Dix réflexions sur une crise nationale

Après l’horreur éprouvée par tout un peuple aux lendemains des massacres perpétrés à Paris, il y aura eu le temps du recueillement, puis celui de l’hommage de la nation à ses victimes, quelles qu’aient été leurs origines et religions. Voici maintenant le temps venu de la réflexion collective sur la nouvelle donne qui s’impose à chacun d’entre nous, et du débat démocratique sur les réponses à apporter à des défis tels que nous n’en avions pas connus depuis la Deuxième Guerre mondiale. La gauche doit y prendre toute sa part, en osant prendre les questions soulevées à bras-le-corps, même lorsqu’elles viennent bouleverser des grilles d’analyse héritées d’autres périodes. Faute de quoi elle risquerait de se trouver emportée par une actualité porteuse de sidération et de devoir se soumettre à des logiques pouvant parfaitement la broyer.

Osons le diagnostic : le 13 novembre 2015 aura été notre 11 Septembre, par-delà le décompte des victimes de part et d’autre de l’Atlantique. La France n’aura, à cette occasion, pas été simplement confrontée à des attentats d’une ampleur inégalée sur son sol, elle se sera vue happée dans l’engrenage du terrorisme global qui se révèle l’une des dimensions d’une mondialisation entrée dans sa zone des tempêtes. La juriste Mireille Delmas-Marty est, de ce point de vue, fondée à rattacher ces tueries, comme celles qui avaient hier frappé New York, à ces ”« crimes contre l’humanité »” dont la Cour pénale internationale aura, à quelques décennies du procès de Nuremberg, donné une nouvelle définition, celle d’une attaque ”« généralisée ou systématique lancée contre une population civile et en connaissance de cette attaque »”, perpétrée par un État ou une structure ”« ayant pour but une telle attaque »” (Le Monde du 18 novembre).

Autrement dit, notre vendredi sanglant entre dans la catégorie de ces événements dont l’énormité, pour ne pas dire la monstruosité, remodèlent les consciences, transforment les relations qu’entretiennent les hommes avec leur environnement pour, au final, accoucher d’un tout nouveau spectre politique. ”« Ni rire, ni pleurer, comprendre »”, avait en son temps écrit Baruch Spinoza. Cette fois, il nous faudrait plutôt dire : ni banaliser, ni céder à l’outrance des slogans, mais vouloir redevenir acteur de notre destinée, c’est-à-dire protagoniste de la bataille qui se livre, dont l’enjeu n’est autre que l’avenir de la civilisation humaine.

Avant d’entrer dans le vif de ces dix réflexions, je veux saluer l’impressionnante dignité avec laquelle les Français auront relevé le défi qui leur était lancé et manifesté leur tranquille détermination à demeurer debout dans l’adversité. Élu de Midi-Pyrénées, j’étais parmi eux, à Toulouse. D’abord, au soir du 14 novembre, lorsqu’avec mes camarades de la fédération communiste de Haute-Garonne, nous avons tenu à déposer une gerbe à la mémoire des victimes, au pied de la stèle de Jaurès, ”« apôtre de la paix »” comme il y est désigné, à proximité de la place du Capitole. Puis, en participant aux rassemblements des 17 et 21 novembre, dont chacun comptait plus de 10 000 personnes. Enfin, en nous réunissant, toujours à l’appel des communistes de Haute-Garonne et des progressistes tunisiens, ce 28 novembre, jour de l’hommage national rendu à nos 130 morts, devant le consulat d’une Tunisie elle-même frappée une nouvelle fois au cœur de sa capitale, afin que chacun se souvienne que les fous de Dieu font aussi, et peut-être d’abord, coulé quotidiennement le sang des populations arabo-musulmanes.
((/public/.Hommage_du_PCF_a_toutes_les_victimes_27_11_2015_s.jpg|hommage pcf|L|hommage pcf, déc. 2015))
((/public/.Toulouse-20151114-00034_s.jpg|hommage 2 PCF|L|hommage 2 PCF, déc. 2015))
((/public/.BADGE_s.jpg|badge|L|badge, déc. 2015))

1. NOUS RÉCOLTONS LES FRUITS VÉNÉNEUX DE LA MONDIALISATION

Avant de céder à des surenchères qui n’ont pour résultat que d’aveugler les opinions, il importe de regarder la réalité en face. Le phénomène immonde qui vient de répandre la mort dans la Ville-Lumière, après avoir fait d’innombrables victimes à Beyrouth ou Ankara, et avant qu’il n’endeuille par la suite Bamako et le nord du Cameroun, n’est pas né du seul fanatisme d’une poignée d’idéologues ou de soudards se revendiquant d’une interprétation littéraliste du Coran. Il s’est nourri de l’état de chaos dans lequel se voit plongée une large partie de la planète.

