Face au terrorisme : la solidarité, pas la peur !
C’est à une heure avancée de la nuit, rivé depuis des heures à mon téléviseur et aux dépêches d’agences de presse, comme des millions de nos compatriotes je l’imagine, que je réagis à l’événement qui vient de nous plonger dans la stupeur. La France est sous le choc. Plusieurs heures durant, Paris s’est trouvé emporté dans l’horreur. Sept attaques terroristes simultanées, plus d’une centaine de morts, un très grand nombre de blessés, l’état d’urgence décrété sur l’ensemble du territoire national : voilà qui n’a pas de précédent.
Cette fois, notre Hexagone vient de connaître son 11 Septembre, quoique le nombre des victimes s’y avérât bien moindre qu’à New York voici quatorze ans. L’attentat ayant visé ”Charlie Hebdo”, en janvier, ciblait très politiquement une rédaction depuis toujours engagée dans la bataille de la liberté de conscience. La prise d’otages organisée à l’Hyper Casher de la Porte-de-Vincennes visait symboliquement les Juifs de France. Aujourd’hui, c’est un peuple entier, sa jeunesse éprise de vie et de liberté, toutes composantes, origines ou religions confondues, que l’on a voulu terroriser en réalisant un véritable carnage.
L’instant présent est à l’hommage aux victimes, à la solidarité avec leurs proches et leurs familles, à l’entraide face aux barbares qui ont voulu intimider la collectivité nationale. Rien ne serait pire, au-delà, que de céder à la peur, de consentir à la stigmatisation d’une partie de notre société, de s’abandonner aux amalgames, de se chercher des boucs-émissaires rassurants. Rien ne serait pire que de se laisser aveugler par des discours martiaux d’autant plus trompeurs que le pays n’est pas en guerre intérieure, comme d’aucuns ne manquent jamais de le prétendre, les terroristes n’étant de toute évidence qu’une infime poignée sur notre sol. Car ce serait offrir la victoire aux barbares qui viennent de nous défier et rêvent d’opposer entre eux des citoyens n’aspirant, en vérité, qu’à marcher d’un même pas vers le progrès.
Il faut certes, sans faiblesse aucune, permettre aux services compétents de mettre hors d’état de nuire les assassins et leurs commanditaires. Mais il importe tout autant de rester tous ensemble debout, mobilisés autour des principes fondateurs de notre République, ceux de liberté, d’égalité et de fraternité. Le combat, à reprendre, des Lumières contre les obscurantismes et les totalitarismes s’annonce décidément long. Notre force collective n’en réside pas moins dans notre nombre, notre mobilisation déterminée, nos valeurs. Les marches du 11 janvier ne l’ont-elles pas démontré ?