Le débat escamoté des élections européennes

Nul ne l’ignore, où qu’il se situe sur l’échiquier politique, le scrutin européen de ce 25 mai recèle un double enjeu, aux dimensions totalement imbriquées : l’avenir de la construction de l’Europe et la nature des politiques déployées à l’échelon de chacune des nations y appartenant. Sans m’ériger en Cassandre, l’acteur politique que je suis ne s’y est jamais résolu, je crains fort que la campagne qui s’achève n’ait guère éclairé les citoyens à ce sujet pourtant crucial.

Les sondages ne reflètent jamais, on le sait, ce que sera finalement le comportement des électeurs. Ils n’en disent pas moins quelque chose de la réception, à l’instant où ils sont réalisés, des discours des uns et des autres. Celui publié par ”Le Monde” du 20 mai est, à cet égard, symptomatique. Il ne reste que 39% des Français pour considérer que l’Union européenne est ”« une bonne chose pour l’Europe »”, 65% affirmant se sentir plus Français qu’Européens, et 54% allant même jusqu’à juger que l’euro entraîne ”« plus d’inconvénients que d’avantages »” pour notre pays. Dans le même temps, la participation semble ne pas devoir dépasser les 40% des inscrits, les intentions de vote octroient une nette avance à la droite et à l’extrême droite, tandis que l’ensemble des formations de gauche atteint péniblement un gros tiers des suffrages exprimés (l’un des niveaux les plus bas jamais atteints par le camp progressiste). Notre Front de gauche apparaît lui-même, dans ce contexte, singulièrement à la peine, privé de la dynamique qu’une telle consultation – sur un point, l’Europe, qui est l’un de ses marqueurs depuis la bataille référendaire de 2005 contre le traité constitutionnel, avec de surcroît un mode de scrutin proportionnel qui devrait plutôt l’avantager – eût dû lui permettre d’espérer.

Souhaitons sincèrement que ces prévisions soient, ”in fine”, démenties. Relevons surtout, pour l’heure, les deux grandes leçons d’un rendez-vous pour le moins brouillé : les envolées lyriques sur l’Europe ont définitivement perdu toute aptitude à convaincre l’opinion ; et l’on aura, à gauche, manqué une occasion essentielle de faire entendre avec la puissance suffisante un propos susceptible de mobiliser le peuple et de faire, du même coup, refluer les tenants de la régression néolibérale ou du repli nationaliste. Ces derniers sont, hélas, parvenus à s’imposer faute de contradicteurs audibles du côté de celles et ceux qui ont encore au cœur la justice sociale et l’égalité républicaine.

Trois questions, liées dans leur cohérence, eussent dû à cette fin être soulevées pour que le débat public voit modifier son centre de gravité : une nouvelle orientation pour refonder l’Europe ; la restauration de la souveraineté populaire à l’échelle des États-nations autant qu’à celle de la construction européenne ; la volonté de rassembler la gauche sur cette base, avec pour dessein premier qu’elle incarne de nouveau l’espoir pour le camp du travail et des travailleurs.

DEVANT UN FIASCO ÉVIDENT…

Point n’est aujourd’hui besoin de longues démonstrations pour dresser le bilan de faillite d’un projet qui, d’Acte unique en traité de Maastricht, de traité d’Amsterdam en traité de Lisbonne, n’aura répondu qu’à l’objectif d’offrir au capital un formidable levier pour détruire, pans après pans, les « pactes sociaux » hérités, sur le Vieux Continent, de la victoire contre le fascisme.