Un très grand nombre d’États, ayant vu le jour dans le contexte tumultueux des décolonisations de la seconde moitié du siècle passé, se seront littéralement effondrés sous le choc de la globalisation marchande et financière, de l’accaparement de leurs ressources naturelles et matières premières par les firmes transnationales, des plans d’ajustement ayant totalement déstructuré leurs formations sociales. L’Afrique aura été le premier continent affecté par ces processus dévastateurs. Avant que les interventions militaires « occidentales » ne viennent désintégrer l’Irak et la Libye, puis complètement déstabiliser la Syrie, que la répression féroce menée par Bachar Al-Assad contre son peuple avait auparavant entraînée dans une guerre civile dramatique. Sans parler de la politique israélienne qui, en détruisant méthodiquement les infrastructures des territoires palestiniens et en anéantissant les bases dont pourrait jouir un État viable aux côtés d’Israël, aura engagé l’ensemble de la région dans une spirale d’autant plus dangereuse qu’il n’y apparaît plus la moindre issue politique.

C’est dans cette configuration signant une authentique rupture avec l’histoire du XX° siècle, les forces progressistes ayant de surcroît été partout défaites, que l’on aura vu surgir des bandes armées de toute nature, se structurer des mouvements tribaux ou ethniques, et surtout se développer, du Machrek à l’Afrique sub-sahélienne, des courants fondamentalistes armés s’installant dans l’espace qui leur était abandonné, leur caractéristique étant de se substituer à des États faillis et à des classes dirigeantes en pleine débandade.

2. UN TERRORISME QUI EST DEVENU GLOBAL

Si, dans le fameux « village » qu’est devenu le globe, l’intégrisme assassin aura pu se doter de noyaux armés jusqu’au cœur des grandes puissances, et plus particulièrement de la France, c’est bien évidemment en raison des ravages causés par quatre décennies de déferlante néolibérale. Lorsque se creusent sans fin les inégalités et les fractures territoriales… Lorsque les protections collectives s’affaissent tandis que les services publics cessent d’être des vecteurs de lien social et de solidarité… Lorsque toute une jeunesse, enfermée dans ces ghettos que sont progressivement devenues les périphéries urbaines, se voit privée d’avenir et de perspective d’intégration par le travail… Lorsque la vie publique n’est plus perçue par beaucoup que sous les traits de ce ”« vide moral »”, de cette ”« insoutenable légèreté de la politique »” que fustigeait à juste titre le testament intellectuel de Tony Judt (”Contre le vide moral”, éditions Héloïse d’Ormesson 2012)… Lorsqu’une fraction de la population en vient à égarer ses colères et ses frustrations dans le vote en faveur d’une extrême droite xénophobe qui divise en profondeur la nation et en oppose entre eux les différents segments… Lorsque la République, en résumé, n’apparaît plus porteuse de ses principes fondateurs, ceux de liberté, d’égalité et de fraternité, lesquels auront été vidés de leur substance par un système plus prédateur et cynique que jamais… Lorsqu’il en résulte une phénoménale crise d’identité, qui ne doit pas, comme d’aucuns le prétendent, à l’islamisation prétendue de nos banlieues ou au métissage de notre population, mais plutôt à la désagrégation de la souveraineté et de la citoyenneté… Le terreau se fait fertile pour la prolifération d’apprentis-jihadistes se recrutant principalement (quoique pas exclusivement) parmi ces milliers de jeunes déclassés des quartiers populaires.

Je veux me montrer précis sur ce point, connaissant les polémiques qui sont en train de naître dans la sphère intellectuelle. En écrivant ce qui précède, je ne cherche aucune excuse à ces candidats au sacrifice suprême qui ne sont, le plus souvent, que des tueurs psychopathes. Je ne prétends pas davantage que l’exclusion conduirait au crime de masse, dans un mouvement pour ainsi dire naturel, l’immense majorité des jeunes hommes et jeunes femmes en proie au déclassement considérant avec le même effroi que nous la dérive d’un tout petit nombre d’individus. Je n’entends à aucun prix m’associer au slogan manichéen surgi ces derniers jours : ”« Vos guerres, nos morts. »” Je veux simplement dénoncer ce qui a enfanté des monstres en notre sein. Avec ses propres mots, le chercheur Farad Khosrokhavar pointe cette réalité : ”« Les jeunes s’identifient au jihadisme moins pour des raisons religieuses qu’identitaires et sociales, l’islam devenant le symbole de résistance là où aucune idéologie ne peut leur apporter un supplément d’âme et la caution du sacré… »” (”Le Monde” du 19 novembre). Autant dire que les coups de menton martiaux n’ont pas la moindre chance de venir à bout des pulsions de mort auxquelles nous sommes confrontés, si du moins rien n’est entrepris pour refonder le vivre-ensemble et un contrat social rouvrant un horizon d’espoir à la société tout entière.

