Le mouvement social et la crise politique appellent une perspective majoritaire
Par son obstination à faire passer en force sa loi de désintégration du droit du travail, par la surdité qui le caractérise face à l’exaspération montant des profondeurs du pays, ce gouvernement nous enfonce dans une crise politique aux retombées imprévisibles.
Messieurs Hollande, Valls et consorts escomptaient d’évidence, en interdisant à l’Assemblée nationale de débattre de la loi El Khomri au moyen de l’article 49-3, provoquer l’abattement des centaines de milliers de salariés qui se sont mobilisés, depuis le 31 mars, à la faveur de plusieurs journées d’action. Ils seront seulement parvenus à révéler qu’ils ne disposent plus de majorité parmi les députés, à faire croître la colère dans les entreprises, à s’isoler davantage d’une opinion ne cessant, de sondage en sondage, de demander le retrait d’une législation génératrice d’affaiblissement des protections collectives du monde du travail.
Alors que, contredisant les analyses des technocrates peuplant les allées du pouvoir, à rebours de celles des communicants dictant leurs argumentaires aux ministres, le mouvement social s’élargit à de nouveaux secteurs, de l’industrie pétrolière aux transports en passant par le secteur énergétique, aboutissant au blocage des raffineries et des dépôts de carburants, un pouvoir en pleine dérive aura choisi l’escalade et la provocation. Le voilà ainsi qui fait intervenir des centaines de policiers lourdement armés, flashballs et canons à eau à l’appui, pour dégager les grévistes bloquant les sites, tels ceux de Fos-sur-Mer ou de Douchy-les-Mines. Le voilà qui recourt à l’insulte et aux anathèmes envers la CGT et les syndicalistes engagés dans l’épreuve de force, n’hésitant pas à les assimiler implicitement à des terroristes qui prendraient en otages les populations. Les voilà qui, par l’entremise du locataire de Bercy, l’inénarrable Monsieur Macron, laisse entrevoir que la « loi travail » n’est en réalité que l’amorce d’une offensive destinée à instaurer un tout nouvel ordre social. Un ordre que l’économiste Jacques Généreux aura un jour, à juste titre, qualifié de ”« dissociété de marché individualiste »” ou encore de ”« civilisation en marche arrière »” (in ”La Grande Régression,” Seuil 2010). Un ordre où, pour le dire autrement, les êtres humains qui sont, dans leur immense majorité dorénavant, des salariés, se trouveront livrés pieds et poings liés à de nouvelles et brutales servitudes.
Des gouvernants, déjà dépossédés de leur légitimité dès l’instant où ils se mirent à agir en totale contradiction avec ce qu’avaient été leurs engagements électoraux, qui perdent à présent toute autorité en s’arc-boutant sur une législation que les Français rejettent… Une démocratie, asphyxiée depuis bien des années par un système de monarchie présidentielle, et que laisse maintenant exsangue un exécutif qui ignore l’attente des citoyens dans le même temps qu’il piétine la souveraineté du Parlement comme jamais cela ne s’était encore fait sous la V° République… Un État, ébranlé dans ses missions régulatrices par la contre-révolution libérale, et dont on prétend qu’il peut imposer à la société les vues d’une minorité gouvernante à l’aide de ses seuls moyens coercitifs… Tout est désormais réuni pour placer notre Hexagone dans une situation littéralement explosive. Ce n’est donc pas simplement parce que les revendications du mouvement social relèvent de la plus évidente justice qu’il convient de poursuivre et intensifier le mouvement pour le retrait de la « loi travail ». C’est également dans la mesure où il en va de notre vie en commun, de l’avenir de la République, du devenir d’une citoyenneté ne se concevant pas sans démocratie sociale.
Il se trouve que je participe actuellement à une série de rendez-vous en des lieux très différents du territoire, à l’occasion desquels je traite de la nécessaire construction d’une perspective politique, offrant un débouché aux mobilisations en cours et répondant aux dangers qui menacent la gauche de déconfiture. J’étais encore, ce week-end, à la fête départementale de ”L’Humanité” à Toulouse, où mes amis de la fédération communiste de Haute-Garonne m’avaient proposé d’animer un grand débat sur 2017 et après. Une belle fête, forte de milliers de participants, un bel échange à l’occasion duquel il m’aura été possible de dialoguer avec Salah Amokrane, l’un des créateurs du groupe Zebda, ainsi qu’avec les représentants d’autres partis de gauche qui avaient fait le déplacement. La semaine précédente, j’étais l’invité de la fête annuelle des ”Nouvelles” de Loire-Atlantique (dont on célébrait la parution du millième numéro), à Saint-Nazaire, où j’aurai successivement participé à une table-ronde avec d’autres représentants de la gauche départementale, puis au meeting de clôture de ce beau rassemblement, où je serai intervenu aux côtés du secrétaire départementale de la CGT et du représentant de la Jeunesse communiste, dont chacun a pu noter la forte présence dans les manifestations. En guise de contribution aux réflexions qui agitent notre camp social et politique, je vous livre ici la retranscription de mon discours de ce dimanche-là.