Résumons. Tous les programmes de « réformes structurelles », comme aiment à dire leurs zélateurs, auront consisté à libéraliser les marchés des biens et des services, à déréguler les marchés financiers, à désintégrer le droit du travail, à réduire les dépenses publiques et sociales. En réduisant le pouvoir des États, en annihilant la souveraineté des Parlements, en paralysant les politiques budgétaires nationales, tous les gouvernements en place et la technostructure à leur service n’auront eu pour visée que de vider de toute substance la délibération démocratique comme le vote des citoyens. En appliquant une politique monétaire unique à des pays dont les situations économiques divergent profondément, en empêchant une Banque centrale décrétée indépendante de financer directement les États, en interdisant la moindre solidarité entre nations et en les contraignant à emprunter sur les marchés financiers, en refusant le principe de la garantie des dettes publiques des pays membres et en interdisant à ceux de la zone euro de contrôler leurs taux d’intérêt, on aura soumis l’ensemble du continent aux volontés des banquiers et des fonds spéculatifs. En faisant du libre-échange le principe fondateur de l’Union européenne, en soumettant la vie des populations aux aléas de la concurrence sans limites entre les États et les firmes, on aura assujetti l’Europe à la loi des plus forts, et cela va présentement jusqu’à la négociation quasi-clandestine de ce fameux « Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » qui fera de notre espace continental un territoire ouvert aux appétits des multinationales et de leurs rivales allemandes. Sans parler de la paix, qu’aurait prétendument garantie la construction européenne, et que menace en réalité, chaque jour davantage, son inféodation à l’Otan, cette machine de guerre impériale aux ordres de l’Oncle Sam.

Résultat, jamais l’Europe n’aura connu de semblables régressions sociales depuis 70 ans. L’austérité, appliquée sous prétexte de « compétitivité » et de réduction des déficits publics, aura conduit à la récession ou, à tout le moins, à l’encéphalogramme toujours aussi plat de l’activité économique. Les décisions monétaires, prises sous l’égide des banquiers de Francfort, nous auront même entraîné vers la déflation, au point que l’économiste Michel Aglietta ait pu récemment écrire que celle-ci n’était plus une hypothèse mais une ”« réalité »”.

Dans la dernière livraison de son périodique, le rédacteur en chef d’”Alternatives économiques”, Guillaume Duval, aura parfaitement résumé les ”« lourdes conséquences »” des dispositions restrictives exigées de l’ensemble des pays de l’UE. Que l’on me permette de le citer : ”« La demande intérieure a reculé de 370 milliards d’euros entre 2008 et 2013 dans la zone euro, soit – 4,4%. En 2008, il y avait dans la zone 3,6 millions d’emplois de plus qu’aux États-Unis. Cette année, il devrait y en avoir 2,4 millions de moins, selon la Commission européenne. Ces politiques ont abouti à un résultat absurde : en 2013, la zone euro a dégagé 270 milliards d’euros d’excédents extérieurs, soit l’équivalent de 2,7% de son produit intérieur brut (PIB). Autrement dit, on aurait pu l’an dernier consommer et investir (notamment dans la transition énergétique) à hauteur de 270 milliards d’euros en plus dans la zone euro) sans avoir à quémander le moindre financement auprès de la Chine ou du Qatar. De quoi créer 1,2 million d’emplois au lieu d’en perdre autant. Le comble, c’est que ces politiques n’ont même pas permis d’engager le désendettement public censé être la priorité des priorités : à l’automne 2013, l’endettement de la zone euro avait encore augmenté de 3,4 points de PIB en un an. »”

…L’EXIGENCE DE RUPTURE ET DE REFONDATION

Ce qui s’impose dorénavant, au vu de ce calamiteux bilan, ce ne sont pas des aménagements à la marge ou des inflexions plus ou moins secondaires, c’est un choc de créations d’emplois, de réindustrialisation du continent, de transition écologique, de redistribution des richesses. En d’autres termes, est à l’ordre du jour la grande rupture qui conditionne la reconstruction indispensable.

Si l’on veut enfin sortir de la misère, des inégalités, du chômage de masse, si l’on veut relancer la machine économique, il convient en premier lieu de faire renaître en Europe une politique industrielle résolument tournée vers la reconversion des activités afin de les rendre soutenables et de redonner à la construction continentale un rôle moteur dans l’évolution économique de la planète. Il faut en finir avec l’austérité, engager un grand mouvement de lutte contre la précarisation de l’emploi, favoriser une formation répondant à cette volonté, définir une stratégie de réduction du temps de travail, faire avancer l’égalité entre les hommes et les femmes aux plans de l’emploi et des salaires. Correspondant à cette harmonisation sociale par le haut, une harmonisation fiscale se doit de revenir sur une contre-révolution libérale qui n’a fait que favoriser le capital, pousser par conséquent à la taxation des revenus financiers et des hauts patrimoines, éradiquer les paradis fiscaux, aider à l’instauration européenne d’une fiscalité écologique, en finir avec la toute-puissance des banques et des fonds d’investissement (ce que ne permettra évidemment pas le projet d’union bancaire issu d’une laborieuse négociation avec des dirigeants allemands principalement soucieux de défendre leurs établissements financiers). Il s’avère enfin indispensable de replacer la Banque centrale européenne sous le contrôle des États, de lui conférer pour mission prioritaire de soutenir la relance et la création d’emplois stables, de faire en sorte qu’elle concoure à une coordination des politiques économiques dans la lutte contre le dumping social ou fiscal autant que dans la mise en œuvre d’une stratégie industrielle et écologique.