3. NOUS AFFRONTONS UN NOUVEAU TOTALITARISME

Identifier avec précision les racines de la nouvelle barbarie fondamentaliste ne saurait néanmoins amener à ignorer le basculement de la situation mondiale. L’islamisme meurtrier n’est pas simplement une perversion abominable de l’islam. C’est un totalitarisme d’un type nouveau.

Un totalitarisme qui pousse jusqu’au bout les préconisations moyenâgeuses du wahhabisme régnant sur les « Lieux Saints » de la religion musulmane sous l’égide des princes saoudiens. Qui relaie la conception d’un islam millénariste et en belligérance ouverte, non seulement avec un Occident qu’il rattache aux Croisades pour les besoins de sa propagande, mais avec les modes de vie s’opposant à sa vision du monde, avec les chrétiens, les Juifs, les ”« impies »” ou encore les ”« apostats »”. Qui affiche pour objectif la renaissance d’un Califat qui souderait le monde musulman et, au-delà, toute l’humanité, dans une communauté réorganisée des croyants. Et qui entend se développer au prix de la déshumanisation de toutes celles et tous ceux qui s’opposent à lui, de la mise en sujétion des femmes, de l’organisation de massacres en série, de la systématisation d’exécutions pour l’exemple, de l’affichage de visées authentiquement génocidaires à l’encontre des peuples, communautés religieuses et minorités entendant échapper à son emprise.

”« La terreur totale, essence du régime totalitaire,” écrivait Hannah Arendt, ”n’existe ni pour les hommes ni contre eux. Elle est censée fournir aux forces de la nature ou de l’histoire un incomparable moyen d’accélérer leur mouvement »” (”Le Système totalitaire”, Le Seuil 1972). Si elle avait vécu jusqu’à nos jours, la grande philosophe eût sans doute ajouté la loi de Dieu au nombre des ”« forces »” auxquelles la folie totalitaire de notre époque cherche à plier la civilisation humaine.

Ne voir, comme le fait l’ultragauche, dans l’abomination fondamentaliste qu’un enfant des épopées coloniales et des guerres impériales, revient au fond à relativiser la menace que nous avons le devoir de combattre sans atermoiements. Est-il besoin de relever qu’une semblable attitude aurait immanquablement conduit nos anciens à ne pas affronter, avec les moyens appropriés, en redéfinissant stratégies et alliances, ces nouvelles réalités qu’étaient devenus, dans l’Europe des années 1930 et 1940, le fascisme et le nazisme ? Après tout, ceux-ci se révélaient également les fruits vénéneux de la Grande guerre entre impérialismes rivaux, des questions nationales laissées sans réponses par le Traité de Versailles, de l’écrasement de la Révolution allemande de 1918 et du krach financier de 1929…

4. LA STRATÉGIE DE LA TERREUR EST BIEN UNE GUERRE

Je comprends – et je partage – l’agacement de nombreux chercheurs ou responsables associatifs devant l’usage inconsidéré du mot « guerre » pour désigner la confrontation qui ne fait que débuter avec la réaction intégriste. S’agissant spécifiquement de la France, comment en effet suggérer que nous serions en guerre contre un ”« ennemi intérieur »”, alors qu’il nous faut seulement traquer et mettre hors d’état de nuire une phalange d’individus susceptibles de passer à l’acte et leurs soutiens. Pour autant, c’est bien une guerre que l’état-major de « l’État islamique » – autant que les mouvements se situant dans la galaxie islamiste – a décidé d’engager.

Nous savons, depuis le traité de Carl Von Clausewitz (”De la guerre”, Éditions de Minuit 1955), que l’on ne doit jamais dissocier la guerre des finalités dont elle ”« est le moyen »”, autrement dit qu’elle peut se révéler l’essence même du projet politique poursuivi, ce qui est précisément le propre des phénomènes totalitaires. En l’occurrence, c’est par la force des armes, et selon le schéma de la ”« guerre d’extermination »” pointé par Clausewitz il y aura bientôt deux siècles, que l’organisation de « l’État islamique » prétend soumettre le monde arabo-musulman et, plus particulièrement, prendre le contrôle de sa composante sunnite. Dans un ouvrage accessible sur Internet et faisant inévitablement penser au ”Mein Kampf” de sinistre mémoire, l’un de ses stratèges théorise ”« l’administration de la barbarie »”. On y lit, entre autres propos glaçants, qu’il ne faut reculer devant aucun scrupule pour recourir à ”« la violence, la cruauté, le terrorisme, l’effroi et les massacres »”.