C’EST L’HÉRITAGE DU FRONT POPULAIRE QU’ILS ATTAQUENT
« Chers Amis, Chers Camarades, sur cette vieille terre de luttes et d’engagements, vous comprendrez que je commence par saluer le quatre-vingtième anniversaire du Front populaire. Ce Front populaire, permis par le premier rassemblement de la gauche que la France ait connu… Ce Front populaire auquel la classe ouvrière et le peuple tout entier doivent la reconnaissance du droit syndical, les congés payés ou les 40 heures…
« À 80 ans de distance, c’est pourtant un gouvernement se réclamant de la gauche – je ne dis pas un gouvernement de gauche, hélas… – qui, après s’être refusé à rassembler la gauche avant d’accéder aux responsabilités, aura lui choisi de faire adopter la ‘’loi travail’’. Cette si mal-nommée ’’loi travail’’, qui va précisément s’attaquer à l’héritage du Front populaire. Vous le savez, l’inversion de la ‘’hiérarchie des normes’’ n’est en effet rien d’autre que la négation de ce que le Front populaire avait voulu instaurer avec les conventions collectives. On voulait, à l’époque, protéger les travailleurs et faire prévaloir le mieux-disant social, comme on dirait aujourd’hui. C’est précisément pour cette raison que l’on avait voulu faire primer la loi sur les accords de branche, et les accords de branche sur les accords d’entreprise.
« En prime, nous aurons eu la tentative d’adoption de la loi à la hussarde, grâce à l’article 49-3. Triste dérive d’un pouvoir qui se sera assis sur tous ses engagements, jusqu’au plus minime d’entre eux. Triste dérive qui aura vu imposer au pays un traité budgétaire européen, qui le condamne à l’austérité à perpétuité. Triste dérive qui aura vu une équipe, élue grâce à la convergence de toutes les énergies de la gauche, multiplier les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, sans garanties d’aucune sorte ni contreparties, sans résultats par conséquent sur la création d’emplois et l’investissement. Triste dérive qui aura imposé à nos collectivités une réforme territoriale qui les soumet aux exigences de la compétitivité et aux intérêts des marchés. Triste dérive, enfin, où l’on sera allé jusqu’à s’en prendre aux piliers fondateurs de la République.
« Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Lorsque l’on n’est plus capable d’afficher, envers les centaines de milliers de réfugiés contraints à l’errance pour sauver leurs vies, qu’un discours dépourvu de toute humanité, tel celui que notre Premier ministre a prononcé récemment à Munich… Lorsque, avec la déchéance de nationalité, on prend le risque de saper le principe d’égalité des citoyens, quelles que soient leurs origines… Lorsque l’on s’en prend, au final, à cet ”‘’ordre public social’’” que le Conseil national de la Résistance avait rétabli et considérablement renforcé à la Libération… On s’en prend aux principes mêmes de notre construction républicaine, et on obtient l’inévitable résultat : un pays de plus en plus inégalitaire !
LA PIRE DES FORFAITURES DE FRANÇOIS HOLLANDE
« François Hollande avait promis de mettre au pas la finance, et nous avons désormais un pays où, en une seule année, les 500 Français les plus riches peuvent accumuler plus de 300 milliards de gains. Nous avons un pays où 1% des Français les plus riches possède 25% du patrimoine national. Nous avons un pays où une entreprise comme Radiall peut empocher 876 000 euros au titre du Crédit d’impôt compétitivité-emploi, tout en voyant son PDG – il s’appelle Monsieur Gattaz – s’octroyer 28% d’augmentation de sa rémunération. Nous avons un pays où l’on compte un milliard d’heures supplémentaires dissimulées, soit l’équivalent de 600 000 emplois non pourvus.