Aucun de ces objectifs n’est atteignable sans que survînt une crise de l’Union européenne telle qu’elle fonctionne. Je parle bien d’une crise, car il en est d’éminemment créatrice. Sa finalité ne serait, en effet, ni de générer le repli de chaque pays sur ses frontières, ni bien sûr d’encourager les égoïsmes nationaux, mais plutôt de remettre à plat le projet européen. Je partage entièrement, avec Christophe Ramaux, des Économistes atterrés, cette conviction : ”« Comment refonder l’Europe ? L’expérience l’a montré : la stratégie de l’entrisme (accepter l’Europe libérale pour ensuite construire l’Europe sociale) et des petites touches (dans l’espoir de ramener les architectes libéraux de l’Europe à la raison) a totalement échoué. On ne peut sous-estimer ici la force des intérêts en jeu : ceux des lobbies financiers et de la grande industrie, qui, en toute légalité – au nom des vertus de la ‘’société civile’’ ! – ont portes ouvertes dans les institutions européennes. L’art de gouverner suppose de nouer des compromis. La crise ne peut être une méthode permanente de gouvernement. Néanmoins, certaines situations ne peuvent être débloquées que par des crises, au risque sinon de l’enlisement sans fin, bien plus coûteux en fin de compte »” (in ”Changer l’Europe”, Les liens qui libèrent 2013).

RÉHABILITER LA SOUVERAINETÉ POPULAIRE

Pareille bifurcation ne peut trouver sa naissance que dans un coup d’arrêt provenant d’un État ou d’un groupe d’États. Ce fut, on le sait, la première faute majeure de François Hollande que de se dérober à l’épreuve de force avec Angela Merkel, au lendemain de son élection. Fort du mandat que venait de lui confier le peuple français pour renégocier le traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union, et alors que nombre de pays attendaient de la France qu’elle contribue à stopper le rouleau compresseur du néolibéralisme, il disposait des moyens d’inverser les rapports de force en Europe. Il ne fait aucun doute qu’en prenant l’initiative d’exiger la rediscussion du pacte budgétaire, il aurait trouvé de nombreux soutiens à l’intérieur des 28 pays membres.

Loin d’avoir ”« sauvé l’euro »”, comme il s’en est à plusieurs reprises vanté, et plus encore d’avoir adjoint un volet « croissance » à la logique austéritaire en vigueur, le président de la République aura pris la responsabilité d’enliser l’Europe dans ces convulsions sans fin et cette régression sociale dramatique dont la facture, dimanche prochain, lui sera présentée sous la forme d’une poussée sans précédent, un peu partout, des extrêmes droites et des droites extrêmes. Sauf à laisser la machine rouler au précipice, le problème est moins que jamais de « rééquilibrer » la construction européenne, mais d’en changer les fondements. Ce qui suppose, en tout premier lieu, de déclarer caducs tous les traités en vigueur pour leur en substituer un nouveau, mettant cette fois l’Europe au service des peuples, du progrès et de la conquête de nouveaux droits. En évoquant la « désobéissance », qui devrait devenir la ligne de conduite d’une gauche qui se respecte, c’est ce que désigne le Front de gauche dans son programme…

À cette fin, plutôt que de vouloir encore et toujours mettre les États et les Parlements sous tutelle (quoique ce fussent leurs représentants qui s’abritent derrière des transferts qu’ils ont eux-mêmes consentis à la bureaucratie bruxelloise pour justifier leurs dérives libérales), l’objectif doit être de rétablir la souveraineté des peuples et de leurs élus. La démocratie est la pierre angulaire d’un édifice qui inclurait les citoyens plutôt que de les exclure. Les grandes décisions doivent, pour cette raison, émaner de véritables processus de codécision législative intervenant simultanément aux échelons nationaux et continental.

