Arrêter la spirale des désastres électoraux29
Ce qui était attendu est bien advenu : les élections sénatoriales de ce 28 septembre se seront traduites par une nouvelle et cinglante défaite pour l’ensemble de la gauche.
Tous les éléments de langage distillés depuis l’Elysée et l’Hôtel Matignon depuis dimanche soir n’y pourront rien changer : le résultat ne peut se réduire simplement aux retombées ”« mathématiquement »” inévitables de la débandade des municipales. En chiffres, le Parti socialiste aura perdu dix sénateurs, le Parti radical de gauche sept et nos camarades communistes eux-mêmes quatre, soit une perte totale de 21 sièges sur les 179 qui étaient renouvelables. Non seulement, la « Haute Assemblée » aura changé de couleur, mais la droite et l’extrême droite y disposeront d’une avance bien plus importante que celle dont la gauche bénéficiait jusqu’alors.
Mesurons bien l’ampleur du basculement, et ce qu’il laisse présager pour la réélection de la seconde moitié de l’institution dans trois ans. Le précédent renouvellement du Sénat avait exprimé l’attente de changement qui montait de la société française. Il avait d’ailleurs été suivi de la défaite de la droite en 2012. Mais aujourd’hui, c’est le désarroi qui domine, nos concitoyens se trouvent désemparés par une politique gouvernementale dirigeant tous ses coups contre ceux dont le vote avait permis la victoire de la gauche. Du coup, dans toutes ses composantes, la gauche partait avec le double handicap des lourdes pertes enregistrées en mars dernier et des profondes divisions qui l’affectent du fait des choix de l’exécutif.
Ce 28 septembre, les élus locaux auront d’évidence voulu manifester leur colère devant une austérité qui se concrétise par l’amputation sévère des dotations budgétaires aux collectivités. Ils auront également cherché à exprimer leur mécontentement devant une prétendue réforme territoriale qui sacrifie communes, départements et démocratie de proximité à une logique de concurrence tournant le dos à la solidarité républicaine. Mais, du fait du contexte dans lequel se déroulait la consultation, dès lors qu’aucune issue de gauche crédible n’est perceptible de la population autant que des « grands électeurs », ce sont les voiles du camp réactionnaire qui auront spectaculairement gonflées…
Pire, le Front national aura trouvé l’occasion de poursuivre son enracinement dans les territoires et de faire entrer deux des siens au Palais du Luxembourg, en dépit d’un mode de scrutin qui lui était pourtant défavorable. À l’échelle de l’ensemble du corps électoral mobilisé pour ce scrutin, et cela aura été particulièrement perceptible dans certains départements, il aura quasiment quadruplé le nombre des votes qui lui étaient initialement acquis. Signe inquiétant d’une incrustation grandissante à la fois dans un électorat ivre de souffrances accumulées et… dans la représentation politique des territoires, ces petits élus qui ne furent nullement élus sous l’étiquette frontiste mais ne trouvent que le vote en faveur de ce parti pour exprimer leur malaise.
Je constate les résultats de cette nouvelle déroute de la gauche dans ma région, Midi-Pyrénées, qui fut longtemps considérée comme un bastion du camp progressiste. La droite arrache la majorité en Haute-Garonne et emporte de nouvelles positions dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne.
Il est temps, grand temps, d’arrêter cette folle course au précipice. Faute de quoi, les scrutins départementaux et régionaux de 2015 seront des désastres qui finiront de déchirer le tissu d’implantation locale qui faisait la force de la gauche depuis des décennies.
Pour faire barrage à une droite dont le programme se résume à la volonté de détruire tout ce que notre peuple a conquis depuis la Libération, pour endiguer la montée dangereuse de l’extrême droite dans notre pays, il n’est qu’un seul moyen, bien sûr : le rassemblement de la gauche. Ce 28 septembre l’aura cependant une nouvelle fois démontré, celui-ci ne peut se réaliser que sur une politique en rupture avec la fuite en avant libérale de nos gouvernants.
L’heure est, pour cette raison, maintenant, au plus vaste débat et à la convergence de toutes les énergies qui veulent un changement de cap, une politique vraiment à gauche et renouant avec le peuple, une autre majorité et un nouveau gouvernement pour les conduire. Ce n’est plus de l’urgence, c’est une nécessité vitale !