« C’est cela qui enfonce notre pays dans le chômage, la précarité, la stagnation économique, la désindustrialisation. Contrairement à ce que prétendent les promoteurs de la loi El Khomri, ce n’est pas du ‘’coût du travail’’ que pâtit la France. C’est du coût du capital, du coût de l’austérité budgétaire, qui ne dopent que les dividendes des actionnaires dans le même temps qu’ils pénalisent les investissements, détruisent des emplois par centaines de milliers, font sans cesse baisser les salaires et les retraites, étranglent la consommation populaire. Ce qui interdit, au bout du compte, à notre pays de sortir de la crise…
« Mais, vous voyez, la plus terrible des forfaitures qu’aient commises François Hollande, Manuel Valls et tous ceux qui les soutiennent, restera d’avoir ouvert un boulevard au pire pour notre peuple.
« Regardez les programmes que défendent les candidats à la ‘’primaire’’ de la droite. Qu’ils s’appellent Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon ou Bruno Le Maire, peu importe, leurs solutions sont identiques. L’un promet la retraite à 65 ou 67 ans ; l’autre veut supprimer l’impôt sur la fortune ; le troisième met sur la table 100 milliards d’amputations budgétaires, mais son concurrent affiche l’objectif de 130 milliards ; il s’en trouve un autre pour envisager un million de postes supprimés dans la Fonction publique sur cinq ans (autant dire qu’il ne restera rien de nos services publics…) ; ce qui n’empêche un autre quidam de promettre, quant à lui, la suppression totale du code du travail…
« Au fond, tous ceux-là ne dissimulent pas la réalité de leur projet de société : un grand bond en arrière, un monde du travail et un pays revenus 150 ans en arrière, avec des droits taillés en pièces ! Ne croyez pas que j’exagère. Ce projet de société, il est déjà à l’œuvre, ici ou là, sur le globe. Comme aux États-Unis, où les salariés de nombreuses entreprises volaillères se voient interdits de ‘’pause-toilettes’’ et sont contraints de porter des couches-culottes pour demeurer rivés à leurs postes de travail tout au long de la journée. Non, décidément, il n’y a pas de ‘’mondialisation capitaliste heureuse’’… Sauf, bien sûr, pour Monsieur Alain Minc, à qui l’on doit cette célèbre formule, mais lui, il est abonné aux jetons de présence dans les conseils d’administration des transnationales. Nous avons au contraire affaire à un capital si cupide qu’il menace toute l’humanité d’un basculement de civilisation.
« Le plus grave, cependant, est dessiné par la progression régulière du Front national. Dès lors que l’on se sera employé, des années durant, à détruire la gauche ; dès lors que l’on aura fait en sorte qu’elle n’apparaisse plus porteuse d’espoir pour des millions d’hommes et de femmes ; dès lors que certains, maintenant, en appellent à effacer les frontières entre la gauche et la droite, et je ne parle même pas de ce petit Monsieur Macron qui nous explique benoîtement qu’il manque un roi à la France ; c’est l’extrême droite qui aura vu sans cesse grandir son influence.
« Madame Le Pen n’a pas un programme social bien différent de Messieurs Sarkozy ou Juppé. Elle veut seulement en aggraver la nocivité en faisant souffler sur la France le vent mauvais de la xénophobie d’État, de discriminations institutionnalisées, de la liquidation des principes égalitaires de la République. Et si cette démagogie nauséabonde rencontre un terrain si favorable, si elle réussit à imprimer sa marque au débat public, c’est parce que des millions de Français croient y trouver une réponse à leurs souffrances.
NOTRE SEUL POINT DE RÉFÉRENCE : L’INTÉRÊT GÉNÉRAL
« Voilà où nous en sommes arrivés. Voilà comment nous nous retrouvons à présent menacés de voir la gauche éliminée du second tour de la présidentielle, après avoir perdu tant de municipalités, tant de départements, tant de régions qu’elle dirigeait. Voilà comment nous pouvons, demain, nous voir marginalisés dans la future Assemblée nationale. Voilà comment nous risquons de devenir spectateurs d’une polarisation politique du pays entre une droite réactionnaire comme on ne l’avait jamais connue depuis 1945, et une extrême droite qui se rapproche chaque jour un peu plus du pouvoir.
« Amis et Camarades, on ne conjurera pas cette catastrophe en se contentant d’exhorter nos concitoyens sur le mode ”‘’Au secours, la droite revient !’’”, ainsi que vient de le faire le quarteron de ministres à l’occasion d’un meeting pitoyable dans une faculté de médecine parisienne. Hé, oh, Messieurs du gouvernement : êtes-vous donc à ce point coupés de la réalité, que vous ne voyez même plus la débâcle qui se profile si vous continuez dans votre escalade libérale ?
« Pour ce qui nous concerne, nous ne nous résignons pas à voir notre peuple dépossédé, jour après jour, de tout ce qu’il a conquis. Vous le savez, vous qui êtes ici aujourd’hui, vous qui êtes communistes ou qui connaissez bien les communistes, c’est en quelque sorte notre ADN que de combattre en n’ayant jamais qu’un seul point de repère : l’intérêt général !