Ici encore, je rejoins l’ami Ramaux : ”« L’Europe a indéniablement un rôle à jouer au service du progrès social. Mais il faut lucidement cesser de trop lui demander. Le néolibéralisme s’accommode fort bien du dirigisme et partant du transfert de souveraineté à des institutions supranationales sur lesquelles les citoyens, par définition, ont peu de prise. Le progrès social, à l’inverse, s’ancre dans la démocratie. En pratique, dans la plupart des domaines de l’intervention publique – protection sociale, régulation des rapports de travail, services publics, dépenses publiques ou fiscalité –, il apparaît clairement que l’Europe n’offre aucun cadre de substitution à l’État social. Si l’on accepte de se situer dans une perspective d’approfondissement du mieux-être social, c’est bien la complémentarité entre une Europe refondée et des États sociaux nationaux eux-mêmes refondés (…), mais continuant à jouer un rôle majeur, qui est requise. »”

RASSEMBLER LA GAUCHE AUTOUR DE GRANDES URGENCES

Longtemps, la gauche transformatrice se sera retrouvée plutôt seule à défendre cette démarche. Depuis 2005, ce n’est plus le cas. Ainsi, si les formations du Parti socialiste européen continuent à dominer la scène des Vingt-Huit, des voix en nombre croissant s’élèvent-elles en leur sein pour critiquer l’impasse d’une conception qui va désormais jusqu’à ruiner l’idée d’Europe elle-même. Ainsi, en France, le locataire de l’Élysée peut bien nous expliquer, dans sa tribune publiée à l’occasion des cérémonies du 8 Mai, que ”« sortir de l’Europe c’est sortir de l’histoire »”, une majorité d’élus, de responsables et de militants du PS en vient-elle, comme nous, à relever que le véritable problème est de cesser de s’aligner sur des orientations ne faisant de victimes que parmi les populations. Ainsi, la Confédération européenne des syndicats, après avoir appuyé des années durant des traités instituant pourtant un grand marché, en appelle-t-elle maintenant à la mobilisation des salariés pour sortir de ce cadre socialement piégé. Ainsi, la gauche refusant de renoncer à ses principes est-elle en train de devenir la première force politique de Grèce et ses composantes progressent-elles fortement ailleurs, à l’image de nos amis espagnols d’Izquiera Unida qui voient doubler ou même tripler les intentions de vote en leur faveur. Ainsi, dans la mouvance écologiste, les chimères d’un « capitalisme vert » est-elle en train de s’estomper, la conversion écologique de l’économie ne pouvant voir le jour sans que l’on ose défier les règles de la mondialisation marchande et financière.

Toutes ces énergies encore dispersées pourraient se réunir et créer une dynamique à même de changer le destin de l’Europe. Dès à présent, les bases en existent, par-delà les histoires et les traditions qu’incarnent les forces concernées. Il leur est, par exemple, possible d’exiger ensemble que la Banque centrale européenne, qui a mis 1000 milliards d’euros à la disposition des banques lors de la dernière crise financière, dégage immédiatement la même somme au bénéfice d’une relance socialement utile et écologiquement soutenable, de la relocalisation industrielle, de la création de millions d’emplois stables. Il est tout autant à leur portée de faire avancer l’exigence d’un système de salaire minimum, lequel serait une arme particulièrement efficace pour lutter contre le dumping social. Une large convergence peut encore se former autour de la remise en cause de la conception autant que de la gestion de la monnaie unique, dans le but de faire émerger un nouvel euro, point d’appui d’un développement solidaire. De même, au vu du nombre de collectivités territoriales de gauche qui en viennent actuellement à voter des résolutions sur ce point, un immense mouvement se cherche contre la poursuite des négociations visant à la constitution d’un « grand marché transatlantique » et, dans la foulée, pour opposer un protectionnisme solidaire au libre-échangisme mortifère. Sans parler de cette conviction, qui est en train de devenir nettement majoritaire dans la gauche hexagonale, que l’on ne peut sortir d’une impasse dramatique sans que la France ne décide de suspendre l’application du « Merkozy », en appelant ses partenaires à faire de même.

