversible au dogme libéral-européiste, ou encore la recherche – ininterrompue en dépit de l’effondrement du Modem – au centre des clés d’une victoire électorale pour 2012. Mais cette ”« double rupture »” se heurte, à ce stade du moins, à ces limites que sont la résistance du modèle républicain français, la persistance d’une forte aspiration égalitaire dans les profondeurs de notre société, le discrédit du modèle libéral anglo-saxon (qui, peu ou prou, inspirait les évolutions parallèles des deux forces dominantes de la politique française), le surgissement d’une colère sociale qui n’a cessé de gagner en ampleur, la persistance du clivage droite-gauche qui est quelque part la traduction de ce mécontentement populaire.
La droite rencontre désormais un problème d’autorité et d’avenir. Elle se replie autour du noyau dur de son électorat. Elle doit relancer son offensive contre le monde du travail, avec une légitimité et un rapport de force dégradés. Elle a vécu, depuis 2007, sur l’idée que la désintégration de la gauche assurerait quasi inéluctablement sa victoire en 2012, et voilà que rien n’est maintenant plus acquis. Tous ces problèmes renvoient à la crise du projet sarkozyste.
La force du président de la République avait été, en 2007, de doter les classes dirigeantes d’un projet cohérent tout en élargissant la base traditionnelle de la droite : du côté des classes populaires, avec la promesse d’une revalorisation du travail ; et en direction de l’électorat du Front national, au moyen d’un discours de remise en ordre de la société française (le fameux ”« en finir avec Mai 68 »”) et de stigmatisation de l’immigration. Une opération s’orchestrant autour d’une pratique du pouvoir jouant de tous les mécanismes plébiscitaires permis par la V° République, lesquels auront été mis au service d’une hyperprésidentialisation des institutions. Tous ces piliers sont à présent atteints : la pratique du sarkozysme gouvernemental se retourne à la manière d’un boomerang ; désormais, tous les ingrédients de la crise politique et sociale se concentrent sur l’Élysée, au point qu’une authentique crise de régime peut à tout moment s’ouvrir ; d’où, à droite, les recherches frénétiques d’une solution de rechange à un pouvoir dont on redoute de plus en plus qu’il ne finisse carbonisé…
Ce régime dispose encore de marges de manœuvre. Les moindres d’entre elles ne sont pas l’absence de perspectives à gauche et la faiblesse du front syndical, dont on voit chaque jour les effets, par exemple à propos des retraites. Il va donc jouer son va-tout dans un redéploiement de son offensive, l’objectif étant de réorganiser son dispositif autour du noyau le plus fidèle de sa base sociale, en commençant par rassurer celle-ci, et de profiter de l’inexistence non seulement d’alternative à gauche, mais tout simplement d’une solution d’alternance crédible.
Si le calcul n’est pas sans fondement, il n’en est pas moins risqué. Se lancer dans l’épreuve de force sociale avec une autorité aussi amoindrie peut vite se retourner en son contraire et conduire à une explosion sociale potentiellement incontrôlable. C’est la raison pour laquelle s’est ouvert, à droite, un débat sur l’atténuation des aspects les plus visiblement inégalitaires de la politique mise en œuvre depuis trois ans, jusque dans le domaine de la fiscalité, « marqueur » s’il en est d’une orientation gouvernementale. En même temps, les élites savent que tout recul risque de n’avoir pour effet que de renforcer l’envie d’en découdre du côté des classes populaires. Tels sont les termes de l’instabilité qui s’installe pour une longue période…
C’est dans ce contexte, et au regard d’un pareil enjeu, qu’il convient d’apprécier l’état du paysage à gauche. Premier aspect : le Parti socialiste aura été le principal bénéficiaire de la poussée à gauche des 14 et 21 mars. Cette poussée aura catalysé une double aspiration : la volonté d’en finir avec Sarkozy, et un puissant désir d’unité pour y parvenir. Il faut, sur ce plan, noter que les fusions de liste entre les deux tours auront engendré une indéniable dynamique de mobilisation. Effaçant la trace de son revers des européennes, le PS recouvre, par conséquent, son crédit de force d’alternance pour 2012 et sa direction récupère une autorité dont elle n’avait jamais véritablement disposée depuis le congrès de Reims.