« Nous ne voulons en aucun cas faire notre petit frichti, sur notre petit réchaud, dans notre petite cuisine, en nous désintéressant de ce qui se passe autour de nous. C’est ce qui a fait de nous l’aile marchante du Rassemblement populaire contre le fascisme dès 1934, de l’union de la Résistance à l’occupant hitlérien et à Vichy, du Programme commun ayant fini par mettre un terme au long règne de la droite après Mai 68, et enfin, tout récemment, du Front de gauche avec lequel nous nous étions fixés pour mission de changer la gauche tout entière en lui permettant d’agir sur une ligne de rupture avec l’ordre libéral.
« Nous entendons être au service de ces travailleurs, de ces privés d’emploi, de ces jeunes, de ces retraités qui forment aujourd’hui l’écrasante majorité de la population. Nous nous résignons d’autant moins à une déroute annoncée, que l’avenir est très loin d’être écrit.
« Regardez ! On nous disait les Français résignés au règne insolent de l’argent, et nous avons maintenant ce réveil social qui refuse de prendre son parti du passage en force de la loi El Khomri à l’Assemblée nationale. On nous disait la jeunesse acquise à l’idéologie de la mise en concurrence de tous contre tous, et la voilà qui se mobilise aux côtés des organisations de travailleurs. On nous disait les citoyens dégoûtés de la politique, et un peu partout les ‘’Nuits debout’’ portent l’exigence d’un profond renouveau démocratique. On nous disait la gauche anti-austérité irrémédiablement recluse dans le camp des derniers Mohicans, et nous venons de voir, à l’Assemblée nationale, toute une partie de la gauche – des communistes, des écologistes, des ‘’chevènementistes’’ et des dizaines de socialistes – se retrouver autour d’une motion de censure, élaborée sur des considérants de gauche et à laquelle il n’aura manqué que deux signatures pour être déposée.
« Telle est la réalité. Non seulement le peuple rejette les solutions libérales, au point que 70% de l’opinion réclament le retrait de la ‘’loi travail’’, mais la grande majorité de la gauche, jusqu’au cœur du Parti socialiste, a maintenant pris acte que le pouvoir avait divorcé d’avec elle. Le mouvement social en cours, la jeunesse dans la rue, les ‘’Nuits debout’’ se reproduisant chaque soir, et désormais la motion de censure de gauche appellent une perspective politique en urgence. C’est possible, pourvu que la volonté soit au rendez-vous.
GAGNER CONTRE LA « LOI TRAVAIL », BÂTIR UNE NOUVELLE MAJORITÉ POLITIQUE
« Il est possible d’engager la contre-offensive sociale, en menant jusqu’au bout la bataille pour le retrait de la loi El Khomri. La place de tous ceux et de toutes celles qui considèrent ce texte indigne des combats fondateurs de la gauche, la place de tous ceux et de toutes celles pour qui la gauche n’est rien si elle n’est pas le parti du travail et des travailleurs, leur place est clairement derrière les syndicats qui viennent d’adopter leur nouvelle feuille de route pour les prochaines semaines. Nous devons gagner sur cette loi, car si nous y parvenons, alors la confiance va changer de camp !
« Il est possible, dans la foulée, de rassembler les forces vives de la gauche et du peuple, que les gouvernants en place ne cessent de vouloir diviser, sur une politique prenant l’exact contre-pied de ce qui a été fait depuis quatre ans. Il est possible, pour le dire autrement, de faire émerger l’ambition d’une nouvelle majorité politique, d’une proposition qui permette enfin de gouverner à gauche ce pays.
« Il est possible de dégager à cette fin un socle d’engagements qui reconstruira la confiance du peuple en la gauche. Par exemple, en mettant sur la table l’idée d’une ‘’Sécurité-emploi-formation’’ – d’une Sécurité sociale professionnelle, comme la revendique la CGT –, qui dotera les salariés d’un socle de droits fondamentaux opposable aux employeurs tout au long de la vie professionnelle. Par exemple, en mettant au cœur d’une grande réforme fiscale engageant la redistribution des richesses, la taxation des revenus financiers des entreprises, la mise à contribution des dividendes des actionnaires, l’action contre les placements spéculatifs dans ces paradis fiscaux qui défraient régulièrement la chronique, et ce afin que les finances publiques disposent des moyens de relancer l’activité et de sortir l’économie du marasme. Par exemple, en réorientant le crédit, grâce à la constitution d’un grand pôle public bancaire, afin de prioriser l’investissement productif, d’engager la réindustrialisation de nos territoires, de promouvoir un nouveau mode de développement socialement utile et écologiquement soutenable. Par exemple, en suspendant l’application par la France du traité austéritaire dont Madame Merkel se fait la gardienne sourcilleuse, ou en reposant la question essentielle du statut et des missions de la Banque centrale de Francfort, afin de pouvoir donner de nouvelles bases à la construction européenne. Par exemple, en sortant des dérives délétères du présidentialisme, et en ouvrant le chantier d’une VI° République. Par exemple, en nous libérant de la soumission à l’Otan et à la diplomatie nord-américaine, pour redonner à la France une voix forte auprès des peuples du monde, en faveur d’une logique de paix, de démocratie et de développement solidaire.