Sur chacun de ces objectifs, on peut rassembler largement la gauche. C’est au Front de gauche d’en prendre l’initiative. Il aurait sans doute pu, en mettant cette volonté au cœur de sa campagne, trouver l’élan qui lui a manifestement manqué ces dernières semaines. Cela dit, le problème restera posé au lendemain du 25 mai, et il ne faudra alors pas tergiverser, surtout dans le paysage dévasté qui risque de sortir des urnes, avant de proposer l’union sur ces mesures de salut public et de refondation de la perspective européenne.

LE SENS DU VOTE FRONT DE GAUCHE

On mesure, à la simple énumération de ce socle de possibles batailles communes, la mystification que représente la campagne du gouvernement et de la rue de Solferino autour de la candidature de Martin Schulz à la présidence de la Commission européenne. Non d’ailleurs qu’elle manquât d’habileté… Ne permet-elle pas à ses concepteurs d’escamoter le calamiteux bilan d’un Parti socialiste européen ayant de tout temps cogéré l’UE avec les partis conservateurs, et de permettre au PS de retrouver une place sur la ligne de clivage qui oppose droite et gauche ? Sauf que l’opération ne pouvait que faire long feu. D’abord, parce qu’il est bien difficile d’imaginer que, s’installant dans le fauteuil de Monsieur Barroso, ledit Monsieur Schulz sortirait l’espace européen d’une austérité qu’il assume, en Allemagne, depuis que le SPD a intégré la « grande coalition » emmenée par Angela Merkel. Ensuite, parce que la transformation du mode de désignation du chef de l’exécutif bruxellois laissera intactes les prérogatives du Conseil des chefs d’État et de gouvernement, dont personne ne saurait croire qu’ils feront demain le contraire de ce qu’ils ont accompli jusqu’alors. Enfin, parce que l’Allemagne, la puissance dominante du continent, qui nourrit sa propre prospérité des logiques restrictives qu’elle exige des autres pays, sortira inévitablement renforcée de la consultation de cette fin mai : le parti de la chancelière, qui la dirige, s’est assuré l’inexistence d’une alternative à sa gauche en absorbant le SPD dans son gouvernement, les deux formations s’entendront donc obligatoirement pour verrouiller leurs camps respectifs au Parlement européen, et la poussée attendue des droites extrêmes ou xénophobes n’offrira pas la moindre issue au fiasco du néolibéralisme.

En clair, il en ira de la belle promesse de sortie de l’austérité par la grâce d’une nouvelle majorité social-démocrate au Parlement européen, martelée jusqu’à saturation par Manuel Valls ou Jean-Christophe Cambadélis, comme il en alla des promesses de changement grâce auxquelles François Hollande l’emporta au printemps 2012. Au surplus, Monsieur Juncker, l’ancien patron de l’Eurogroupe désigné pour porter les couleurs de la droite conservatrice, et Monsieur Schulz se montrent à ce point peu différents dans leurs options qu’ils ne manquent jamais une occasion d’afficher leurs connivences.

Par conséquent, le vote de gauche sera, dimanche, celui qui se portera sur les listes du Front de gauche. Non seulement ces dernières seront les seules à dessiner l’horizon d’une refondation d’ensemble de l’Europe, mais elles s’inscrivent dans la campagne à laquelle adhère l’ensemble des forces anti-austérité au-delà de nos frontières. Toutes ont, en outre, choisi de se retrouver autour de la candidature d’Alexis Tsipras, symboliquement proposée par le Parti de la gauche européenne à la direction de la Commission.

En écrivant ces lignes, je ne retire rien aux critiques que j’ai portées, avec Gauche unitaire, à la manière dont étaient gérées les relations à l’intérieur de notre convergence, comme à son incapacité collective de porter une offre à la hauteur de la crise de la gauche. Cette discussion devra nécessairement se poursuivre au lendemain du 25 mai. En attendant, il ne faut surtout pas se tromper d’enjeu. C’est un vote de responsabilité et de conviction qu’il vous faut émettre, mes amis qui visitez régulièrement ce blog.

Christian_Picquet

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