C’est à partir d’un territoire aussi vaste que le Royaume uni, grâce à une armée y comptant plusieurs dizaines de milliers d’hommes, en usant de moyens financiers qui placent cette entité au niveau du produit intérieur brut des plus modestes pays africains, en perfectionnant sans cesse un appareil de propagande recourant aux techniques les plus modernes que sont mises en œuvre ces préconisations sinistres. C’est par l’usage d’une violence étendue à toute la planète que cette machine à semer la mort se lance à l’assaut de la démocratie comme des modes de vie contrariant son dogme mortifère. Le 13 novembre, au Bataclan, dans les rues des 10° et 11° arrondissements de la capitale et au Stade de France, c’est ainsi aux manifestations de la liberté culturelle, au plaisir de se retrouver entre amis, à la pratique du sport que les soldats de la haine se seront attaqués. Et si la France est spécifiquement visée, c’est parce qu’elle est le symbole des Lumières et des droits de l’Homme, parce que s’y retrouve également la plus importante population d’origine ou de culture musulmane d’Europe. « L’État islamique », en y déployant son œuvre d’épouvante, cherche à la frapper d’effroi, à y encourager tentations communautaires et replis identitaires, à exercer un chantage à la mort sur la majorité des musulmans qui résistent aux exhortations d’« émirs » délirants, à l’affaiblir alors qu’elle se trouve impliquée dans le combat contre le fanatisme sur divers théâtres d’opération.

5. VIVRE EN SÉCURITÉ EST UN DROIT

Les crimes du 13 novembre, les attentats qui les ont suivis en Afrique ou en Tunisie, les répliques que les terroristes avaient manifestement prévu d’organiser dans le quartier de La Défense, les menaces dont nos voisins belges ont eux-mêmes été l’objet ne pouvaient que susciter une forte demande de sécurité dans le pays. Disons-le sans ambages, celle-ci est parfaitement légitime. Elle relève même d’un droit imprescriptible. Ce n’est pas pour rien que la ”« sûreté »” avait d’emblée été intégrée au nombre des articles de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen qui signa le début de notre Grande Révolution. Ainsi que l’écrivait, voici plus de dix ans déjà, le magistrat Didier Peyrat, l’insécurité” « contribue, avec d’autres évolutions, à la désagrégation au ralenti des rapports sociaux »” (”Éloge de la sécurité”, Gallimard/”Le Monde” 2003).

Il était, par conséquent, de la responsabilité de la puissance publique de réagir à la hauteur de l’exceptionnalité du crime perpétré. Il fallait, sans perdre un instant, protéger les citoyens, identifier et rechercher les criminels comme leurs commanditaires, « tracer » les réseaux et filières qui leur avaient permis d’ourdir leurs sinistres desseins, prendre les moyens (même si la réaction sera apparu quelque peu tardive) de poursuivre les prêcheurs d’exécration qui se répandent sur la Toile et depuis quelques mosquées. La proclamation de l’état d’urgence n’était, pour cette raison, pas contestable, et sa prorogation pour trois mois s’avérait sans doute inévitable. Parlementaire, j’aurais donc voté ladite prorogation. Sans états d’âme, dès lors que les députés communistes avaient obtenu que le Parlement puisse contrôler très régulièrement son déroulement. Mais pas sans une extrême vigilance.

On peut, naturellement, rejoindre les inquiétudes exprimées devant le ”« chèque en blanc »” (je reprends ici les termes utilisés par Jean-Pierre Dubois, l’un des présidents d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme dans un entretien accordé au ”Monde” du 19 novembre) signé par la représentation nationale à l’exécutif et à l’appareil sécuritaire. Pas se retrouver dans les propos enflammés de certains, qui affirment que le pouvoir politique a saisi le premier prétexte venu pour museler les libertés. Ceux qui se complaisent dans ce genre d’outrances ne font pas que rester sourds à la demande de protection qu’exprime le peuple français dans son immense majorité, ils réalisent un tour de passe-passe assez indigne. Car c’est une chose de soulever les problèmes posés par les restrictions temporaires de notre cadre démocratique, c’en est une autre de faire comme s’il n’était pas nécessaire de mobiliser de nouveaux moyens, policiers, judiciaires et militaires, pour faire face à une menace sans équivalent. À moins, bien sûr, que l’on croit nécessaire, au nom des droits menacés, de demander la dissolution du Raid, du GIGN ou de la BRI…

6. MAIS L’ÉTAT D’EXCEPTION N’EST PAS LA SOLUTION

Une fois cela dit, il convient d’être conscient que l’on a tôt fait de passer d’un état d’urgence décrété pour un temps limité à… un régime d’exception plus ou moins permanent. En une période de tensions extrêmes, l’action institutionnelle contre le terrorisme doit se voir soigneusement encadrée, dotée de bornes démocratiques claires et obéir à des critères juridiques scrupuleux. Il importe, en particulier, qu’elle fût déployée dans les limites posées par les principes de contrôle et de proportionnalité. Et, surtout, qu’elle évitât les amalgames où peut à n’importe quel moment verser l’interprétation extensive des possibilités accordées aux forces de l’ordre et aux services de renseignement. Sans quoi, le pas pourrait vite être franchi d’une assimilation abusive de tout acte violent ou extra-institutionnel à une entreprise terroriste, d’un allongement arbitraire de la liste des « suspects » à quiconque aurait un jour cédé à une geste insurrectionnelle, même si celle-ci est sans rapport avec les porteurs de bombes et de fusils d’assaut de ce 13 novembre. On vient d’ailleurs de voir se profiler cette ligne de pente préoccupante avec la mise en résidence surveillée de quelques écologistes radicaux susceptibles de venir perturber l’ouverture des travaux de la COP 21…