Pour autant, de ce côté-là, la question du projet reste toujours aussi dénuée de réponse. Les régionales ont bien pu démontrer que c’est au sein des classes populaires que se joueraient les prochaines échéances électorales, la vulgate sociale-libérale demeure toujours dominante rue de Solferino. Corrélé à cette question du projet, le besoin de clarification stratégique va rouvrir une série de débats jusqu’alors occultés au sein de la direction socialiste : faut-il faire plus de « social », ou au contraire privilégier le « sociétal » ? Comment continuer à convoiter l’électorat centriste dès lors que le parti de François Bayrou vient d’échouer dans sa tentative de s’enraciner dans les institutions locales ? Quel type de partenariat nouer avec les écologistes ? Au miroir des « primaires », le problème du leadership va se reposer, avec des conséquences aujourd’hui imprévisibles, pouvant aller jusqu’au même type d’affrontement qu’en 2006, voire jusqu’à des candidatures concurrentes à la présidentielle elle-même. Les secousses risquent d’ailleurs d’être d’autant plus fortes que, parallèlement au redressement du PS, une recomposition s’est amorcée à gauche, avec l’enracinement, quoique qu’à des degrés différents, d’Europe écologie et du Front de gauche. Il faut cependant noter qu’un constante demeure : la difficulté de l’aile gauche du PS à exister autrement que par petites touches discrètes, lorsque le noyau dirigeant mord par trop le trait (comme ce fut le cas avec les déclarations de Martine Aubry sur les retraites).
Les confrontations au sein du PS vont s’articuler aux réflexions qui commencent à pointer à l’intérieur d’Europe écologie. Au mois de mars, même si son pari de devancer les socialistes dans une série de régions n’a pas été couronné de succès, cette coalition s’est stabilisée et enracinée sur le champ électoral. Son existence revêt toutefois une double dimension. D’abord, une capacité à capter un désir profond de renouvellement de la politique et à profiter de la prise de conscience croissante de l’urgence écologique, mais aussi une indéniable aptitude à mordre sur des secteurs de la gauche en attente d’une recomposition, secteurs que les lenteurs de son affirmation ne permette pas encore au Front de gauche de polariser. Ensuite, l’affirmation de plus en plus visible du projet porté par Daniel Cohn-Bendit. Celui-ci consiste à positionner l’écologie politique au-delà du clivage droite-gauche et à en faire (alors que le Modem semble en perdition) le vecteur d’une réorganisation au centre de la vie politique hexagonale.
Le choc de ces deux dimensions va inévitablement faire surgir des contradictions politiques fortes. Par exemple sur le fait de savoir s’il faut se préparer à une candidature écologiste à la présidentielle, ou échanger une présentation commune avec le PS contre l’assurance d’un important groupe de députés dans la prochaine Assemblée nationale. Sur le profil de ladite candidature, si tel est en fin de compte le choix : la proposition suggérée par les partisans de Cohn-Bendit, d’Eva Joly, symbole s’il en est du tropisme centriste d’Europe écologie, n’a évidemment rien d’anodin lorsqu’il s’oppose à une hypothèse Duflot. Sur l’avenir aussi du parti des Verts, dont la visée de Cohn-Bendit suppose la disparition, en ce qu’il est trop ancré à gauche depuis sa fondation…
Cette situation nouvelle de la gauche, au sortir des régionales, repose la question nodale de la perspective pouvant répondre aux attentes et intérêts des classes populaires. Résumons : nous allons au devant d’une crise sociale et politique aiguë ; le Front national peut redevenir un acteur central de la vie publique ; le phénomène abstentionniste révèle comme jamais la coupure entre le peuple et les élites. Dès lors, une solution politique qui, au nom de la nécessité de faire bloc pour battre Sarkozy, se traduirait par une nouvelle alternance sociale-libérale – ou, pire, par une recomposition au centre, qu’elle inclut ou non le Modem ou ce qu’il en restera -, a toute chance de déboucher sur un authentique désastre. De ce point de vue, la formule de la « gauche solidaire », apparue entre les deux tours des régionales, peut vite s’avérer une illusion dangereuse. En même temps, négliger l’aspiration de masse à se débarrasser de Sarkozy et ignorer le désir d’unité qui vient de resurgir mènerait droit à la marginalisation et à l’enfermement dans l’espace étroit de l’extrême gauche, sans aucune possibilité de peser sur les débats agitant la gauche. Cette tentation existe et va exister, ici ou là. C’est évident au Nouveau Parti anticapitaliste. Mais certaines attitudes de nos amis du Parti de gauche la reflètent aussi, lorsqu’elles ont conduit par exemple à refuser la participation à certains meetings unitaires de l’entre-deux tours des régionales.
Pour une gauche qui se veut véritablement à gauche, l’enjeu peut se résumer en ces termes : répondre à l’aspiration unitaire et antidroite ; affirmer une offre politique qui, pour répondre précisément au besoin de battre la droite sur le fond et dans la durée, sache se distinguer des impasses sociales-libérales du passé autant que des velléités de chercher à droite ou au centre le chemin d’une victoire qui serait strictement conçue en termes électoraux. Dit autrement, il s’agit de mettre dans le débat public une formule politique pertinente. Une formule qui permette de dire qu’avant 2012, l’affrontement avec la droite et le patronat se joue dans les luttes d’aujourd’hui. Qui indique que l’objectif est la reconquête des classes populaires, et se démarque donc de l’illusion selon laquelle seul le vote des classes moyennes compterait. Qui signifie que la défaite de la droite doit ouvrir la voie d’un changement radical de la politique suivie à la tête du pays, ce qui exige d’enclencher un processus de mobilisation permanente, seul à même d’assumer réellement l’affrontement inévitable avec le capital.