POUR UN VASTE PROCESSUS CITOYEN
« Tout cela est possible, Mes Amis, si les citoyens s’en mêlent, si leur intervention crée sur le terrain les conditions d’un nouveau Front populaire, un Front populaire du XXI° siècle !
« C’est ce qui nous a guidés lorsque nous avons pris l’initiative des ‘’Lundis de gauche’’, auxquels nous avons invité des personnalités représentatives d’engagements très divers. C’est aussi ce qui a conduit les députés communistes, dès l’annonce du recours au 49-3 de la part du gouvernement, à s’adresser à leurs collègues de toutes les formations de gauche, afin que soit déposée une motion de censure destinée à porter l’exigence d’un autre gouvernement conduisant une politique correspondant à ce qu’attend vraiment la majorité de la gauche et du peuple de gauche. C’est encore pourquoi nous avons engagé le dialogue avec les initiateurs de l’appel à une ”‘’primaire des gauches et des écologistes’’” ; non parce que l’idée de ‘’primaire’’ serait notre tasse de thé, à nous qui voulons une VI° République déprésidentialisée, mais parce que ce texte tirait comme nous le bilan catastrophique des quatre années passées du quinquennat, parce qu’il exprimait son refus que la gauche soit transformée en champ de ruines, et parce qu’il appelait à un vaste débat sur les contenus d’une politique redonnant aux citoyens les moyens de se faire entendre.
« Voilà, en d’autres termes, pourquoi nous en appelons à présent à un vaste processus d’élaboration d’un socle d’engagements pour un véritable changement, socle sur lequel pourrait se construire une candidature évitant l’élimination de la gauche du second tour de la présidentielle. Une candidature qui refuserait la logique du ‘’moindre mal’’, que voudrait tant incarner François Hollande en demandant aux électeurs et aux électrices de valider une action qu’ils rejettent pourtant, y compris lorsqu’il s’agit de sympathisants socialistes. Une candidature qui, à l’inverse, renouerait avec les aspirations de notre peuple.
« C’est pour commencer à vérifier qu’il en existe bien les bases, afin que les citoyens s’impliquent en grand nombre dans l’élaboration des réponses qu’il importe d’apporter aux urgences du moment, que nous avons pris l’initiative d’une grande consultation populaire, pour laquelle nous nous sommes donnés pour objectif de rencontrer un demi-million d’hommes et de femmes dans les prochaines semaines. Dans la foulée, il s’agira de permettre à tous ceux-là, dans chaque circonscription, de devenir les rédacteurs du mandat qu’ils veulent voir défendre par leurs députés.
« Mes Amis, c’est une bataille de première importance qui va se livrer dans la prochaine période. C’est rien moins que l’avenir qui va s’y jouer. L’avenir de la France, de la République, de la gauche… Nous avons le devoir d’être au rendez-vous.
« J’ai commencé en évoquant le Front populaire. Avant qu’il ne voit le jour, il régnait sur la France un climat de découragement, de démoralisation, de divisions à gauche. En quelques jours, tout cela a cédé la place à une gigantesque vague d’espoir. Aujourd’hui, de nouveau, rien n’est joué et plus rien n’est impossible.
« C’est le grand poète Jacques Prévert qui écrivait alors : ”« Travailleurs, attention. Votre vie est à vous. Ne vous la laissez pas prendre. Socialistes, communistes” – s’il avait vécu de nos jours, il aurait sans doute dit aussi ‘’écologistes’’, ‘’syndicalistes’’, militants ‘’associatifs’’, ‘’citoyens sans appartenance’’ –, ”la main qui tient l’outil ressemble à la main qui tient l’outil.’’” Il voulait dire : la gauche, c’est le peuple, et le peuple, c’est la gauche… Nous le pensons toujours ! »