À cet égard, la reprise par le président de la République, dans son discours devant le Congrès, de mesures défendues de longue date par le Front national – telle, pour ne prendre que cet exemple, la déchéance de nationalité pour les binationaux partis combattre en Syrie ou ailleurs, qui met en cause l’égalité entre citoyens – peut ouvrir la voie à des dynamiques éminemment dangereuses. Tout comme la possibilité, ici ou là évoquée, d’une assignation à résidence des personnes fichées « s », qui sont aujourd’hui plus de 20 000, une petite moitié d’entre eux n’ayant cependant rien à voir avec le terrorisme islamiste. Sans parler de l’idée de constitutionnaliser un « état de crise » censé être mieux adapté au contexte présent que les articles 16 et 36 de notre Loi fondamentale (lesquels définissent les pleins pouvoirs au locataire de l’Élysée et l’instauration d’un état de siège), mais qui pourrait vite amener à une restriction des libertés individuelles et collectives sur un temps bien plus long qu’il n’est nécessaire pour affronter une conjoncture tout à fait inhabituelle. Et je ne veux même pas m’appesantir sur la suggestion d’un ”Patriot Act” à la française, avancée par quelques bouches à feu de l’ex-UMP et qui se traduirait par l’ouverture de notre Guantanamo, à l’heure où les États-Unis s’emploient précisément à sortir du piège infernal qu’ils ont hérité de l’administration Bush.

Outre que les dérapages liberticides n’ont jamais, et nulle part, fait la démonstration de leur efficacité pour lutter contre des périls semblables à l’actuel jihadisme, le premier rempart contre la terreur réside dans la cohésion d’une société et dans la capacité de ses membres à maîtriser les enjeux, condition de leur mobilisation et de leur aptitude à résister à la peur. C’est de ce point de vue que le « sécuritaire » peut vite devenir un obstacle à la mise en sécurité de la nation et de ses citoyens. Si, encore une fois, il importe sans barguigner d’accepter le renforcement des outils par lesquels l’État peut affronter un défi global, il ne faut y consentir que sous l’autorité des élus du suffrage universel et dans une relation de subordination à l’autorité judiciaire, laquelle n’a pas pour unique mission de « punir » mais également de garantir les libertés fondamentales. Au demeurant, avant d’élargir constamment les possibilités d’investigation et d’intervention des structures répressives, ne faudrait-il pas mobiliser les acteurs de terrain, élus, associations ou éducateurs, pour connaître précisément les réseaux fondamentalistes, les isoler et les démanteler ?

7. LE « PACTE DE SÉCURITÉ » VA DE PAIR AVEC LE PACTE DE SOLIDARITÉ

Intervenant à Versailles, François Hollande aura reconnu que le ”« pacte de sécurité »” devait primer sur le ”« pacte de stabilité »”. C’est l’évidence même, et il est dommage que ces fortes paroles ne se soient pas faites entendre lorsque l’Union européenne aura eu à gérer, voici quelques semaines à peine, une arrivée massive de réfugiés sollicitant la dépense publique de chaque pays, afin que fussent accueillis dignement ces dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. À ceci près que ce n’est pas dans le seul domaine policier ou militaire qu’il est indispensable de rompre le cercle de déraison de l’austérité budgétaire. C’est aussi, et d’abord, dans celui de la cohésion sociale.

Déplorer, comme nombre de responsables politiques, que les assassins du 13 novembre aient grandi, pour la plupart d’entre eux du moins, dans notre Hexagone, et qu’ils aient été de nationalité française, devrait ”a minima” réveiller la prise de conscience qu’avait suscité l’attaque de ”Charlie Hebdo” et la prise d’otages de l’Hyper Casher de la Porte-de-Vincennes. Au lendemain des gigantesques marches des 10 et 11 janvier, le Premier ministre était d’ailleurs allé jusqu’à parler ”« d’apartheid territorial, social, ethnique »” pour caractériser la situation de nos périphéries urbaines. Pour que de jeunes hommes fussent devenus des loups aussi endoctrinés que dépourvus de toute humanité, faut-il que le sentiment d’abandon soit devenu fort sur une partie de nos territoires, que l’école ait perdu son rôle d’institutrice du civisme, que le chômage et la précarité aient engendré des processus massifs de désocialisation, qu’une relégation insidieuse des quartiers populaires ait vidé de substance la devise inscrite au fronton des bâtiments officiels ?