À cette étape, on ne saurait traduire cette approche en une formule « arithmétique ». Un mot d’ordre de gouvernement coalisant le Parti socialiste, Europe écologie et le Front de gauche ferait l’impasse sur les orientations opposant ces diverses composantes. Plus, il ne pourrait consacrer la prédominance des orientations sociales-libérales majoritaires à la direction du PS. Pour sa part, la revendication d’un gouvernement du Front de gauche, avancée par Jean-Luc Mélenchon, a l’avantage de la clarté, mais le défaut de ne pas prendre en compte la réalité actuelle du rapport des forces politiques, qui place l’alliance PCF-PG-GU à 7% du corps électoral. D’où l’importance d’avancer une perspective permettant de poser devant toute la gauche, devant l’électorat populaire, les questions capitales de programme et de stratégie, sans préjuger des forces qui pourraient la porter.
Dans la déclaration soumise à ce CN, l’idée est émise d’un ”« nouveau Front populaire »”. Évidemment, elle provoquera la polémique de la part de ceux, à l’extrême gauche, qui sont incapables d’ôter leurs lunettes déformantes de « vieux trotskystes », et pour lesquels l’arc victorieux en 1936, s’étendant du Parti communiste au Parti radical en passant par la SFIO, symbolise jusqu’à nos jours les errements mortels d’une politique de collaboration de classe. Bien sûr, elle n’est pas sans danger, si d’aucuns s’employaient à la récupérer et si elle venait à se confondre avec la notion de « gauche solidaire ». Elle n’en a pas moins un inestimable avantage : elle n’escamote pas le problème toujours délicat du pouvoir, de la majorité à même de conduire une authentique transformation, et elle permet de se tourner ainsi vers le reste de la gauche avec pour objectif de faire la clarté sur les choix politiques qui se trouvent en présence au sein de celle-ci. Surtout, elle le fait à partir de ce qui marque toujours la conscience collective : pour l’immense majorité du peuple de gauche, l’expérience de 36 demeure avant tout associée à de très grandes conquêtes sociales et au souvenir d’une des deux grèves générales de notre histoire (car, il est juste de le rappeler, les acquis de l’époque ne figuraient pas au programme du « Rassemblement populaire »).
Depuis les européennes de 2009, la formule était plus directement associée au devenir du Front de gauche. Elle doit à présent évoluer, en devenant le moyen pédagogique de dire, à l’échelle la plus large, comment la gauche peut redevenir la gauche : en se tournant vers les classes populaires ; en signifiant qu’une victoire sur la droite suppose un programme de rupture antilibérale et anticapitaliste ; en montrant que la changement social n’ira pas sans affrontements avec les possédants sur le terrain des entreprises et de la rue ; en soulignant que l’alternative politique ne saurait venir des seuls partis, mais que les acteurs sociaux doivent entrer dans le processus d’élaboration de ses propositions programmatiques et de réflexion sur sa mise en œuvre. Sous ce rapport, l’évocation d’un ””nouveau Front populaire”” a pour autre avantage de rappeler que, dans l’Entre-Deux guerres, et à l’inverse des théorisations actuelles d’une frontière infranchissable entre le « politique » et le « social », syndicats et associations prenaient toute leur place aux côtés des partis.
Reste évidemment une interrogation : est-ce le bon moment pour avancer une telle offre ? À mon sens, c’est l’évidence. Le débat et la recomposition s’amorcent à gauche, et la meilleure méthode pour éviter qu’ils ne dérivent vers de nouvelles impasses est encore de faire exister une proposition argumentée distincte. Au demeurant, l’instabilité politique déjà décrite peut très vite poser la question de l’alternative. La légitimité du pouvoir en place se trouve dorénavant en cause. Au lendemain des régionales, la réalité du rapport des forces et l’état de la gauche auront interdit que l’on avance la seule mesure qui eût été en mesure de dénouer la crise béante révélée par les urnes, à savoir la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections générales redonnant la parole au peuple. Reste qu’une confrontation sociale d’ampleur, sur les retraites par exemple, a de fortes chances de mettre cette exigence à l’ordre du jour et il faudra bien à ce moment-là, préciser ce qui pourrait (et devrait) remplacer la majorité en place.
Autant dire que la réflexion sur les responsabilités qui incombent aux tenants, à gauche, d’une alternative de rupture, et évidemment au Front de gauche, doit à tout prix sortir des réflexes routiniers. C’est l’objet de la seconde partie de cette note…