Parce que le contrat politique et social issu de la Résistance aura fini par s’affaisser sous les coups de boutoir d’un néolibéralisme ravageur et d’une mondialisation capitaliste dissolvante, c’est à l’écriture d’un nouveau pacte républicain d’urgence et de solidarité que tout appelle désormais. Pour reconstruire un système de droits collectifs et de protection sociale que la concurrence débridée et le libre-échangisme intégral ont détruit. Pour remailler la communauté des citoyens et renouer les liens sociaux, ce qui suppose de rétablir des politiques publiques ambitieuses et des services publics de qualité. Pour replacer l’Éducation nationale au centre du redressement de la République, avec en son cœur une laïcité essentielle au dépassement des enclavements communautaires. Pour redistribuer les richesses afin d’offrir à chacune et chacun la possibilité d’une vie décente. Pour réorienter notre économie vers un nouveau modèle de développement, créateur d’emplois et respectueux des équilibres écologiques. Pour repenser un aménagement du territoire répondant prioritairement au besoin de justice et à l’exigence d’égalité. Pour qu’un « Plan Marshall » des banlieues et de l’égalité des territoires vînt réintégrer les quartiers populaires dans la République et travailler à la résorption des ”« fractures françaises »” si bien décrites par le géographe Christophe Guilly. Pour rétablir une démocratie vivante, sortant la vie publique de sa mutilation au gré des errements autoritaires et présidentialistes de la V° République.

8. IL FAUT AIDER LES PEUPLES À BRISER « L’ÉTAT ISLAMIQUE »

Avec les attentats meurtriers qui secouent, à intervalles réguliers, les capitales « occidentales » autant que des pays à majorité musulmane, nous sommes entrés dans un moment où des discours « hors sol », des rhétoriques tournant désespérément à vide ou des positionnements pacifistes de principe deviennent dangereux par leurs effets en retour possibles sur des populations sous le choc et en attente de réponses cohérentes pour traiter un mal qui se répand tel un cancer. Dès lors que, pour élargir son emprise sur l’espace arabe et sunnite, « l’État islamique » a déclenché une guerre dont les peuples se réclamant de l’islam sont les premières victimes, il serait irresponsable de se dérober au choc avec lui. Comme il avait été d’une légèreté criminelle, pour la France et la Grande-Bretagne, de ne pas se confronter militairement au fascisme dès 1936, lorsque le destin du Vieux Continent se jouait en Espagne…

Il ne s’agit évidemment pas, comme d’aucuns se hasardent à le préconiser, de se lancer dans l’aventure d’une intervention conduite sous les auspices de l’Otan, alors que le mentor nord-américain de l’organisation atlantique, comme les puissances qui lui sont associées, s’avèrent les premières responsables du bourbier dans lequel ont successivement sombré l’Irak, la Libye et la Syrie. Il n’empêche que la question de l’engagement armé des pays qui en ont les moyens, au service des populations menacées dans leur existence et leurs droits les plus fondamentaux, peut et doit prendre la forme d’opérations aériennes massives destinées à détruire les infrastructures et les unités combattantes de la terreur jihadiste, d’un appui logistique aux forces qui s’opposent à l’instauration d’une dictature théocratique sur leur sol, les formations armées du Kurdistan par exemple, ou encore de l’ouverture de « corridors » susceptibles de venir en aide aux villes ou régions assiégées par les commandos de la « guerre sainte » (comme c’était le cas, il n’y a pas si longtemps, de Kôbané).

Ce qui, en l’occurrence, doit distinguer cette guerre – car c’en est, naturellement, une – des logiques bellicistes à visées impériales que nous avons si souvent connues dans le passé, est qu’elle fût livrée dans le strict respect du droit international. En clair, que la ”« grande coalition »” en faveur de laquelle se prononce à présent le président de la République se constitue sur mandat des Nations unies et se place sous leur contrôle, qu’elle se réfère à leur Charte qui définit les seuls principes reconnus pouvant permettre de fonder la légitimité d’un engagement international, qu’elle détermine ses objectifs en lien étroit avec les forces et États agissant pour le rétablissement de la démocratie dans toute cette zone.

Cela dit, pour indispensable qu’elle apparaisse à présent, l’intervention militaire internationale ne saurait escamoter l’une des armes qui permettrait tout autant d’anéantir – ou, du moins, d’affaiblir substantiellement – « l’État islamique » comme les groupes évoluant dans le même périmètre. Je veux parler des dispositions qui aboutiraient à assécher les ressources que ces derniers tirent de la prédation des matière premières, le pétrole ou le coton en particulier, de leur accès au système bancaire et financier globalisé, de leur utilisation cynique des « zones grises » liées aux trafics de toute sorte ou à la spéculation se déployant à partir des paradis fiscaux. Des activités aussi lucratives que tentaculaires, qui n’eussent pu être menées à bien sans la duplicité de pouvoirs généralement présentés comme nos alliés, ceux de Turquie et du Qatar en premier lieu (mais on ne peut ignorer le rôle, tout aussi calamiteux, de l’Arabie saoudite dans le soutien à des structures rivales de « Daech », telle Al-Qaida). De sorte que, s’il est une action qui ne saurait attendre l’avancée des démarches diplomatiques en cours, c’est bien celle qui verrait notre pays tenir enfin un langage de vérité, en exigeant d’Ankara comme des monarchies pétrolières du Golfe qu’ils mettent sans délai un terme à leur double jeu. Sous peine de sanctions au moins aussi sévères que celles que l’on n’aura pas hésité, il y a quelques mois, à infliger à la Russie de Vladimir Poutine !

9. UN NOUVEL ORDRE DE PAIX ET DE SÉCURITÉ VIENT À L’ORDRE DU JOUR

Chacun le sait, il n’est d’action militaire qui pût être déconnectée d’objectifs clairement définis. Sur ce plan, on ne peut que regretter les oscillations de notre diplomatie depuis une quinzaine d’années. Bien sûr, qui n’approuverait l’assistance actuellement apportée aux peuples en grande détresse du Mali et de la Centrafrique ? Sauf que, dans le même temps, la France a laissé se dégrader son indépendance et son image dans le monde. De l’alignement sur Washington des gouvernements qui se sont succédé aux responsabilités, à la passivité coupable avec laquelle ils ont laissé les dirigeants israéliens provoquer la communauté internationale… De l’intervention qui a conduit à la disparition de toute structure étatique en Libye et à la prolifération dans ce pays de guerriers de la terreur, à la tentation d’agir à l’identique en Syrie au risque de la laisser aux mains d’une théocratie criminelle… Du retour à une guerre froide larvée avec Moscou, à l’intégration accentuée de notre armée dans l’Alliance atlantique… Sans même pointer le silence embarrassé qui a suivi l’acte de guerre de l’aviation turque contre un chasseur russe (énième démonstration de l’attitude ambivalente de Monsieur Erdogan envers le jihadisme fanatique)…

Il est plus que temps de renverser la tendance. Dans la lignée de ce que j’ai précédemment développé, il se révèle maintenant indispensable de défendre la perspective d’une conférence internationale qui, toujours sous l’égide de l’ONU, réunirait les gouvernements et forces démocratiques intéressés à la définition d’une solution globale pour le Proche et le Moyen-Orient. Une conférence internationale qui réparerait les dégâts des interventions impérialistes du passé. Qui aurait pour objectif de rétablir la souveraineté des peuples. Qui travaillerait à la restauration de l’intégrité territoriale de la Syrie et de la Libye, ainsi qu’aux transitions politiques indispensables à la stabilité de ces pays. Qui n’esquiverait pas, dans le même temps, la question cruciale des frontières, aujourd’hui brisées, héritées des occupations coloniales d’antan et singulièrement des accords Sykes-Picot du début du XX° siècle. Qui, dans cet esprit, se confronterait aux questions palestinienne et kurde, en application du droit des peuples à déterminer librement leur destin. Qui, surtout, dégagerait les moyens financiers massifs que requiert la mise en œuvre du plan de développement sans lequel cette région ne retrouvera jamais la stabilité et la paix.

Voilà, finalement, le grand défi du siècle qui s’ouvre. Les vertus que certains prêtaient hier à la mondialisation se sont aujourd’hui dissoutes dans un univers de convulsions, de mort, de renaissance de nouvelles barbaries, de retour en force des égoïsmes de toute nature, de montée des haines exterminatrices. Redonner du sens à l’ordre du monde, redessiner un avenir pour la civilisation humaine, c’est au fond renouer avec ce combat qui façonna le mouvement ouvrier à ses origines : la paix et la sécurité collective. Si elle veut se montrer fidèle aux pages les plus nobles de son histoire, la France à un rôle de premier plan à jouer dans cette configuration tourmentée. À condition qu’elle sût recouvrer elle-même sa souveraineté, rompre avec l’affaissement moral que lui valent des orientations européennes et internationales illisibles, porter de nouveau une parole forte en direction d’une humanité entraînée vers de terribles catastrophes.

10. L’HEURE EST VENUE DE REDONNER UN CAP À LA FRANCE

La France et sa République : c’est sur ces deux terrains imbriqués par l’histoire que va se jouer notre devenir collectif. On ne peut, à cet égard, qu’être frappé de la réaction de notre peuple, toutes origines et convictions philosophiques ou religieuses confondues, devant l’aventure fondamentaliste. Dans ce pays se drapant dans ses couleurs nationales, à travers ces ”Marseillaise” des milliers de fois entonnées, derrière ces innombrables manifestations spontanées d’entraide entre individus, nulle trace (ou presque…) de replis régressifs, de dérapages racistes ou antimusulmans, de tentations communautaristes. Simplement, la sourde volonté d’affirmer, face aux commandos de l’Apocalypse, une fierté d’être Français, un rappel que cette nation s’est forgée dans la tension vers l’universel que lui a légué son soulèvement fondateur contre le despotisme, une nouvelle démonstration de la permanence d’un patriotisme populaire.

En de semblables circonstances, il me paraît toujours utile de se reporter aux nombreuses pages que Jaurès, en son temps, avait consacré à la France républicaine et citoyenne. J’en extrais ces lignes : ”« Les patries, les groupements distincts ont été la condition des groupements plus vastes que prépare l’évolution. Et en chacun de ces groupes, une vie commune s’est développée qui garantissait et amplifiait la vie de tous et de chacun ; une conscience collective s’est formée en qui les consciences individuelles étaient unies et exaltées. Même pour les exploités, même pour les asservis, le groupement humain où ils avaient du moins une place définie, quelques heures de sommeil tranquille sur la marche la plus basse du palais, valait mieux que le monde du dehors, plein d’une hostilité absolue et d’une insécurité totale. »” Il y voyait d’ailleurs la raison pour laquelle ”« le prolétariat se soulèverait tout entier le jour où réellement l’indépendance de la nation serait en péril »” (in ”L’Armée nouvelle”, Éditions sociales 1978).

Sur cette terre toulousaine dont je suis l’élu, j’aurai retrouvé l’écho de cette haute vision sous la plume de Magyd Cherfi, symbole du mélange des cultures et l’un des créateurs du groupe Zebda. Face à l’horreur ressentie au soir des attentats de Paris, et sans craindre de bousculer les réflexes conditionnés des milieux militants aux côtés desquels il combat depuis toujours en faveur de l’égalité des droits, il n’aura pas hésité à écrire : ”« C’est un carnage et c’est mon jour de baptême. Je deviens solennellement Français, c’est dit. Je promets devant le fronton des mairies d’aimer la France pour le pire et le meilleur, de la protéger, de la chérir jusqu’au dernier souffle. Suis-je sonné ? Je nais. Il y a des jours comme ça où même anar on porte un drapeau parce que c’est tout ce qui reste à brandir après l’embrasement, et il est bleu-blanc-rouge.” (…) ”On devrait avoir envie de sauver la France avant les signaux d’alerte, avant que la mort ne vienne exhaler son odeur dégueulasse. Allez ! Prenons les armes et sauvons ce trésor qui est la République et même la nation. Il y a des jours comme ça où on est de droite, de gauche, de tous bords tant qu’ils respectent le droit de ne pas être d’accord. On envie ce pays d’autant tolérer d’avis contraires, d’idées extrêmes et nauséabondes. »”

Prenons bien la mesure de cette déclaration d’amour à une France dont l’ami Magyd aura voulu signifier qu’elle porte des valeurs pionnières ayant, au fond, toujours inspiré son propre parcours de vie. Elle est, à l’unisson de l’émotion manifestée par des millions d’hommes et de femmes, un appel implicite au sursaut. Sursaut pour retrouver l’élan collectif qui a tant de fois fait de notre peuple un phare de toutes les batailles pour le progrès humain. Sursaut pour que notre construction républicaine, qui est depuis plus de deux siècles l’essence même de l’identité française, ne fasse pas que proclamer l’égalité et la fraternité, mais qu’elle concrétise ces principes émancipateurs au moyen de politiques à la hauteur. Sursaut afin que chacune et chacun se sente de nouveau partie prenante d’un récit national commun, ce qui exige que nul ne pût s’estimer abandonné ou relégué au rang de citoyen de seconde zone. Sursaut, je l’ai écrit précédemment, pour que le creuset national se refonde dans un nouveau pacte social et démocratique, qui vînt prendre la succession de celui qui nous fut légué par le Conseil national de la Résistance, avant de se voir mis en charpie par un néolibéralisme destructeur.

Gare à ne pas ignorer cet appel. Que l’extrême droite n’ait pu, une fois encore, exploiter comme elle l’eût sans doute souhaité, les tueries de ce mois de novembre, ne peut faire oublier qu’elle semble devoir bénéficier de très fortes poussées à l’occasion des élections régionales de ce 6 décembre. S’il est une leçon du passé que l’on ne néglige qu’au prix de réveils affreusement douloureux, c’est bien que les pêcheurs en eaux troubles remplissent leurs filets lorsque les peuples voient bafouer leurs attentes et aspirations. C’est d’ailleurs probablement parce que le soulèvement civique des 10 et 11 janvier n’avait pas reçu la réponse attendue des citoyens, que notre vie publique se retrouve à présent prise en tenaille par les tenants du repli xénophobe et par ceux d’un fanatisme d’un autre âge. Au risque de la voir se fracasser sur le choc des communautarismes et des affrontements fratricides…

Il n’y a donc plus un instant à perdre pour opérer le changement de cap indispensable. Pour redonner un cap d’espérance à notre pays et tout son sens à l’idée même de République !

Christian_Picquet

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